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Nous y serions

Publié le 10 août 2010 par Hugo Jolly

Nous y serions

Vous rappelez-vous cette banderole «Victory» accrochée sur le porte-avion où George Walker Bush Jr atterrissait en héros dans un avion de chasse? Vous rappelez-vous ses prétentions, interprétées par la machine à propagande bourgeoise états-unienne? Les ADM? L’Axe du mal? Les crimes affreux de Saddam Hussein? Ses liens avec al-Qeada? Et la «Victoire», vite annoncée par Washington?

Nous y serions
Aujourd’hui, en Irak, rien ne va plus et ce sol n’a probablement pas été aussi violenté que depuis les débuts de son invasion, en 2003.  La guerre interethnique n’en finit plus, les luttes de pouvoir s’y multiplient et s’y intensifient. Il n’y avait peut-être pas les Armes de Destruction Massive prétendues, ni de lien entre al-Qeada et le défunt Raïs, mais les risques de carnage annoncés par les pacifistes, eux, étaient bien réels et aujourd’hui, c’est l’Irak et son peuple qui paient l’avidité de la bourgeoisie occidentale. L’Irak s’est littéralement transformé en enfer bien réel, en un bourbier duquel elle ne tirera aucun profit et duquel Washington doit maintenant sortir, sans perdre la face.

Chaque jour y est peut-être votre dernier. Les courses au marché public irakien sont les évènements les plus risqués de votre semaine. Et votre occupant vous assure que tout va bien, alors que vous voyez de vos yeux, quotidiennement, des actes de barbarie perpétrés par de nouveaux escadrons de la mort, du «bon côté» cette fois, enfin dit-on. En mai dernier, 563 morts… Mais tout va bien, le pétrole coule à flot, lui. Même les kurdes indépendantistes n’y sont pas négligés. Mais la contribution civile y est monstrueuse.

Le compte de morts dépasse maintenant le million et ce, chez la portion civile uniquement. Quant aux Armes de Destruction Massive censées se trouver dans ce pays, on en trouve effectivement des traces, mais ce sont celles apportées par l’Occident et non celles d’une Irak en alliance avec le Mal, comme le stipulait le mal incarné lui-même, George Walker Bush Jr. Bien que je ne sois pas croyant, Bush n’a-t-il pas contrevenu, ainsi que ses disciples, aux lois de la Bible sur laquelle ils jurent ironiquement allégeance?

Nous y serions
Le seul mois de juillet fut l’un des plus meurtriers depuis le déclenchement de l’invasion illégale de l’Irak, berceau des nations civilisées pourtant. Et sur les 535 morts répertoriés par les ministères de la Santé, de la Défense et de l’Intérieur, 396 d’entre eux étaient des civils, ce qui ne vient surtout pas démentir les dires selon lesquelles les civils paient un plus lourd tribut que les hommes en armes dans quelconque conflit opposant ces derniers. Sur ce lot, seuls 50 étaient des soldats armés, et 89, des policiers. Et il ne faut surtout pas déconsidérer les 1043 blessés lors du même mois, une donnée qui explique ensuite, les conditions sociales locales et les difficultés du pays à remonter la pente en ce qui concerne…, à peu près tout en fait. Comment soigner les malades, quand les hôpitaux sont jonchés de cadavres, parce que la morgue est aussi pleine? Comment assurer une sécurité publique quand même la police, fait parfois partie du problème? Comment promettre l’eau, le toit, la nourriture, les soins et les autres services quand l’instabilité est une conséquence de la lutte de pouvoir qui se joue en Irak sans dictature établie et que celle-ci n’est pas sur le point de se terminer?

Nous y serions
L’Irak est devenu un véritable enfer, grâce aux États-Unis d’Amérique capitalistes et ses alliés, assoiffés de capital. Sous les prétentions de jouer à la «police du monde» se cachent des faits. Des intérêts. Ceux de la bourgeoisie, de toute évidence. Le pétrole irakien, suite à la mise en place de la dictature amie, fut privatisé. Les politiques étrangères irakiennes sont celles du Pentagone. Les contrats de reconstruction furent octroyés, sans appel d’offre, à des intérêts du pouvoir en place (Halliburton, etc..). L’Irak s’est peut-être débarrassé du Raïs, mais elle s’est embourbée dans une guerre civile, camouflée sous une fausse démocratie.

Et outre ces intérêts particulièrement bourgeois, il faut aussi tenir compte des pertes de soldats «alliés», à qui l’on ment pour user de leur chair. Ces soldats qui meurent, autant les nôtres, ces Canadiens en Afghanistan comme en Irak le font les États-uniens, il faut se rappeler que l’aliénation fait souvent partie de l’équation pour expliquer de tels sacrifices. Donner sa vie pour sauver un peuple, en tuant ce peuple, en y imposant une dictature, en y pratiquant le terrorisme, l’enlèvement, la séquestration et la torture, ça n’a rien d’analogue, je me trompe?

L’Irak est un tel fiasco humanitaire qu’il me vient à l’esprit une constatation soudaine. Quand on y songe, si notre gouvernement conservateur canadien avait été au pouvoir en 2003, ou s’il était majoritaire aujourd’hui, nous y serions, nous aussi, dans ce bain de sang prévisible et prédit par les militants pacifistes qui couvraient les rues du monde entier et sur lesquels crachaient les conservateurs canadiens.



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