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LA BALLADE DU CRACHEUR DE FEU. Elisabeth Hamidane

Par Collectif Ratures // Poésie // Grenoble

 

« Comme un éclat de rire

Vient consoler tristesse »

Damien Saez

Triste archange au paradis des fous

Voilà que nos chants tes cris secouent

Nos braises frayeurs fragiles en chacun

Regrets faussement éteints vivants chagrins

Méchantes sont les heures perdues de chemins en chemins

Tes poèmes pleurent le picaro humain

Ses rêves goulus qui brûlent son gosier chaque nuit

Et ses amours violentes à brûle-pourpoint

Sa voix étranglée par les treize coups de minuit

Cette Méchante que tu nommes putain de belle vie

Vos voyelles mutantes les colorées

Ne sont pas à vendre

Ne cesses-tu de nous rappeler

Nos voyelles, lettres frêles égarées dans le ventre du serpent alphabet, moins extravagantes

Sont à retordre à sophistiquer

Mouillées d’un alcool frondeur dans un savant désordre

Insignifiant anonyme   On fait bander sa plume   Mouiller la rime   Enfin, fuir

Le réel

Et jouir quelquefois,

Et l’on zigzague   Divague   En vogue   La vague   A l’âme

Attendant   L’ascension   L’échafaud   Direction   l’Eternel

Tu sais moi j’ai les ailes exténuées déjà

Un rien de poésie à r’cracher sous la nuée tu vois

Et j’imagine déjà l’épitaphe Mélancolie sous l’oranger surplombant ma stèle

A faire grincer l’étoile qui palpite dans tes flammes

A Toi l’angelot grand diable d’écorché

Ton lamento se répand sur nos ombres qui clopinent sur le pavé

– lavé, l’extérieur nuit, luit –

Brillent les mirettes tende l’oreille à ta musique jets de pierres en poésie

Toi le poète le crieur le loup, résistant l’ancien l’afghan est mort  comme son souvenir en chanson sa petite histoire

Va s’échouant en

Harakiri dans l’enfer des caniveaux

Trou noir et béant, bénissons d’avance nos mémoires

Bouche-bée, et

En chansons ou en talons

Gosier rougis par les pas perdus des femmes errantes, au

Gosier rougis par les treize coups de minuit

Et ta voix, l’ange

Pendant que les vers de baisers mangent nos mines tragiques

Rend au poing levé sa dignité qu’on a vite fait d’enterrer

Dans nos estomacs terreux, un rien cyniques

Vois-tu mon Ange ce qui me dérange

C’est l’insupportable couleur de la douleur

La mienne nourrie des leurs

A ceux-là les pourris les gueules safranées

Grimaces muettes farandoles macabres télévisuées aussi vite enterrées

-   Guerre salope est la paix ses artefacts sans cesse rideau rouge mille fois levé -

Comédies du Vertige au métronome exact

Armes de destructions massives comme milliards de bénéfices en fumée

Mais nos petits intérieurs repus de quelques vertus sont peuples de mignons, grouillant de vices, je sais

Vas-y court sur ma paume comme un cancrelat toi

Ligne ensanglantée, court, et

La courbe équateur fait goguenard le tour de mon coeur

Et repart à la lune  

Et coule ma douleur

Et tourne ma fortune  

Et qui toussote croit étouffer le cri pâteux du chien humain

Mais l’ange est vaillant, à ses heures, poète veillant au grain

Au seuil céleste du grand départ pour l’autre bagne

Donne à la vermine impatiente à bouffer des vers

Car la mort parfois promet d’être moins amère

S’écrit-on en prières en oasis de Cocagne  

Si je ferme les yeux bien forts sans doute ferais-je moins la fière

Dormeuse rêveillée quelle que soit ma patrie je consomme du sommeil noir

Et de la hargne

Poings d’ironie points de suspension

En suspension

Moderne

Comme l’homme-oiseau mon frère dantesque et noir qui ne s’envole qu’en pensée de son triste territoire

Photogénie grotesque de ce mémorable irakien qui me hanterait presque

Quelle que soit ma nuit mes pensées fument en sommeil ivoire

Vas-y bel ange défonce ta voix quant à moi je reprends anonyme ton refrain

J’ouvre grand mes yeux chimères bleues

Et lève ma plume à la dignité de mes frères chiens

Anonymes monstrueux aux culs défoncés à faire pleurer Dieu

Et faire vomir encore quelques bardamus humains

M’agrippant loin de toute pudeur toxique à ton auréole mélancolique

  

Nos voyelles mutantes les colorées

Ne sont pas à vendre

Pour les anges égarés saltimbanques fêlés

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N’aie de cesse de crier

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