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Voir ou vivre un match de football?

Publié le 11 juillet 2010 par Francoisjost

Chaque fois que je regarde un match de football à la télévision - et en ce moment les occasions sont nombreuses - je me fais la réflexion qu’il est vraiment difficile, pour le réalisateur, de satisfaire ces deux désirs du téléspectateur, voir et vivre le match. En effet, il s’agit bien de deux options presque contradictoires.
Pour comprendre les mouvements d’ensemble, la stratégie d’une équipe, pour suivre la construction d’une action, rien de mieux, bien sûr, qu’un plan d’ensemble qui nous présente le terrain comme un jeu vidéo que nous contemplons comme de véritables dieux, supervisant les gestes parfois désordonnés de ces pions qui négocient plus ou moins les mouvements de ce petit point lumineux qu’est le ballon.
Soudain, alors que nous surveillons les actions, un plan moyen pris par une caméra placée derrière le gardien, nous ramène violemment sur terre. Le raccord est tellement brutal qu’il arrive même qu’il nous surprenne une demie seconde et que nous perdions notre sens de l’orientation. Mais ce point de vue à hauteur d’homme nous procure un tout autre sentiment: tout à coup nous éprouvons la distance considérable qui sépare le point de dégagement du joueur qui réceptionne la balle sur la ligne centrale. La facilité déconcertante des passes de 50 mètres vues du ciel deviennent des gestes incroyables, dont nous saisissons d’un coup la difficulté. Alors, nous vivons vraiment ce que peut être la difficulté d’un sport que le mode de retransmission rend facile.
Toute la difficulté de la retransmission d’un match réside dans le dilemme suivant: soit filmer de haut pour faire voir le match au téléspectateur, mais, du même coup, le transformer en jeu vidéo, soit le filmer à hauteur d’homme, et rendre le vécu du joueur, parfois totalement perdu. Qu’il est facile le commentaire du consultant, qui, du haut de sa cabine, jetant un regard panoramique sur le jeu, peut crier à un joueur qui ne l’entend pas “change d’aile!”. La sensation que l’on éprouve quand la caméra adopte le point de vue des joueurs donne une idée des enjeux qui sont les siens à un moment donné. Néanmoins, si tout le match était filmé de cette façon, on n’y comprendrait plus rien.

Le malheur de l’arbitre, c’est qu’il est dans la mêlée, à cette hauteur d’homme, tandis que, sur l’écran du stade, les spectateurs voient le match avec leur regard omniscient. Le vu et le vécu s’opposent alors avec une évidence qui motive toutes les discussions sur l’arbitrage électronique.

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