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«La destruction ordinaire des villes en temps de paix» (1er)

Publié le 11 août 2010 par Maurice Puault

Bonjour,

Bravo pour votre action groupée, pour ce blog et la manifestation du 25 juin qui m’a fait vous rencontrer.

Votre histoire est celle de la rue du Camp. J’espère qu’elle ne se terminera pas de la même

manière.

Après plusieurs rendez-vous dilatoires en mairie, sans jamais avoir la possibilité de rencontrer notre maire en personne (trop occupée sans doute par ses autres fonctions cumulatives), après une pétition réunissant 90% des habitants de la rue en faveur de la préservation des arbres, après des actions de barricade autour des arbres, les tronçonneuses sont entrées en action un matin et nous avons assisté, impuissants, au carnage inéluctable.

Je dis «inéluctable» car nous avons compris ce jour-là que le scénario était écrit sans nous

depuis longtemps et que nous n’étions qu’un petit caillou dans la chaussure de notre maire,

qui, comme tous les édiles modernes, sait parfaitement ce qui est bon pour nous. Notre rue

ressemble aujourd’hui à une artère de lotissement neuf de Seine-et-Marne ; pire, ...à une

projection désincarnée d’urbaniste (depuis deux semaines des herbes folles commencent à

pousser de place en place le long des murs. Nous y voyions un pied de nez de la nature, mais nous savons aussi que les employés de la mairie ne tarderont pas, habillés en cosmonautes, à venir sulfater tout ça à coup de pesticide ; le dessin d’urbaniste doit rester propre.).

Depuis trois ans, de nombreuses rues de Romainville ont été ainsi désincarnées, déshumanisées, semées de ferraille et de «potelets». Nous pouvons suivre chaque mois dans le journal municipal ce roman triste de l’avancée du Moderne, la chronique de la réalisation des rêves subventionnés de nos Attila modernes. Le philosophe Jean-Claude Michéa résume cela d’une phrase :

«La destruction ordinaire des villes en temps de paix».

Prenons des photos de nos rues, rendons-leur hommage, regardons-les encore une dernière fois (je pense à la Villa de Brazza, si jolie lorsque les «sulfateurs» la laissent en paix). Au rythme où1notre maire «travaille», Romainville ne sera bientôt qu’un souvenir de vieux, et les enfants nenous croiront pas.

En découvrant votre blog, les amis, je me mets à rêver d’un lieu comme le vôtre qui offrirait unespace d’échange d’idées aux citoyens romainvillois que nous sommes. On y débattrait de

tout. On prendrait la parole. Non : on re-prendrait la parole. Une parole confisquée par les élus (je peine à écrire «nos» élus), une parole que nous avons perdu l’habitude de défendre.

J’ai observé que je n’ai pas osé prendre la parole lorsque ce projet délirant d’«aspiration des ordures ménagères» a été décidé.

J’ai découvert trop tard aussi le «rachat» du Trianon par BNP Paribas ...pardon, le «nouveau

partenariat pour l’amour du cinéma».


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