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Noblesse oblige

Publié le 12 août 2010 par Ruminances

Posté par lediazec le 12 août 2010

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Mazette, que le temps était beau ce matin. Pas la moindre brise pour bouger les voiles dans la baie. Les aoûtiens longeaient la marina l'air indolent. Le ciel était au bleu, mais pas tranquille. Un ciel breton, comme les artistes peintres aiment à saisir l'humeur pour notre grand bonheur. Le jet continu de voitures traversant le port avec un ronronnement très prenant empêchait de me concentrer sur la série d'émission que depuis plusieurs jours France Culture consacre à Haïti et Saint-Domingue, ou Hispaniola,  découverte lors du premier voyage de Christophe Colomb,  en 1492. Ile magnifique peuplée d’indiens Arawaks qui l’appelaient Ayiti, « la terre des hautes montagnes ». Baptisée la Española, les cartographes ajoutèrent leur touche en écrivant Hispaniola.

L'histoire mouvementée de ces peuples à travers le temps conduit aux tontons macoutes et aux Duvalier père et fils, de sinistre mémoire. Pourquoi, comment et aquabon sont des termes qui viennent à l'esprit pour exprimer ceci : Quand ?… Quand viendra le jour où les hommes le deviendront-ils vraiment ?…

Je change de station. Trop douloureux. L'impuissance dégage parfois des terreurs meurtrières. Que puis-je ?… Que pouvons-nous ?… Un jour, il nous faudra rembourser la dette, cela est un fait qui se profile à l'horizon de l'histoire.

Pas facile de trouver une station radio moins stressante mais quand même  exigeante. Se changer les idées, sans ne rien perdre de sa conscience… Retour à l'actualité hexagonale aux catastrophes et aux prises de bec avec la Une de Marianne. Ralala ! Quel tintouin ! Je coupe tout. Silence radio. Je bosse.

Je gratte. Je ponce. Je bouche. Je dépoussière. Je polis. A midi trente, je range les outils. Direction le Café du Port. L'ambiance est à l'apéro, à la boustifaille et au tiercé. Auparavant, je me suis arrêté chez la marchande des journaux. Mon palpitant s'accélère ! Je me rends compte que je deviens vieux, ce qui n'empêche pas le vagabondage de l'esprit. Elle est belle, la marchande ! Je n'ai pas assez de fric sur moi. Avec ce sourire, j'aurais acheté son stock de revues, et les cartes postales aussi. Plus prosaïque, je me procure le dernier numéro de Marianne. Un geste automatique. Si j'avais seulement regardé la photo de couverture ! La tronche de Sarko !

L'autre jour, alors que je parlais de Sarko au téléphone avec Bernard, de notre répulsion pour le personnage, pour ce qu'il représente, ma femme, qui passait par-là, a lâché : « normal que tu ne l'aimes pas, il ressemble à ton père ! » Sympa, très sympa, ma femme. Vrai qu'il ressemble à mon père et vrai que je n'aimais pas mon vieux. Un facho. Il roulait pour Franco. Alors quand le portrait du nain croise dans ma tête celui de mon vieux disparu, ça fait tilt tout de suite. La chose est assez horrible.

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Ah, Marianne, son titre m'a bien plu. Tellement vrai : « Le voyou de la République ». Quel bordel, mes aïeux ! Aussitôt, levée de bouclier et débats sur débats.  Les partisans des bonnes manières brandissant le chiffon de la morale, une certaine Nadoche-la-murène, Nadine Morano dans le civil, va jusqu'à exiger des excuses publiques de la part du magazine.  Marianne avait le droit de faire le buzz avec une telle brutalité ? Jamais bonne à dire, la vérité.

Relativisons. Nous avons eu à la Présidence du pays des sacrés larrons. Des malins et des pas drôles. Des affaires et du maquignonnage. Mais, rarement, nous avons atteint un tel degré de culot et d'obscénité dans la  manipulation.

Personnellement, le titre de Marianne ne me choque pas, parce que cela est vrai. Parce que cela sonne juste. Que cela fait du bien de voir la presse se faire l'écho de la rue, traduisant de fait ce que le quidam éprouve au quotidien, sans que le gouvernement du pays, président en tête, s'en soucient, puisque, pour eux, les français sont des cons !

Tant pis pour ceux qui pensent que la Présidence mérite le respect. Le respect, ça se montre et ça se démontre. Ça se gagne aussi. Ce n'est hélas pas le cas avec Nicolas Sarkozy.

Et si en vérité il ne s'agissait que d'un voyou, tout simplement ?


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