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Le rêve d'une reconquête

Publié le 12 août 2010 par Careagit
Samedi 7 Aout 2010, 20h15. J’entre dans le stade.
C’est donc ça, le nouveau Parc des princes. Le cadavre du virage Auteuil fait face aux restes encore fumants du Kop de Boulogne. Les virages sont clairsemés, les quarts de virages sont déserts. Le Parc des princes prend des allures de stade de village.
Ils ont conservé Michel Montana. C’est déjà ça. Je me demande bien ce que doit ressentir « la voix du Parc » à ce moment précis, obligé de couvrir le bruit des vuvuzela distribuées aux gamins des hauts de virages. Il ne peut pas être indifférent, lui, adorateur d’un Parc enflammé au rythme des virages.
Il doit être triste. Moi aussi, je suis triste.
Mais en réalité, je suis triste depuis le jour où Auteuil et Boulogne ont cessé de se répondre. Je suis triste depuis que l’identité des virages a grignoté l’identité de mon club, son histoire, son palmarès, ses couleurs. Depuis, il y a eu bagarres, affrontements, morts. Il y a eu des morts.
Mort pour quoi au juste ?
Pour le triomphe d’un virage sur l’autre, pour l’expression violente de combats politiques. Mort à cause de l’emballement, mort à cause de ceux, irresponsables, qui se sont empressés de creuser le fossé au lieu de travailler à rétablir le contact. Mort à cause de moi, de toi, de nous, qui n’avons pas su exprimer la troisième voix, qui n’avons pas su calmer les déglingués.
Ce soir je pense à tout ça. Je pense à Robin Leproux, dont la malchance, ou la chance c’est selon, aura été de tomber dans une période charnière de l’Histoire du Paris Saint-Germain. Face à la mort, R. Leproux, a du prendre des dispositions. Le moins que l’on puisse dire c’est qu’il n’a pas fait les choses à moitié.
Comme un gamin puni, je me complais d’abord dans le caprice. Ouin, ouin, méchant Leproux qui m’a volé mon joujou. Puis, venant le moment de la réflexion, je me dis, amis supporters, que nous l’avons bien cherché. Oh, comme toi, je n’ai rien fait. Je n’ai insulté, je ne me suis pas battu, je n’ai jamais eu la moindre embrouille avec un stadier ou un flic. Qu’importe, nous avons laissé abattre l’identité de notre club au profit de celle des virages et nous accusons désormais Colony et Leproux de tuer l’âme du club ? Où était donc l’âme du club l’an passé ? Planquée quelque part entre les « Virage Auteuil » et les « Kop of Boulogne » ? Enfouillie derrière le casse tête du placement des supporters parisiens au Stade de France lors de la finale de la Coupe de France ? Etait-ce cela, l’âme du club que nous pleurons ? La scission d’un peuple pourtant porté par la même passion ? Soyons sérieux quelques minutes, cela fait longtemps que l’âme du PSG a disparu du Parc.
Alors ce soir, encore une fois assis sur mon strapontin Bleu, j’observe avec consternation le nouveau visage de mon club. Cette Tour Eiffel, censée mesurer l’emballement d’un public endormi me consterne. Parfois, un chant bien connu brise la torpeur. Les têtes se tournent, regards interrogateurs : A-t-on encore le droit de chanter ?
Dans ces quelques secondes de bonheur, à la manière des madeleines de Proust, les souvenirs refont surfaces. Ce temps ou le Parc des Princes vrombissait manque terriblement et risque de manquer toute cette année.
Je sors de ce match heureux du résultat mais triste d’avoir assisté à un cavalier seul des supporters Stéphanois.
2010, année des 40 ans, il est plus que temps que le public du Parc reprenne les reines de son antre. Hier porté par le seul amour du club, notre histoire s’est perdue dans l’attachement immodéré à une tribune. Face à un actionnaire qui privilégie la rigueur a l’investissement sportif, il est temps que les supporters de tous horizons réagissent.
Nous sommes des centaines de milliers à aimer le Paris Saint-Germain. Hier, nous n’étions pas très satisfaits de voir l’image du club salie par les agissements d’une minorité. Aujourd’hui, nous pestons contre la direction, subissons les railleries journalistiques ou les déploiements massifs de force de police. Il est temps. Demain, nous pouvons nous unir pour écrire une nouvelle page de l’Histoire du club et de ses supporters.
Aout 2010, je suis engagé socios du PSG. Avec moi, ils sont 2142 à vouloir se réapproprier le club, son image, son histoire. Nous sommes 2143 à vouloir réentendre les virages se répondre. Nous pesons presque 2 millions d'euros.
La liberté est un concept qui m'est cher.
Donc libre à vous de préférer Germain le lynx.
Le rêve d'une reconquête

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