Dans un sondage CSA sur la perception de la politique de sécurité intérieure (publié aujourd’hui dans Marianne), les Français dressent un bilan très sévère de la politique menée en France en matière de sécurité intérieure depuis huit ans, soit depuis l’arrivée aux responsabilités de Nicolas Sarkozy, en tant que ministre de l’Intérieur puis en tant que président de la République.
Seuls 27% des Français jugent que cette politique s’est avérée plutôt efficace pour lutter contre l’insécurité alors que 69% défendent l’opinion inverse. Même au sein des sympathisants de droite, une majorité juge que cette politique n’a pas permis de lutter efficacement contre l’insécurité (53% contre 72% des sympathisants de gauche).
Dans le détail, les Français estiment très majoritairement que cette politique s’est montrée inefficace pour lutter contre les atteintes aux personnes (à hauteur de 69%), contre la délinquance financière (72%) et contre les violences urbaines (78%).
Appelés à se prononcer sur les éléments qui auraient pu faire augmenter la délinquance en France ces dernières années, les Français pointent d’abord du doigt les inégalités sociales (73%), ce qui est loin d’être ce que pointe l’UMP qui ne cesse de stigmatiser les étrangers.
Vient ensuite la suppression de la police de proximité (suppression que le PS dénonce depuis le début) : plus des deux-tiers des Français (68%) estiment que cette disparition a pu entraîner une augmentation de la délinquance.
Les Français considèrent majoritairement que l’immigration ne contribue en rien à l’augmentation de la délinquance (49% contre 47% qui pense qu’elle peut y contribuer).
Quant à l’annonce présidentielle de déchoir de la nationalité française les personnes d’origine étrangère qui porteraient volontairement atteinte à la vie d’un dépositaire de l’autorité publique ou qui commettraient un autre crime grave, deux semaines après, la majorité des Français (51%) y sont défavorables « car tous les Français doivent être égaux devant la loi quelle que soit leur origine ».
En outre, les trois-quarts des Français sont d’accord avec l’affirmation selon laquelle « Les Français d’origine étrangère sont des Français à part entière »
Enfin, 66% des personnes interrogées estiment que les Français qui s’exilent pour ne pas payer d’impôts en France ne méritent pas la nationalité française (quelques exemples ici). Tous faisant de l’exil fiscal un signe d’irrespect envers le modèle social français et la nationalité française.
Voici donc un nouveau désaveu pour l’exécutif après la condamnation de la France par le Comité pour l’élimination de la discrimination raciale de l’ONU (CERD) qui a dénoncé les dernières annonces présidentielles et le « manque de volonté politique » face à une « recrudescence » des actes racistes en France.
Nicolas Sarkozy va-t-il pour autant cesser l’instrumentalisation politique et la stigmatisation scandaleuse des étrangers et enfin prendre en compte les propositions de l’opposition pour lutter contre la délinquance ? Rien n’est moins sûr.