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Je t’avais dit, tu m’avais dit

Publié le 20 décembre 2007 par Prland

Ce que je connaissais de Jean Tardieu m’avait pour être franc laissé un souvenir assez terne, verbeux, inutilement ampoulé, un peu ennuyeux. Le Lucernaire que j’avais rapidement visité il y a longtemps m’avait semblé d’un autre temps, assurément pas le mien.

En assistant hier à la représentation de Je t’avais dit, tu m’avais dit à 21h30, mes appréhensions ont été balayées d’un coup. En enchaînant des morceaux choisis de l’oeuvre de l’auteur, le spectacle profite de plusieurs atouts au premier rang desquels l’incroyable mise en scène de Christophe Luthringer. Un véritable exploit dans un espace aussi petit. Parmi les autres atouts : l’excellent jeu des acteurs sur une série d’exercices pourtant périlleux, le rythme tourbillonnant qui procure la sensation jouissive de ne profiter que du premier niveau de lecture d’un texte qui en recèle beaucoup plus, la musique omniprésente sous différentes formes parfois inattendues et délirantes ou la folie des costumes aux codes couleurs déclinés des chaussures jusqu’aux bonnets de bain.

Au-delà du quotidien de 3 couples, Je t’avais dit, tu m’avais dit se joue tour à tour de l’incommunicabilité, la quête d’identité, l’infidélité, la passion dévorante, l’intrusion dans l’intimité, la mort, la vie surtout. L’exercice de style relève le génie d’un Tardieu redevenu incroyablement moderne dans son sens de l’absurde et du délire. Il laisse deviner une implication particulière de tous les artistes qu’on pourra vérifier plus tard. 

La salle rouge rénovée et agréablement confortable du Lucernaire participe à faire défiler les 95 minutes du spectacle un peu trop vite. La petite salle incroyablement remplie pour un mercredi soir hivernal est passée de la froideur de circonstance à un bel enthousiasme final devant une bataille de polochon régressive à souhait.

Le restaurant bar du Lucernaire, beaucoup plus grand que dans ma mémoire, accueille vers 23h00 la troupe du spectacle. Le metteur en scène semble ne pas avoir fini de bouillonner d’idées, il raconte le travail -réparti sur 12 mois- de création , les semaines de répétition, les postures de mise en scène abandonnées avant de rejoindre ses acteurs.

L’un des acteurs -Laurent Gérard- prend le relais pour confirmer que le projet est né de l’envie originelle d’un metteur en scène de réunir des acteurs qu’il apprécie. Il relativise la difficulté d’enchaîner tous les jours une “grosse production” (un type dans le genre de Napoléeon au Théâtre Edouard VII) avec une entreprise visiblement plus personnelle. C’est lui qui clôt tous les soirs la pièce en invitant les spectateurs à faire fonctionner le bouche à oreille, dans la vraie vie ou sur Internet. Je réponds à l’appel avec plaisir : laissez-vous (em)porter par le douce folie de Je t’avais dit, tu m’avais dit !

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