Il n’y a pas de mot pour décrire cette grandeur sans mesure, où n’existe plus ni toi ni moi, mais une ample plénitude, en moi qui n’est plus moi, qui n’est ni à l’extérieur ni à l’intérieur.

Tout s’estompe et s’efface comme des fantômes irréels, inutiles et encombrants, ombres sans consistance emportées par le aum de ma respiration.
Seul demeure ce merveilleux vide tissé de plénitude. Mon corps aussi fluide, léger, aérien ; seulement fumée sans densité, une ombre qui se déplace comme un nuage dans l’air. Il peut se mouvoir sans mouvement, en tous sens, s’élever sans effort, sans contrainte. Je le perçois hors de moi, dans cette perspective informelle. Il est inconsistant, désincarné. En quoi suis-je concernée par lui ? Il n’y a pas de Moi, de Je. S’est abolie la distinction entre ce qui est en moi et en dehors.
Seule une large vacuité où se déplace un fantôme de corps évanescent, irréel, qui s’efface et disparaît.
Le Rien qui contient toute chose.
Le Vide qui est plénitude.
Seulement Est.
Denise Desjardins, De Naissance en naissance – Témoignage sur une vie antérieure, La Table Ronde, 1977.