La Constitution de la Vème République française présente la particularité d’instaurer un régime présidentiel, soumettant l’élection du chef de l’Etat au suffrage universel direct. Seule parmi les grandes démocraties la Fédération de Russie s’est dotée d’institutions similaires, le cas des Etats-Unis s’en distinguant nettement en raison de la répartition marquée des attributions entre les états fédérés et l’Etat fédéral d’une part et le Parlement et le Président d’autre part.
L’élection de Mister Président
L’événement quinquennal agite l’opinion. Le grand Barnum du débat d’idées fleurit dans les cafés, au bureau, il s’exacerbe à l’instant du dessert lors des repas de famille. Tandis que les idées de l’un sont frappées sous le sceau de la raison, toutes celles de l’autre se perdent en ineptie. Certains osent s’engager en faveur d’un quelconque faire-valoir, lequel disparaîtra rapidement dans les limbes du jeu démocratique, mais le débat reste binaire, la réponse à chaque problème se drape de blanc ou se voile de noir et l’électeur s’enferme dans une alternative simpliste.
Si malgré cela, l’élection présidentielle connaît un tel succès, c’est pour la raison qu’elle oppose deux personnes entre lesquels le choix se fera certes suivant un certain engagement politique, mais également selon des critères liés à l’image du candidat et plus généralement à la sympathie que l’on éprouve à son égard. Cette véritable Star Academy de la politique passionne, c’est entendu, il ne faut cependant pas oublier que ce n’est pas une belle voiture ou un disque pourri qui récompensera l’élu, mais la quasi totalité des pouvoirs politiques du pays.
Des pouvoirs exorbitants
Les textes n’attribuaient déjà que peu de pouvoirs au Parlement, et plus particulièrement à l’Assemblée Nationale, mais depuis que les deux élections présidentielles et législatives sont concomitantes, que la deuxième ne sert qu’à valider la première, nos pauvres parlementaires peuvent bien sans vergogne se munir d’un oreiller pour mieux sommeiller durant les séances.
S’il le souhaite, le président dicte tout, valide et invalide la moindre proposition. Certes légitimé par le système électoral, le titulaire de la plus haute magistrature peut seul légiférer en passant outre l’avis des députés, faire la guerre, modifier la Constitution, s’octroyer de confortables augmentations, nommer et virer les juges, absoudre des criminels, refuser de se présenter à une convocation judiciaire. Si l’on ajoute qu’en cas de situation exceptionnelle, il peut seul s’emparer du circuit normatif, il y a lieu de s’interroger sur la pertinence de placer de tels pouvoirs entre les mains d’un seul homme. Et si encore il s’agissait de grands hommes !
Un costume trop grand
Si comme on l’entend souvent, les gouvernants ne sont que le reflet du mérite d’un peuple, accablons celui de France qui depuis de longues décennies ne place à sa tête que de viles personnes ou de pauvres personnages sans envergure. La solennité du système électoral ne nous garantie hélas aucunement de ne voir devenir Présidents que des hommes de poids. Le vainqueur bien au contraire, n’est guère qu’un triste carriériste de la politique dont on ne peut vanter que la persévérance.
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C’est désormais au tour de Nicolas Sarkozy de jouer, lui qu’un costume d’employé de banque ou de charcutier nous aurait paru devoir agrémenter plus favorablement les épaules que celui d’un Président. Il n’a de toute évidence aucun projet pour son pays hormis celui de faire du fric, il est désagréable et prétentieux. Rien de très grave cependant comparé à ses prédécesseurs. Son caractère ambitieux et son manque d’intelligence et de raison nous paraissent néanmoins plus ennuyeux au regard des pouvoirs qu’il détient. Alors, avant qu’il ne soit trop tard, nous proposons une refonte totale de nos institutions, sujet que nous aborderons prochainement à notre comptoir.Matthieu