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"De l'Art de filmer le Sexe à l'écran" par Antony Cordier (Happy Few)

Publié le 16 août 2010 par Darkplanneur @darkplanneur

Happy few On va beaucoup parler du film d'Antony Cordier "Happy Few", pour différentes raisons :  Sa réflexion sur le désir dans le couple, mais plus encore sur sa représentation cinématographique du sexe, inspiré par le grand Cronemberg (celui de crash). Un coït en plan large ! Voici un extrait de l'entrevue qu'a donnée l'auteur aux Inrocks, on y découvre une grammaire cinématographie...puissant !

"Ça m'a toujours plu de filmer la sexualité", explique Antony Cordier. Je trouve que la nudité d'un acteur est un spectacle et qu'on peut la donner librement, sans la rattacher à la nécessité scénaristique. On entend souvent les acteurs dire : "Ça ne me gêne pas de tourner nu(e) si ce n'est pas gratuit, si c'est justifié dans le scénario." Je n'ai jamais compris cette façon de penser. La nudité, il faut l'offrir, il ne faut pas la marchander dans la dramaturgie. Comme cette scène dans Sonatine, quand Kitano et la fille descendent vers la plage. Soudain elle s'arrête, elle s'adosse à un arbre et lui montre ses seins. C'est la surprise et la gratuité de la scène qui en fait la valeur érotique."


"On ne fait jamais assez de plans larges dans les scènes d'amour"
Le réalisateur est assez précis quand il s'agit de filmer le sexe. Il entend résister à trois tentations. "La première, c'est le plan serré : par pudeur, on ne fait jamais assez de plans larges dans les scènes d'amour, on essaie toujours de caser off les parties du corps qui gênent. La deuxième, c'est l'ellipse : il ne faut pas essayer de poétiser le montage en esquivant la logique lourde des corps, en cassant la continuité gestuelle ; il faut filmer ce que le sexe a de littéral et de prosaïque pour que ça puisse se sublimer un peu sur la longueur ; de ce point de vue, Cronenberg est le meilleur filmeur de scènes de sexe. Cela n'a rien d'étonnant puisqu'il s'intéresse à la vie et au destin des corps, des membres, des organes. La troisième, c'est le pelotage : j'essaie de toucher les acteurs un peu moins que d'habitude, ce qui n'est pas facile parce que lorsqu'on les dirige on a toujours besoin de poser la main sur eux."
Antony Cordier a été frappé par Crash, où Cronenberg enchaînait cut deux scènes de sexe : "Je voyais là un risque cinématographique excitant. Les spectateurs sont habitués à une certaine dose de scènes d'amour dans un long métrage, c'est bien d'essayer de dépasser la prescription pour que le sexe devienne autre chose qu'un moment excitant dans un film."

Pour Cordier, le haut débit et la banalisation du porno ont libéré les réalisateurs du soupçon de racolage quand ils filment des acteurs nus. Selon lui, de toute façon, c'est le cinéma en général qui est érotique, depuis qu'adolescent, les films qui le fascinaient lui parlaient du monde des adultes.

L'Intégrale de l'article des Inrock


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