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La religion des feuilletons de ramadan : côté business (1/2)

Publié le 16 août 2010 par Gonzo

La religion des feuilletons de ramadan : côté business (1/2)Point de passage obligé à chaque ramadan, y compris pour ces chroniques : les feuilletons, devenus une vraie « religion » pour les téléspectateurs arabes, cette année plus que jamais, avec toujours la même avalanche de productions (voir ce billet pour la situation de l’année dernière) où l’Egypte et la Syrie se taillent la part du lion. En réalité, analyser cette production télévisuelle de ramadan selon les catégories nationales a de moins en moins de sens. D’abord parce que le public des séries les plus importantes (diffusées par les grandes chaînes panarabes ou de toute manière reprise par différents diffuseurs à l’audience plus locale) est plus que jamais celui de l’ensemble du monde arabe, et ensuite parce que toute la chaîne de production, depuis les sociétés de production jusqu’aux acteurs, associe sans la moindre difficulté les compétences en provenance de toute la région.

Plus de 130 millions de dollars auront ainsi été consacrés en 2010, selon cet article (en arabe) dans Al-Quds al-’arabi, uniquement pour la production des feuilletons (d’autres sources vont jusqu’à 150 millions). Un chiffre qui s’explique mieux lorsque l’on sait que le budget des plus grosses productions se compte en dizaines de millions de dollars, en partie en raison des cachets que réclament les vedettes (largement au-delà du million de dollars pour les stars qui, de plus en plus, ne sont pas nécessairement les grands acteurs du cinéma arabe mais plutôt les vedettes – et les starlettes – de la chanson : article en arabe dans Al-Hayat). Au coût astronomique de la production, il faut ajouter toutes les sommes investies dans la publicité pour les feuilletons, notamment dans les bromohât (بروموهات : pluriel de « promo » arabisé), à savoir les clips, dignes des bandes-annonces des films à gros budget, qui s’efforcent d’attirer les spectateurs. Dans la mesure où les produits de l’industrie du feuilleton servent essentiellement à vendre de la publicité, on entre dans une logique infernale où les chiffres ont de quoi donner le vertige (et d’autant plus que l’on jeûne !)

Même si les droits de diffusion peuvent se négocier en dizaines de millions de dollars pour l’exclusivité des productions les plus prestigieuses, le feuilleton-télé de ramadan reste visiblement une affaire extrêmement rentable… On comprend donc pourquoi Tarek Nour, le principal publicitaire égyptien, renouvelle l’expérience de l’année passée lorsqu’il avait inventé une sorte de « chaîne télé jetable », à savoir un canal destiné à n’émettre que pendant le mois de goinfrerie télévisuelle ! D’une manière générale, on constate d’ailleurs que le feuilleton est toujours plus présent dans le paysage audiovisuel arabe au sein duquel se multiplient les chaînes spécialisées dans le drama : Abu Dhabi TV a lancé la sienne au printemps dernier, quelques mois après Cairo Drama qui était venue s’ajouter à la liste déjà longue des Panorama Drama, Hayat Drama et autres Nile Drama…

Malgré la tendance générale à ne regarder cette partie du monde qu’au seul prisme de l’islam, la religion qui y est majoritaire, le business des feuilletons montre bien que les téléspectateurs arabes, durant ce mois sacré, consomment bien autre chose que des images pieuses ! Images pieuses qui, pour autant, n’en sont pas absentes des polémiques, tout aussi rituelles, suscitées par la diffusion de certains feuilletons (à suivre, dans quelques jours… Pensez au fil R)


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