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Grand frère (De nous trois...)

Par Albanlao
Grand frère (De nous trois...)
Tu as beau être la petite dernière, de nous trois, tu es celle qui se bat le plus. Comme dirait Pierre, tu fonces. Sans jamais te retourner. Tu cours vers la lumière, avidement, précipitamment, comme pour ne pas avoir à retomber dans l'obscurité.
Autour de toi, il y a toujours quelqu'un prêt à te faire rire, prêt à t'accompagner, prêt à te faire la fête. Parce que toi, tu ne veux pas penser au passé. Tu préfères foncer.
Ton réseau d'amis, important et chaque jour grandissant, me fait penser à une forteresse.
Celle qui protège. Celle qui renforce. Celle qui fait oublier...
L'obscurité, c'est ton adolescence. Difficile, esseulée, presque négligée.
Te souviens-tu encore de cette période là ? Parce que tu fonces tellement, tellement que je me le demande souvent.
Te souviens-tu combien tu me rendais la vie pénible ?
Et pourtant, j'avais essayé. Sans papa, qui nous avait quittés, j'avais essayé. Sans maman, qui ne pensais qu'à travailler, jusqu' à même aller en Chine, j'avais essayé. Sans Si-Houy, qui était partie étudier en Angleterre, j'avais essayé.
Mais j'avais aussi ma vie de jeune adulte qui commençait, avec tout ce qui allait avec...
De nous trois, et malgré les apparences, tu es la plus fragile. Et même si tu crois que je ne le vois pas parce que tu fonces, tu fonces, la tête baissée, et sans jamais t'arrêter, tu te trompes.
Parce que je suis ton grand frère, et que je t'ai vu grandir...
Parfois, je t'en veux. Pour ton égoïsme. Pour placer tes amis avant la famille.
Mais comment vraiment t'en vouloir ? Comment te reprocher d'avoir construit une forteresse pour te protéger ?
Je ne te le demande pas. Je connais la réponse. Parce que chaque jour je te vois évoluer, chaque jour, je te vois te construire. Alors, je sais.
Je sais qu'aujourd'hui, auprès de Rudy, tu es heureuse...
Mais comme je l'ai déjà dit, un grand frère, ça s'inquiète beaucoup pour ses petites soeurs. Et avec toi, je m'inquiète d'autant plus.
Tu n'as pas la force de Si-Houy, ni mon fatalisme. Et quand on fonce la tête baissée, on risque parfois de tomber de haut. Sauras-tu le cas échéant te redresser ?
De nous trois, tu es aussi la plus gâtée. Toi, tu n'a pas eu à aider les parents à surfiler, à coudre, à faire les boutonnières, à repasser. Toi, tu n'as pas eu de petite soeur à t'occuper. Toi, tu as toujours pu faire ce que tu voulais...
De nous trois, enfin, tu sais le mieux faire face à maman. Peut-être ton côté plus "français" ?
Trois.
Je sais pourquoi maintenant, ce chiffre est si important pour moi, pourquoi il m'obsède autant. Parce que j'ai deux soeurs, et à trois, nous partageons l'histoire et les angoisses de parents trop occupés pour voir leurs enfants grandir...
J'ai deux petites soeurs. Une avec qui j'ai grandi et une que j'ai vu grandir. Elles m'appellent 哥 哥, "grand frère".
Je les aime. À un point tel qu'elles ne peuvent pas imaginer.
Elles sont mon histoire, elles sont ma vie...

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