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Est-on dans les années 30 ?

Publié le 17 août 2010 par Juval @valerieCG

Est-on dans les années 30 ? C’est la question que se posent de plus en plus de personnes face aux futures lois du gouvernement.

Déjà qu’est ce que sont les années 30 ?
C’est évidemment l’après première guerre mondiale avec une Allemagne ruinée et une France qui ne vaut guère mieux. C’est Hitler , le début de la seconde guerre mondiale et la Shoah.

Pourtant la théorisation de l’antisémitisme ne commence pas avec Hitler. Tout le 19eme et le début 20eme, entre Dreyfus, Panama et le Protocole voit des auteurs théoriser sur l’antisémitisme. Citons Drumont pour le plus connu. Cette théorisation répétée, diffusée a permis, de façon insidieuse de souligner qu’il devait bien, tout de même, avoir un problème avec les juifs. Hitler, avec en plus la colère de l’Allemagne face à la défaite, avait donc un boulevard devant lui.
En 1936, un académicien français Louis Bertrand dans un ouvrage consacré à Hitler écrit “et enfin l’hitlérisme ne pouvait pas non plus ignorer que le juif, démolisseur des nations étrangères, n’a jamais pu fonder une nation, qu’il est absolument dénué d’esprit politique et que cependant il aspire à diriger la politique universelle”. Même si Bertrand désapprouve les projets d’Hitler contre les juifs, il pense tout de même que “des mesures spéciales de protection ou de surveillance” soient mises en place.

Et donc ou en sommes nous, en 2010 ?

Économiquement, annonçons l’évidence, nous sommes en crise et nous sommes loin d’en être sortis. Les crises économiques ont toujours suscité la recherche d’un bouc émissaire. Ca sera toujours un peu les juifs, accusés de diriger toutes les banques et d’avoir instauré le capitalisme (notez qu’il y a 50 ans Bertrand disait qu’ils étaient à la solde du marxisme) mais cela sera surtout les immigrés maghrébins, africains, roms.
Pourtant, parce que la question se pose si l’on évoque les années 30, nous n’en sommes pas à ce qu’ont été, au point de vue des mentalités et qui ont préparé la Shoah, les années 30.
Faut-il s’inquiéter ?
Oui. Il y a 20 ans, Chirac parlait du “bruit et de l’odeur”. Cela suscita un tollé que personne n’a oublié. A l’heure actuelle, une phrase raciste en chasse une autre. Toute dénonciation des propos haineux sont déqualifiés, ridiculisés.

Le Pen n’a jamais réussi à pleinement faire passer ses idées dans la société française ; l’énorme réaction en 2002 en témoigne.
Là où Le Pen aura échoué, Sarkozy aura réussi. Il sait et ne veut pas mener une politique économique capable de redresser la France ; augmenter les impôts des plus grosses entreprises, taxer le capital dirais je

;)
n’est pas possible à l’UMP ; c’est être sûr de voir son électorat déserter.
Taxer davantage les classes moyennes et les pauvres va devenir difficile. Le “serrons nous la ceinture en cœur” commence à ne plus fonctionner. Le modèle américain qu’il a tenté de montrer à ses débuts, “si je peux y arriver, vous le pouvez” a fait long feu.
Il restait une solution ; parler de l’insécurité et de l’immigration.
En pleine période de crise, nous avons moins besoin des immigrés qu’il y a 30 ans. Il n’y a pas de croissance donc peu d’emplois à pourvoir. Un discours anti-immigration s’imposait donc là également.

Insidieusement, par petites touches, petites phrases, Sarkozy touche beaucoup de français. Tu n’as pas de travail mais untel touche X milliers d’euros car il est polygame. Le prix des assurances voiture vont augmenter mais les gens du voyage roulent en Mercédès.
Tu cotises toute ta vie mais les roms mendient.

Sarkozy ne trouvera de travail à personne, il ne demandera pas aux assurances de ne pas augmenter les cotisations, on devra travailler plus pour financer les retraites. Il faut bien que cela soit du à quelque chose ? Pourquoi pas aux immigrés au fond.
En lisant chaque jour des milliers d’internautes, je constate que chaque article sur un fait-divers, surtout lorsqu’il implique une personne issue de l’immigration, suscite des milliers de commentaires. Plus que ne le fera jamais un article sur les retraites. Les journaux ont bien saisi le filon et multiplient les articles, auparavant réservés au Nouveau détective.

Il y a quelques jours, trois hommes ont violé une jeune fille. Un article digne de ce nom aurait relevé le nombre de viols en France, en clair aurait élargi son sujet. On n’aura retenu qu’une chose ; ils étaient roms. La violence sexiste est due à l’immigré, l’insécurité est due à l’immigré, le manque de travail est due à l’immigré, la crise est due à l’immigré qui a ponctionné toutes les aides sociales.
Ce genre de discours et vu et revu ; on l’entend depuis 30 ans avec Le Pen. Mais jamais il n’avait pris l’importance qu’il a aujourd’hui. Sarkozy a rendu licite ce qui était illicite ; il a permis aux discours racistes de s’épanouir, même pas forcément parce qu’il y adhère, mais surtout parce que cela lui permet de cacher l’échec de sa politique.
Les extrêmes droites l’ont bien compris. Le Pen explique qu’il vaut toujours mieux l’original à la copie. L’extrême gauche aura perdu Marx pour mieux le laisser à certaines franges ultra nationalistes qui s’en servent pour attirer les classes les plus pauvres, ce que Le Pen a toujours eu du mal à faire avec sa politique favorisant les plus riches.

Alors les années 30, non. Vichy, non. Le début du 20eme oui.


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