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SIDA : La morale censure la campagne de prévention !

Publié le 21 décembre 2007 par Christophe Laurent
Le Bureau de vérification de la publicité (BVP) – dont nous rappellerons ici qu’il s’agit d’une association de professionnels qui s’est donné pour objectif de « mener une action en faveur d'une publicité loyale, véridique et saine dans l'intérêt des professionnels de la publicité, des consommateurs et du public » - a demandé l'arrêt d'une campagne de prévention de l'infection à VIH conduite par l'Institut national de prévention et d'éducation à la santé (Inpes). Cet « organisme d'Autodiscipline de la publicité en France »  comme il se présente lui-même a effet jugé une affiche de cette campagne de prévention « contraire à la décence ».  « L'affiche de l'Inpes représente très crûment deux personnages masculins nus en plein acte sexuel, représentation qui ne serait pas plus acceptable pour un couple d'hétérosexuels », a déclaré Joseph Besnaïnou le directeur général du BVP. L'affiche présente effectivement deux hommes nus sur un lit allongés l'un sur l'autre, vus de dessus, le virus du sida apparaissant en l'arrière plan. Le slogan accompagnant cette image rappelle que « chaque jour en France, quatre homosexuels sont contaminés par le virus du sida. Le sida est toujours là, protégez vous ». Une scène considérée par Joseph Besnaïnou comme de « nature à choquer le public » Le BVP, qui se prononce sur tous les spots publicitaires à la télévision, a validé cette campagne sur le support télévisé car il estime que le public peut dans ce cas choisir de ne pas la visionner en changeant de chaîne, alors que le support par affichage dans la rue oblige les spectateurs à la regarder. Il a mis en oeuvre cette procédure d'intervention après avoir reçu des plaintes. Nous aimerions savoir qui a donc porté plainte. En effet, à l’heure où les journalistes sont mis en garde à vue pour révéler leurs sources, il devrait être facile quels sont ces lobbys capables d’aller à l’encontre d’une campagne de prévention dans le domaine de la santé publique sur un thème aussi important que celui du SIDA ! L'Inpes a heureusement indiqué que s’il avait « pris note de l'observation du BVP », celle-ci « n'a pas de portée contraignante ». L'Inpes va donc poursuivre sa campagne qui prend fin le 30 décembre. Cette campagne visant les homosexuels est, pour la première fois, un peu plus visible par le grand public que les précédentes dans lesquelles les messages de prévention étaient cantonnés à l'intérieur des lieux de fréquentation de cette communauté. Lancée à l'occasion de la journée mondiale de lutte contre le sida le 1er décembre, la campagne repose sur des affiches diffusées dans des bars gays de Paris entre le 3 et le 30 décembre. Des affichettes ont été également diffusées à 10.000 exemplaires, via les adhérents du Syndicat national des entreprises gays (Sneg) et les associations. Selon l'Inpes, 50 affiches ont été placées en extérieur dans le quartier du Marais à Paris. Dans un communiqué, l'association de lutte contre le sida Act Up-Paris a protesté contre l'avis du BVP et a demandé le maintien de cette campagne d'affichage. L'association souligne qu'elle a été « produite par l'Inpes, organe public dépendant du ministère de la santé, et a été le fruit d'un travail collaboratif mené par l'artiste reconnue Nan Goldin et une consultation des associations de lutte contre le sida ». Rappelant que « cette affiche a fait l'objet d'une campagne ciblée et destinée à une communication dans le quartier parisien du Marais et la presse gay », l'association demande au ministère de la santé de condamner la « position de censure » du BVP.   Imaginez que le BVP – sur plainte des constructeurs automobiles - ait décidé que les campagnes publicitaires contre les accidents de la route étaient de « nature à choquer le public » !   Nous voilà donc notre époque : celle où la morale est capable de censurer une campagne de prévention en santé publique.   Au moment même où le Président de la République Française, Nicolas Sarkozy a rendu visite au Pape, cela me rappelle la position de l’Eglise catholique sur la question du préservatif, notamment au regard de la situation pandémique en Afrique. Qui a dit que la religion était importante pour la structuration de notre société ? Pour le moment, les autorités nationales de santé publiques n'ont pas réagi à ce camouflet particulièrement honteux! Voir l'avis du BVP (morale ou censure?)

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