Le Mlc guettait depuis longtemps l’occasion de retarder les élections, le temps de savoir sur quel pied danser et avec quelle musique, tellement que l’album « Bateki mboka » et son rythme « Muana mboka » ont perdu toute actualité. * Aussi surprenant que cela puisse paraître, le Mlc exige la tenue d’une table-ronde préélectorale. Qu’est-ce que telle table-ronde va-t-elle résoudre comme problème ? * Lorsqu’une table-ronde des politiciens s’occupe du calendrier proposé par la Cei, une institution indépendante, que restera-t-il de cette indépendance de cette commission électorale ?
Entre le Mlc et l’Union pour la Nation (UN), qui agit pour le compte de qui ? Apparemment, pour réagir à un événement politique, l’UN n’a besoin d’écouter personne, même pas ses membres influents s’ils en existent encore. C’est la preuve que cette plate-forme n’a plus d’existence en dehors de l’ambition de son coordinateur. Sinon, personne ne comprendrait que ce coordinateur autoproclamé se perde en conjecture sans tenir compte de l’existence de ces membres. Un membre de l’UN se posait la question de savoir si cette plate-forme était devenue un parti politique à la tête duquel trônerait un président qui agit seul.
Le fait que chaque membre de l’UN agit dans son coin, est une preuve du règne de la tour de Babel. Dans cette situation on ne pouvait s’attendre à un engagement fort pour les élections. Le Mlc guettait depuis longtemps l’occasion de retarder les élections, le temps de savoir sur quel pied danser et avec quelle musique tellement que l’album « Bateki mboka » et son rythme « Muana mboka » ont perdu toute actualité.
Un faux prétexte
Le calendrier électoral publié par la Cei est saisi comme une bouée de sauvetage. Se rendant compte qu’il ne peut continuer à rejeter sans arguments valables ce calendrier électoral, le Mlc vient de proposer une solution de désespoir, une preuve de plus de sa peur-panique face aux prochaines échéances électorales. Aussi surprenant que cela puisse paraître, le Mlc exige la tenue d’une table-ronde préélectorale. Qu’est-ce que telle table-ronde va-t-elle résoudre comme problème ? En quoi une table-ronde sera-t-elle une solution à la première revendication de ce parti, à savoir, une prétendue prolongation indue des mandats ?
Lorsqu’une table-ronde des politiciens s’occupe du calendrier proposé par la Cei, une institution indépendante, que restera-t-il de cette indépendance de cette commission électorale ? On peut également se poser la question de savoir à quoi avait servi la composition paritaire. En organisant une table-ronde des politiciens pour mettre en cause le travail de la Commission électorale, ne crée-t-on pas un cas de jurisprudence pour le travail de la Ceni ? Voilà un signe qui ne trompe pas, une preuve que l’opposition congolaise ne s’est pas préparée aux élections. Lorsqu’on tient compte de l’identité des partis qui exigent les négociations, on se rend compte qu’ils se recrutent parmi les produits des négociations politiciennes. En cinq ans d’exercice démocratique, après s’être imposé par les armes, le Mlc de JP Bemba et le Rcd de Azarias Ruberwa, sont incapables de se maintenir par le jeu démocratique.
Négociations : plus jamais cela
Ils veulent par des manœuvres dilatoires ramener le pays au régime des négociations politiciennes avec à la clé le partage équitable et équilibré du pouvoir. On sait comment cela commence. On va en négociation pour organiser le pouvoir, on transforme le cadre créé pour cette fin en un forum pour la conquête du pouvoir. La proposition de telle solution ne peut être que le résultat d’une peur-panique à l’approche des élections au moment où beaucoup priaient pour qu’il n’y ait pas élections. On serait arrivé à la fin du mandat sans lancer le processus électoral, on constaterait un vide juridique et donc une crise politique que les textes qui régissent le pays ne pourraient plus résoudre. On ferait alors un bond dans l’extraconstitutionnel. En publiant son calendrier, la Cei a coupé court à cet espoir. On comprend pourquoi la réaction est vive jusqu’à l’hystérie. Le Mouvement de Libération du Congo (Mlc), présenté comme le parti politique phare de l’opposition, sait que la carte électorale de 2011 ne sera plus celle de 2006. Les dirigeants du Mlc sont donc réalistes en ayant peur du lendemain. Mais ils ont tort de proposer une solution extraconstitutionnelle. C’est étonnant que le Mlc, parti de l’opposition institutionnelle, ne pense même pas à mettre à contribution les institutions qui ont reçu un mandat incontestable et incontesté du peuple congolais.
Coup d’Etat contre la Cei
En proposant l’organisation des négociations politiques, le Mlc voudrait, à l’entendre, éviter une crise politique. A vrai dire, le Mlc cherche à créer de toutes pièces une crise politique. Selon Thomas Luhaka, secrétaire exécutif du Mlc, la crise viendrait du fait que la Cei n’aurait pas mandat de publier un calendrier électoral. Pour démontrer la mauvaise foi et le caractère manipulatoire de la position du Mlc, Thomas Luhaka parle du président de la Cei qui n’aurait pas qualité de publier le calendrier des prochaines échéances électorales. Si tel était le cas, il aurait été plus sincère pour le Mlc d’exiger l’annulation pure et simple de ce calendrier puisque nul et de nul effets. Ou encore, le parti politique de JP Bemba devrait exiger que la Ceni qui sera bientôt opérationnelle, parce qu’il ne reste que la désignation de ses membres, propose un autre calendrier électoral. Lorsqu’on sait qu’une table-ronde pourrait prendre plus de temps que celui qui nous sépare de la rentrée parlementaire qui pourrait résoudre le problème de la Ceni, on comprend que le problème ne réside pas dans la non qualité de la Cei de publier ce calendrier. Le problème c’est que la publication de ce calendrier perturbe le raccourci des négociations politiques en vue du partage du pouvoir.
La déclaration de Thomas Luhaka est une insistance en rapport à la première déclaration de ce parti politique faite le 10 août 2010. Le Mlc avait dénoncé le caractère inconstitutionnel de ce calendrier. Aujourd’hui, étonnamment, le Mlc propose non seulement une solution qui viole la Constitution, mais qui l’ignore purement et simplement. Dans un pays où il y a eu des élections, où il y a un parlement qui fonctionne, recourir aux négociations politiques pour résoudre un problème réglé par des lois connues du pays, est un vrai coup d’Etat contre le pouvoir en place. Dans le cas d’espèce, il s’agit d’un coup d’Etat contre une institution indépendante qu’est la Commission électorale indépendante, qu’elle s’appelle Cei ou Ceni. La Rdc est sortie de la période du consensus pour celle de la confrontation démocratique.
Les Usa soutiennent le calendrier
Séjournant dans la capitale congolaise, la sous-secrétaire adjoint aux Affaires africaines du département d’Etat des Usa, en charge de l’Afrique australe, Susan Page, a exprimé le soutien de son pays au calendrier électoral publié par la Cei et au processus électoral dans son ensemble. Au sujet de ce calendrier, le souhait aurait été de commencer par les locales, mais face aux contraintes, il y a lieu de soutenir le calendrier publié par la Cei.
Selon, Mme Page, son pays est content que la Rdc se soit dotée d’un calendrier électoral. Car, a-t-« elle poursuivi : « Nous allons soutenir le processus électoral, y compris avec le soutien que nous portons à la Monusco ( Mission de l’ONU pour la stabilisation du Congo) et le programme soutenu par l’USAID sur l’éducation civique dans quatre provinces du pays ». Il faut rappeler que contrairement aux dirigeants du Mlc qui attribuent le calendrier rendu public au président de la Cei, il s’agit d’un travail qui tient compte de beaucoup de contraintes. C’est pour cette raison qu’il a fait l’objet de concertation avec les différents partenaires, dont la communauté internationale.
Joachim Diana G.