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Une ruminance citadine

Publié le 19 août 2010 par Ruminances

Posté par Rémi Begouen le 19 août 2010

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Je ne suis pas paysan et j’ignore s’il en existe un seul parmi les rédacteurs et lecteurs de Ruminances, au nom si bovin. Mais, citadin, je suis bien sûr et comme nous tous en contact avec le monde paysan. Au moins en tant que poète et photographe (ah le tournesol érotiquement ouvert, ah le petit piaf qui de son minuscule poids fait fléchir la tige de blé, pour pouvoir y piquer du grain !). Plus encore par quelque vécu à la campagne, dès l’enfance, avec tuerie du cochon et autres joyeusetés : les meilleures étaient, disons, bergères…

Je viens d’entendre (plus qu’écouter) une émission radio, dont José Bové était intervenant. A la réponse d’un auditeur, il rappelait (je ne sais plus les chiffres exacts) qu’une infime minorité de paysans du monde (du Texas à l’Ukraine en passant par la Beauce, etc.) pratiquait une agriculture ‘industrielle’ super-intensive (blé, maïs, soja, etc.), avec une étroite dépendance au pétrole (des engrais aux machines) et aux bourses : bref des hommes d’affaire. A l’autre bout, l’énorme majorité des (vrais) paysans travaillent depuis des dizaines de siècles le sol avec des outils à main (houx, etc.) ou, pour les plus ‘chics’, avec traction animale de charrues (etc.) par ânes, bœufs, chevaux, chameaux… et – dans le pire des cas – esclaves.

Le débat était censé être centré sur nos petits sous de consommateurs, entre producteurs et distributeurs : lait, viande, céréales, légumes… on en veut au moindre coût et à la meilleure qualité, nous les citadins, bien sûr. Et on veut bien – on est gentils ! – que les (vrais) paysans soient heureux de bien vivre de leurs efforts (notamment vers l’agriculture bio) alors que les gros industriels et distributeurs, ces vilains, raflent la mise, en bons capitalistes qu’ils sont…

Ce n’était donc qu’une énième émission sur ce thème récurrent. Mais il y eut l’échappée de José Bové, vers ‘le vrai monde’. En très gros (j’ai pas noté), sur 6 milliards d’humains, moins de la moitié sont campagnards (paysans et artisans) pour nourrir plus que l’autre moitié, citadine. Ce qui était impensable il y a à peine 50 ans…

La misère paysanne entraîne l’exode rural de pire en pire. Cela fait et fera que les grandes cités deviennent monstrueuses (Mexico, Le Caire, Shanghai, etc.) et que les villes hier typiques de leur région deviennent de grandes villes, fières de s’entourer de super-marchés et attentives à cacher la misère sociale. Pour le chaland, le client, le touriste, le friqué : une image de marque ‘concurrentielle’ avec la voisine, qui lui ressemble désormais …

Si l’on ajoute à cette misère paysanne celle du chômage de plus en plus massif des ouvriers, on n’est pas sorti de l’auberge.  L’exode massif des paysans chinois devenant les ouvriers intérimaires de l’usine n°1 du monde, c’est la caricature suprême du capitalisme (bravo le Parti Communiste de ce pays !). Le rappel à l’ordre (car c’est un désordre monstrueux que cet ‘ordre’ des cours de la bourse) ne peut venir que de nous, miséreux des villes et des campagnes, consommateurs écolos et citoyens… et cela s’appelle l’ordre de l’anarchie, où l’on s’organise localement, entre égaux, à produire et consommer, bavarder, chanter, rire, s’aimer : la vie est belle ! Vous préférez la guerre ? : Cela n’a pratiquement pas arrêté depuis 1914, et le Capitalisme, pour ‘survivre à sa crise’, continue à la faire : sur les champs de bataille ou dans la société civile. Misère, misère… on en crève tous… Presqu’un siècle que cela empire…

Oh, je sais, je schématise : la belle vie future, d’après le capitalisme, ce ne sera pas facile à inventer. Il n’y a pas de baguette magique, ni de dogme quelconque.

Mais l’intelligence humaine, sa poésie. Peut-être supérieure un jour, quelque part, à ce redoutable instinct de lucre, d’égoïsme, de cruauté. La Liberté POUR l'Égalité PAR la Fraternité, dit une célèbre devise…à appliquer !


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