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Réforme hospitalière : le poker menteur !

Publié le 21 décembre 2007 par Christophe Laurent
On le savait, le secrétaire général de l’Elysée, Claude Guéant, est investi d’une fonction quasi équivalente à celle d’un premier ministre. C’est à ce titre qu’il mouche les ministres ou secrétaires d’Etat qui ne font qu’ « exprimer une sensibilité personnelle », mais de plus il donne les orientations de la politique générale du Gouvernement au risque non seulement de marcher sur les plates bandes de François Fillon, censé être Premier Ministre, mais aussi de contredire les ministres eux-mêmes. C’est une chose lorsqu’il s’agit potentiellement d’une mise en scène dirigée par l’Elysée lui-même, c’en est une autre lorsqu’il s’agit de questions touchant directement à la vie quotidienne des citoyens français. Or il est manifeste que dans le domaine de la politique de santé, à quelques semaines des élections municipales, on assiste à des couacs de communications dont les élus locaux, notamment de la majorité présidentielle mais pas seulement, vont peut-être faire les frais. Explications au travers d’une divergence de point de vue entre Claude Guéant et Roselyne Bachelot … Cette dernière déclare "La carte hospitalière n'est pas la carte judiciaire", le Blog Citoyen lui répond "réforme hospitalière : poker menteur !"   Ainsi, le secrétaire général de l'Elysée, Claude Guéant incarnant le pouvoir exécutif a indiqué, dans une interview publiée samedi 15 décembre dans le Figaro Magazine que le Gouvernement prévoit d'avoir à traiter des problèmes relatifs à « l'ajustement » de la carte hospitalière. Cette annonce évoque pour les élus locaux concernés une autre carte, judiciaire celle-là, qui prévoit la fermeture pure et simple de tribunaux.   Claude Guéant a rappelé par ailleurs que le Président de la République et le Premier ministre ont demandé à Gérard Larcher d'établir un rapport sur l'hôpital qui sera remis en février 2008.  « Nous savons bien que des problèmes d'ajustement de la carte [sanitaire] se poseront » a-t-il déclaré. Il explique que « ces questions seront traitées avec la volonté d'avoir un système de santé encore plus efficace qu'aujourd'hui, et qui en même temps ne néglige pas la proximité ».  « Ces deux objectifs sont possibles tout en maîtrisant mieux l'équilibre financier du système » a-t-il ajouté. Ces déclarations du secrétaire général de l'Elysée inédites sur le secteur hospitalier s'inscrivent dans la lignée de celles prononcées à différentes reprises par Nicolas Sarkozy, lors de la campagne pour les présidentielles, puis lors de son déplacement au centre hospitalier de Dunkerque en mai peu après son élection, ou encore en octobre au CHU de Bordeaux, à l'occasion de l'installation de la commission Larcher. Le Premier ministre, François Fillon, s'est également exprimé sur le sujet, en particulier sur les coopérations et les regroupements, le 1er décembre, lors de l'inauguration du nouveau centre hospitalier Sarthe et Loir, construit à la suite de la fusion des hôpitaux de Sablé-sur-Sarthe et La Flèche. Ses prédécesseurs à Matignon s'étaient pour leur part peu intéressés à cette question. Nicolas Sarkozy et François Fillon ont évoqué également à plusieurs reprises le problème des heures supplémentaires non payées au personnel hospitalier et des jours cumulés dans des comptes épargne temps (CET). Outre le président de la République, le Premier ministre et la ministre de la santé ou la ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche, d'autres membres du gouvernement s'intéressent aussi au secteur hospitalier, comme le secrétaire d'Etat à la fonction publique, André Santini, qui s'est rendu jeudi aux urgences de l'hôpital Beaujon (Clichy, Hauts-de-Seine), dans le cadre du débat national sur les valeurs, les missions et les métiers de la fonction   De son côté, la ministre de la santé, Roselyne Bachelot, a assuré mercredi soir qu'aucun hôpital ne serait fermé dans le cadre de la restructuration hospitalière, lors d'une émission sur Public Sénat. Interrogée sur les réformes prévues en 2008, Roselyne Bachelot a été questionnée sur la réforme de la carte hospitalière.  Etrangement : « Il n'y a pas de carte hospitalière. Il y a des schémas régionaux de l'organisation des soins - Sros 3 - qui définissent des territoires de santé et à l'intérieur de ces territoires, il y a une cartographie qui indique les zones de fragilité (...) et les établissements qu'il convient de transformer », a répondu Roselyne Bachelot. Certainement, une question de sémantique entre Roselyne Bachelot et Claude Guéant. La ministre a rappelé par ailleurs que la France avait la densité la plus forte d'établissements hospitaliers et les dépenses hospitalières les plus élevées au monde, ce qui laisse entendre à ceux qui décryptent les discours politiques que, au-delà de l’affirmation rassurante de non fermeture d’hôpitaux, il y aura bien des restructurations avec des fermetures de services notamment dans les activités les plus sensibles comme la chirurgie ou les maternités.  « Je ne fermerai pas d'hôpitaux. Je veux les restructurer, je veux les transformer pour qu'ils assurent un meilleur service hospitalier », a déclaré la ministre de la santé. La réorganisation devra donc porter notamment sur les soins de troisième recours, équipés de plateaux techniques, qui devront être manifestement regroupés. Pour les hôpitaux de proximité [ceux-là mêmes pour lesquels les enjeux aux élections municipales seront les plus tendus], la ministre a cité plusieurs exemples de réorganisation : la transformation de lits de court séjour pour personnes âgées, la mise en place de consultations avancées et la création de centres périnatals de proximité, des choix qui au niveau local, faute d’avoir été concertés tant avec les élus locaux qu’avec la population, risquent fort de faire grincer quelques dents de manière beaucoup plus sensible que pour les tribunaux. D’autant que l’histoire de l’hôpital depuis plus de deux siècles montre combien il est enraciné dans le terroir. Gérard Larcher a été chargé de mener une concertation sur les missions de l'hôpital et devait présenter ce vendredi un état des lieux des problématiques et des enjeux permettant de poser les bases de cette concertation que d’aucuns résument sous un titre annonciateur de nuages noir pour la majorité présidentielle « Tribunaux, hôpitaux, trésoreries... ce qui attend les territoires en 2008 » A lire :   « La carte hospitalière n’est pas la carte judiciaire » - Figaro du 20/12/2007 ; « Insertion, dépendance... l'année de tous les grands chantiers sociaux » - Locatis.info ;      

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