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La schizophrénie de l'État protecteur

Publié le 20 août 2010 par Raphael57

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C'est une entreprise publique, société anonyme dont le capital de 76 millions d'euros est détenu à 72 % par l'État. Son chiffre d'affaires s'est élevé à 9,2 milliards d'euros en 2008, et une bonne part de celui-ci a été versé aux finances publiques et à la couverture des risques (il permet notamment de financer le Centre National pour le Développement du Sport, le CNDS). Une enquête interne a montré que ses salariés se montrent à 72 % confiants dans l'avenir de leur entreprise, ce qui est plutôt rare par les temps qui courent. En outre, elle est une des rares entreprises à tenir l'objectif de dédier 10 % de ses embauches en CDI à des personnes handicapées.

Au moment où l'on ne cesse de stigmatiser la prétendue mauvaise gestion des entreprises publiques, quelle est donc cette entreprise qui possède un bilan si reluisant ? La Française des Jeux avec ses 29,2 millions de joueurs en 2008, qui misent moyenne 6 € par semaine. Mais lorsqu'arrive un vendredi 13, une hystérie collective semble prendre forme comme le montre les images ci-dessous :


Télézapping : Le 13 heures atteint de paraskevidékatriafolie
envoyé par lemondefr. - L'info internationale vidéo. Le total des mises est un premier indicateur de la bonne santé financière de ce type d'entreprises. S'il atteint, comme précisé plus haut, 9,2 milliards d'euros pour la Française des Jeux en 2008, il atteint 18,2 milliards d'euros pour les casinos et près de 9,3 milliards d'euros pour le PMU. Néanmoins, un indicateur plus pertinent est obtenu après retrait des gains redistribués aux joueurs : le Produit Brut des Jeux (PBJ). Celui-ci s'élève à 2,5 milliards d'euros pours les casinos en 2008, 3,5 milliards d'euros pour la Française des Jeux, et 2,3 milliards d'euros pour le PMU ! Enfin, mentionnons l'existence d'un indicateur très suivi par les boursicoteurs et qui s'appelle le Produit Net des Jeux (PNJ). ce dernier est défini comme le Produit Brut des Jeux (PBJ) moins les prélèvements fixes ou variables de l'État et des communes. Plus généralement, rappelons que depuis la parution du décret n° 2010-614 du 7 juin 2010, les paris en ligne deviennent légaux sous certains conditions, ce qui met fin à près de 500 ans de monopole de l'État sur les jeux - précisément depuis l'édit de François Premier, le 21 mai 1539. Une Autorité de Régulation des Jeux En Ligne (ARJEL) a dès lors été créée dans le but (je cite) de "mettre en place des moyens de régulation, d’information et de contrôle pour protéger les joueurs, prévenir de l’addiction au jeu et lutter contre la fraude". En résumé, cette autorité donne les agréments aux opérateurs de paris en ligne, afin qu'ils puissent vous plumer légalement. Mais en même temps, sa schizophrénie prononcée la pousse à vous donner des conseils pour ne pas vous ruiner : ainsi peut-on lire que "l’une des missions prioritaires de l’ARJEL est de protéger les publics et notamment les populations vulnérables : les mineurs, les joueurs excessifs et pathologiques". Et ce n'est pas tout ! Chaque site de jeu en ligne doit également indiquer le numéro d’appel de « joueur écoute info service »  (09 74 75 13 13), accessible au prix d’un appel non surtaxé de 8 heures à 2 heures, 7 jours sur 7 ! Enfin, "vous pouvez vous faire rappeler au numéro de votre choix (téléphone fixe ou portable) par un conseiller de joueurs écoute info service”. Et si vraiment, même en faisant vous-mêmes une déclaration au ministère de l'intérieur pour être l'objet d'une interdiction de jeux (article 22 de l’arrêté du 14 mai 2007 modifié), vous ressentez encore le besoin d'un internement d'une aide plus conséquente, on vous communique gracieusement les coordonnées du Centre de Référence sur le Jeu Excessif (DREFAC - Pôle universitaire d’addictologie et psychiatrie). N'est-ce pas l'apothéose de la tartufferie lorsqu'on pense que l'article 7 de la Déclaration universelle des Droits de l'Homme stipule que "Tous sont égaux devant la loi et ont droit sans distinction à une égale protection de la loi" ? Mais que pèse la morale face à 5 milliards d'euros pour les caisses de Bercy en 2009 ?

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