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Crise des « subprime » : le rôle oublié du politique

Publié le 20 août 2010 par Lecriducontribuable

Le film Cleveland contre Wall Street est en salles depuis le 18 août. Il met en scène un procès fictif opposant la Ville de Cleveland aux banques, jugées pour leur responsabilité dans la crise immobilière. Problème : les principaux responsables manquent à l’appel…

Wall Street sur le banc des accusés. Le procès n’a jamais eu lieu, mais une procédure avait été lancée par la Ville de Cleveland contre 21 banques à la suite de la crise immobilière de 2007-2008. Sans suite.

Le cas de Cleveland, Ohio, est singulier. Sur 440 000 habitants, 100 000 ont été expulsés de leur maison qu’ils n’arrivaient plus à rembourser. Soit près d’un quart de la population !

Le réalisateur suisse romand Jean-Stéphane Bron a voulu que le procès ait lieu. Il a donc fait interpréter leur propre rôle par deux avocats, les plaignants, des jurés ordinaires, des témoins à charge et à décharge, et même un juge professionnel.

Compassion obligatoire

Il est difficile de rester de marbre devant la détresse des familles expulsées. Difficile aussi de ne pas être frappé par le spectacle du quartier « Slavic Village », dont les caméras rendent bien la désolation : maisons murées ou transformées en squats, peinture des façades écaillée, intérieurs des maisons dévastés…

Et le spectateur comprend donc bien le désir légitime des familles expulsées de trouver des responsables. Pour Bron, il s’agit des banques, et de « Wall Street ».

Le talentueux avocat de l’accusation, Josh Cohen, fait ainsi défiler tous les protagonistes du drame des expulsions : un policier dénonçant la dureté des prêteurs avec les familles, un agent immobilier pointant à l’inverse leur laxisme dans l’accord des prêts à des personnes insolvables…

Les témoignages sont accablants pour les banques, et l’avocat chargé d’assurer leur défense a toutes les peines du monde à recentrer le procès sur les premiers responsables du désastre.

La vraie origine des crédits « subprime »

Car le rôle joué par l’incitation à l’accession à la propriété par l’État est à peine abordé. Sous la présidence de Bill Clinton, l’État fédéral américain a incité les banques à accorder des crédits à des ménages modestes, en espérant que ceux-ci réussiraient à rembourser leurs emprunts (à des taux très élevés, les fameux « subprime ») grâce à la hausse des cours de l’immobilier. Cette politique a été favorisée par les taux extrêmement bas de la Réserve fédérale américaine, qui encourageaient les banques à octroyer des prêts inconsidérés.

Quand la tendance haussière du marché de l’immobilier s’est inversée, tous ces ménages se sont vus dans l’impossibilité de rembourser leur crédit. Et se sont retrouvés à la rue.

Si l’intention initiale de Jean-Stéphane Bron est louable, il aurait fallu qu’il pousse l’enquête des responsabilités jusqu’aux causes, et celles-ci sont politiques. Mais cela n’aurait pas collé avec son parti-pris manifeste, qui était de faire porter le chapeau aux seuls « marchés ».

Roman Bernard

Pour vous faire une idée, voici la bande-annonce du film :

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