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Et la France dans tout ça?

Publié le 20 août 2010 par Beniouioui

BeniNews est enfin de retour de Géorgie, pays passionnant qui vit un virage à 180° depuis sa Révolution des Roses de fin 2003.

Et comme après chaque voyage, nous revenons avec un champ de vision élargi et des réflexions sur la France.


Que retenir de la Géorgie?

Au-delà de ses paysages à couper le souffle, la Géorgie est intéressante dans le cadre d'une analyse politique qui aurait pour but de répondre à la question suivante : y a-t-il un système politique de développement efficient?

On s'aperçoit que depuis 2003, le président Mikheil Saakachvili fait un travail titanesque et transforme son pays à marche soutenue et quasi forcée.
Renouvellement de tous les cadres pour couper avec le passé soviétique, afflux de capitaux étranger pour réaliser les investissements nécessaires, rénovation de tout le patrimoine religieux pour retrouver un ancrage culturel et spirituel, libéralisation économique, politique (affirmation encore contestable) et sociale pour permettre le développement des talents individuels.
En 7 ans, beaucoup de choses ont été accomplies et le résultat est remarquable. Mais il reste encore des montagnes à escalader et nous ne pouvons pas être sourds aux revendications et aux nombreuses critiques de l'opposition elle-même issue de la Révolution des Roses.

Ce qui interpelle également en Géorgie comme dans d'autres anciennes républiques soviétiques est la difficulté des nouveaux régimes libéraux à faire totalement oublier le passé communiste.
Sous la contrainte d'un régime totalitaire et génocidaire, le communisme avait néanmoins permis aux pauvres de manger à leur faim, de se soigner et de recevoir une éducation. A l'inverse, ce système avait commis l'énorme erreur de sous-estimer le besoin de différentiation de l'individu. L'homme a sa propre identité et a besoin de l'exprimer. En tuant la religion, en créant une société égalitariste, en réduisant l'homme à son travail productif, le communisme a plongé l'homme dans un horrible coma.
Puis la transformation libérale apporta la croissance, permit à chacun de se développer selon son propre chemin, mit à profit les talents individuels pour bâtir l'avenir. A l'inverse, il créa des disparités de richesse et n'eut aucun apport moral ce qui conduisit tous les nouveaux régimes capitalistes à ouvrir des casinos, sexualiser la société, développer l'individualisme et adorer le veau d'or.

Où cette analyse succincte, légère, totalement survolée nous conduit-elle?
Vers la France...

Quel rapport avec la France?

Plus BeniNews voyage, bourlingue, s'aventure, plus nous nous apercevons qu'il y a des incontournables dans les besoins et les désirs de l'Homme.
La France, comme la plupart des pays occidentaux, en est arrivée au point où elle doit retrouver ces incontournables si elle veut permettre à sa population de grandir.

Politique
La France a besoin de sa révolution des roses. Cela signifie qu'elle doit retrouver un élan populaire porteur d'espérance. Cet élan pourra difficilement venir des cadres que nous sommes habitués à voir et devra s'appuyer sur des valeurs fortes. Cette révolution, BeniNews l'a appelé plusieurs dans ce blog la "société de vocation". Le leadership politique de demain devra conduire les citoyens à retrouver leur vocation, ce pour quoi ils sont faits, les talents qu'ils ont à offrir.
Valeurs
La valeur la plus évidente est la liberté. Les lecteurs de BeniNews le savent, nous croyons férocement que la liberté est la valeur essentielle qui nous permet de faire le choix du bien. L'homme a besoin de cheminer, de cultiver ses talents, de faire les bons choix. Et la première des libertés est la liberté de penser, de parler, de croire. Que ce soit à l'intérieur de ses propres frontières ou à l'international, nous pensons que la France de demain devra proclamer son attachement à la liberté religieuse.
La valeur la plus complexe est la charité. La vocation ultime de l'homme est la charité. Cela peut prendre bien des manières et les hommes politiques de gauche, de droite et d'ailleurs se battent sur ce thème. Chacun pense aimer à sa manière. Celui qui en parle le mieux finalement est Benoit XVI dans son encyclique Caritas in Veritate. Justice, altruisme, partage. La charité est cette valeur qui devra pousser le leadership de demain à mettre au premier plan de toutes ses décisions l'intérêt de l'homme à long terme. Cela touche sans doute à la spiritualité...
Spiritualité
En France, il est tabou de parler spiritualité en politique. Ceux qui s'y sont essayés se sont brûler les ailes et ceux qui veulent s'y essayer hésitent encore sur la méthode. Nous pensons que la spiritualité au sens large est une nécessité. Les croyances, les espérances, les fois profondes nourrissent l'âme et nous permettent de voir au-delà de nos intérêts personnels. La foi n'est pas l'opium du peuple, c'est un cadeau. Et ce cadeau a transformé des personnes ordinaires en exemples extraordinaires. La France de demain devra intégrer cet apport inquantifiable des communautés religieuses au bien d'une société aujourd'hui bâtie sur l'économie.
Economie
L'économie est un moteur de développement incroyable. Ce ne sont pas les géorgiens qui nous contrediront. L'investissement, l'innovation, les talents ont fait et continuent de faire avancer le monde et l'humanité. La France de demain devra s'appuyer sur ces forces vives et continuer à nourrir la croissance. Technologie, entrepreneuriat, développement sont essentiels et nécessitent une économie ouverte. Libéralisme est un mot qui a également un sens noble : libérer les énergies. Nous n'avons plus le droit d'hésiter. Mais ce n'est pas pour autant que nous devons baisser les bras quand le marché ne réussit pas à s'auto-réguler ni à partager sereinement les richesses. L'économie peut être libérale et sociale.
Economie sociale
Développer l'économie sociale, c'est croire que l'impact qualitatif a une valeur. ce point nécessiterait un trop long développement mais nous aimerions que le lecteur garde à l'esprit qu'une économie qui s'appuyerait sur l'homme, qui l'impliquerait dans les décisions, qui favoriserait un espace pour la gratuité, qui s'intéresserait à des produits socialement impactants, peut être une économie de croissance. Il n'y a pas dans ces propos une utopie de voir toute la France adhérer à l'économie de communion mais bien un souhait de pousser, multiplier et étendre les initiatives (crédit impôt solidaire, venture philantropy, etc.). Reste que le premier lieu de socialisation, c'est la famille.
Famille et écologie humaine
La famille est un socle sur lequel s'est bâtie l'humanité depuis la nuit des temps. Ce blog en parle souvent, la famille est le lieu d'apprentissage de l'amour. Il arrive que ce lieu faille à sa mission et cela est affreux. Mais la famille reste une institution merveilleuse où se développe la vie. Le mariage n'est ni ringard ni oppressant; il délivre. Il est un roc. Toute politique familiale doit s'appuyer sur ce roc. Toute politique humaine doit également défendre la vie quelles que soient les difficultés. L'homme n'est pas un dieu; il doit redécouvrir la sagesse de l'humilité et la beauté de l'amour. A vouloir satisfaire ce qu'il croit à un instant de déraison être son désir, il plonge dans la désillusion. La France de demain devra avoir une politique familiale respectueuse de la nature de l'homme sans perdre son devoir de charité envers tous.
Développement durable
Cette écologie humaine a un corrélaire que plus personne ne nie : le développement durable. Ce développement durable n'est pas un hochet pour touriste bobo. C'est un souci permanent qui se fonde sur notre devoir de respecter une création qui nous a été confiée et qui nous dépasse. Il y a un sens à la création, ne nous trompons donc pas de direction. Chacun a beau jeu aujourd'hui d'y voir la croissance économique et une nécessité de survie. Il y a toujours de la croissance dans le fait de fournir à l'homme ce dont il a besoin; il y a toujours un danger dans le fait de fournir à l'homme ce dont il n'a pas besoin. Mais ce souci écologique ne peut être uniquement national; il est international.
International
La politique internationale est un vaste sujet. Sans développer, voici quelques idées. Tout d'abord la France doit savoir revenir aux basiques. Les basiques de la France, c'est la francophonie. C'est son impact culturel dont tous les étrangers nous parlent quand on est en voyage. Une organisation a été créée et est aujourd'hui totalement inefficace : l'Organisation Internationale de la Francophonie. Redévelopper l'OIF, c'est remettre la France au centre de sa sphère d'influence. Ensuite que doit dire la France? Nous l'avons évoqué plus haut, la France a des valeurs à défendre. Qu'elle le fasse. Nous pensons qu'il est du devoir de la France de promouvoir avec la plus grande fermeté les valeurs de liberté et de charité dans le monde. Y compris dans sa sphère d'influence qui comprend de nombreux pays arabes qui ne respectent pas la liberté religieuse, notamment chrétienne (Maroc, Algérie, etc.). Cette question de la liberté religieuse est un point crucial dans notre réflexion, car il est au coeur de nombreux problèmes actuels. Des pays incapables d'accepter une contradiction religieuse (apostasie) se dirigent de facto vers un totalitarisme de la pensée qui, confronté à autrui, amène à des violences individuelles ou étatiques. Enfin la France intégrée à une Europe fière de ses racines chrétiennes et n'oubliant pas ses pères fondateurs devra être un artisan de paix. L'Europe a connu la guerre et la haine. Elle fut la première à bénéficier de "l'ingérence humanitaire" avec le débarquement de GIs qui avaient fait des milliers de kilomètres pour venir la sauver. Elle a construit la paix entre frères ennemis. L'Europe a quelque chose à dire.
Éducation et culture
Mais tout cela ne se fera pas en claquant des doigts. Le rôle de l'éducation est évidemment primordial. Les générations actuelles doivent éduquer les générations de demain pour qu'elles fassent mieux qu'elles. C'est d'abord en famille mais ensuite à l'école qu'un enfant, un adolescent et un adulescent doivent apprendre. Ils doivent apprendre à se comporter, à réfléchir, à agir. Ils doivent s'appuyer sur une histoire, sur une littérature, sur des oeuvres artistiques. Ils doivent intégrer une morale et des valeurs. Ils doivent développer leur confiance en eux et leur paix intérieure. Ils doivent être portés par l'espérance d'un peuple qui croit en eux et développer leurs talents. Ils doivent entreprendre et aimer librement. Oui, tout cela ne se fera pas en claquant des doigts et la révolution de vocation devra sans doute s'appuyer sur des gens nouveaux à tous les niveaux.

Il y aurait tant de choses à dire. Les voyages forment la jeunesse, dit-on. Ils forment aussi les adultes.


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