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"Six cent kilomètres de côteaccoudée aux balcons d'Afrique, d'Europe et d'Orient,trois miroirs réfléchissent le même corps.
Silencieux assis dans la chambre des livres-aux murs Marx et le Christ s'ignorent poliment-il tient sur ses genoux l'atlas dont les couleurslui coulent un destin digne de son prénom.
Il grimpe aux échelles des cartes(que reste-il à conquérir?en marge des terres finies. combien d'intervalles encore?)
Dans la blanche Candieun garçon de dix ans embarque chaque joursur tous les paquebotsson île est un oiseau de pierreet son enfanceune cage qu'il brisera comme des rêves."
"Roue immobile des départsd'est en ouest, jour après nuit,j'ai transporté vos paysages.Les archipels de la mémoiresans que j'ai à tourner la têtecreusent votre ombre sur la mer.
Je suis d'ailleurs.Qui ne l'est pas?Le temps se fige sur mes lèvres et brûle tout ce que je tais.
(J'avais quinze ans lorsque mon père, refusant de mourir à Chypre, fut exécuté dans Athènes, seize quand d'une fille en noir, je reçus un baiser d'adieu, mouillé de promesses d'écrire.)
Fuyant pour esquiver mes larmesdans les plis des fuseaux horairesje n'ai semé que des miroirs.
Roue immobile des départsnous voici revenus au portet le soleil n'a pas vieilli."
"Quelque part un oiseau poete mon nom.J'ignore combien il peut couvrir d'espacesjusqu'aux terres du sudqu'il cherche à rallier quand les hivers l'entourent.Migre-t-il?Et si c'était moi qu'il tente de rejoindre?
Si parfois déviés de nos itinéraires,nous glissons dans les mêmes courants,son ombre sur la mermes pas dans les cheminsnous servent de boussole.
Je connaîtrai son coeur si je savais le mien."
-Alexandre Costa Palamas- Les Eperonniers-