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Une page d’histoire ampusianne

Publié le 21 août 2010 par Goure

Noël LIONS, Le Logis, a évoqué ses souvenirs d’enfance relatifs à la Résistance . Voici son récit

“M. ROBERT, suivi de M. HONORAT (maire de Flayosc), membres du Parti communiste, condamnés à mort par le Régime de Vichy après la rupture du Pacte germano-soviétique, se réfugient chez ma mère Aline LIONS au Logis vers la fin 1941. Ils ont progressivement constitué un maquis basé sur le Collet qui domine la route de Tourtour à 800m du Logis (Exactement à l’emplacement du réservoir d’eau qui alimente le village). Composé de jeunes qui refusaient de partir au STO (service travail obligatoire), ils arrivaient par le bus, accompagnés par un “convoyeur”, ils étaient environ une dizaine à la  Libération. Le Logis en est devenu la base logistique, ma mère leur fournissait le pain, acheté à Tourtour chez M. DENANS , transporté par l’âne FRIQUET , piloté par ma grand-mère Jeanne TAXIL (50 à 80 kg par semaine), ils ont même été photographiés par des soldats italiens !. Un troupeau de moutons , gardé par “ROUSTI” permettait de compléter le menu…

Cette situation s’est prolongée jusqu’à la Libération avec les principaux événements suivants:Au cours de l’année précédant la Libération, deux soldats allemands en patrouille,ayant été tués par d’autres Résistants, au carrefour Vérignon-Tourtour, les Allemands s’installent sur le petit collet qui domine le carrefour et occupent le village.

Durant le mois qui a précédé la Libération , deux Résistants , Jean CORNILLE et “MICKEY” sont arretés à Ampus avec des armes. Mickey ayant déclaré  qu’il était ouvrier agricole au Logis , on a vu arriver deux groupes d’Allemands , l’un allant à Marrette chez Mme MARTIN avec Jeannot, le 2° venant au Logis avec Mickey qui recevait des coups de crosse dans le dos.

Ma mère  s’est présentée à l’officier comme veuve de guerre (mon père mort en juin 1940 près de Rouen) .Il lui a demandé de l’accompagner pour la fouille de la maison pendant que ma grand-mère et moi (né en 1933) étions devant le mur à 15 m d’un fusil mitrailleur en batterie devant nous.N’ayant pas trouvé d’arme (alors qu’il y en avait une ), ils sont repartis avec leurs prisonniers (Cornille et Mickey) qui ont été incarcérés à Draguignan.

Pendant la même période un parachutage d’armes était prévu, il n’a pas eu lieu mais nous n’avons pas été surpris de voir arriver un “instructeur américain” parachuté dans la région, vers Draguignan, il a séjourné quelques jours au Logis, le jour avec les maquisards , le soir à la maison. Je me souviens des propos surprenants qu’il m’avait tenus : “Tu verras, quand les Américains vont arriver, tout sera très bien, puis ils vont annexer la France”. En fait, c’était un Allemand qui remplaçait le parachutiste américain, fait prisonnier, pour infiltrer les maquis de la région. Ma mère a appris cela par le capitaine FONTES, chef des maquis FFI de la région , après la Libération , qui , heureusement eut lieu très rapidement.

Quelques jours avant le débarquement ,nous avons vu arriver par le bus une femme “enceinte” , en provenance de Fréjus , qui , après quelques instants passés dans la chambre , avait retrouvé sa ligne…Elle avait autour de la taille plusieurs mètres de ruban tricolore marqué FFI pour constituer les brassards officiels des maquisards authentiques.

Lord de l’arrivée de la tête de pont constituée de quelques chars, les maquisards les ont accompagnés. Arrivés à Ampus, un char a été observé par les Allemands installés sur “château” (actuel chemin de croix), ce qui a déclenché un échange de tirs, stoppé par l’intervention des responsables du maquis.Ayant rencontré le Commandant allemand à la Place Neuve, les maquisards lui ont expliqué que de nombreux chars étaient déployés autour du village, il a alors accepté de se rendre, ce qui a épargné des destructions et peut-être des vies.

Après la mort de mon père, Emilien LIONS, tué au combat en 1940, ma mère a poursuivi la lutte avec beaucoup de courage, mais je pense que la paix revenue , elle aurait été très heureuse d’avoir une arrière petite-fille  franco-allemande Lisa HERZFELD.”

Ecrit par Noël LIONS - août 2010. A l’époque des faits racontés , il était un garçonnet  orphelin ,d’une dizaine d’année . Merci beaucoup d’avoir confié au Toupin ces souvenirs.

Lisez le récit de Mme CHIEUSSE , institutrice : “Ampus pendant la guerre “

Je n’ai pas beaucoup de souvenirs  de la guerre, mais je me souviens très bien qu’une jeune fille réfugiée à Ampus avait été tondue à son retour chez elle (Antibes) pour avoir couché avec un Allemand. Je me souviens avoir été indignée de l’humiliation qu’on lui avait fait subir. Quelle punition avait-on infligée aux hommes qui avaient couché avec une Allemande ? Rien…

Ecoutez Brassens chanter La tondue, une belle chanson de révolte et d’indignation.

Les tondues de la Libération (Wikipedia):”Les tondues sont accusées de « collaborationhorizontale » . Accusées à tort ou à raison d’avoir fraternisé avec l’ennemi (ce fait n’existe pas dans le code pénal français), elles sont tondues en public dans des cérémonies expiatoires que l’on retrouve à l’identique en France, Belgique, en Italie , en Norvège , et, dans une moindre mesure, aux Pays-Bas, au Danemark  La collaboration horizontale désigne les relations sexuelles  qu’ont entretenu des femmes avec l’occupant allemand durant la Seconde Guerre mondiale. Que les relations entre ces femmes et les Allemands soient de nature sexuelle ou pas, la tonte sert souvent d’exutoire pour une population asservie durant quatre ans. Parmi les 20 000 tondues, les vraies collaboratrices côtoient les femmes amoureuses, comme ces femmes qui refusent de quitter leur concubin ou leur mari allemand, lors des évacuations de civils, celles qui n’ont fait que leur métier (prostituées), et des femmes livrées à elles-mêmes durant le conflit et qui ont dû se mettre au service de l’occupant le plus souvent comme lingère ou femme de ménage. Selon Dominique François, ce chiffre de 20 000 tondues n’est qu’une estimation basse, notamment en tenant compte des 80 000 enfants nés de relations entre Françaises et soldats de la Wehrmacht. D’autres auteurs attribuent 100 000 à 200 000 paternités aux troupes d’occupation en France, par exemple : Fabrice Virgilli - Jean-Paul Picaper et Ludwig Norz.


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