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Chers frères, chères soeurs

Publié le 23 août 2010 par Ruminances

Posté par lediazec le 23 août 2010

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Cher frère Arthur,

Permettez-vous que je vous appelle ainsi, moi la brebis galeuse ?  Oui, je le pense, car nous sommes, malgré les chemins empruntés, fils d'un seul et unique besoin : l'urgence.

Urgence d'agir quel qu'en soit l'obstacle. D'être à l'écoute sans jamais se départir du devoir d'agir. Jamais par gloriole, toujours par fraternité, par conviction. Au nom d'un idéal que les pragmatiques prennent pour lubie ou pour douce mélancolie. Un homme debout a son prix et on connait parfois l'excès, tout en lui reconnaissant la valeur humaine, hors églises, hors chapelles.

Je découvre votre déclaration. Nous sommes dimanche et je ne compte plus le nombre de dimanches où j'entends les cloches au loin sans jamais fouler le parvis d'une église. Je ne compte plus les reproches, ni les anathèmes que je lance à votre église, aux croyances, toutes confondues. Je ne compte plus le tic-tac des mystères et des horreurs, je ne retiens qu'un cri, celui d'un humain, comme vous, perdu dans le mensonge.

De la haine ? Pas du tout ! Je pencherai pour un trop plein d'injustice. Dans un monde sourd, crier est une vérité nécessaire. Surtout que vous ne criez pas pour vous même, mais pour les autres, les plus faibles, ceux contre qui l'ignoble s'acharne. Ça, mon frère, vous le savez, nous le savons, et c'est cela votre force.

Vous déclarez ceci : « Le 31 janvier 2008, j'ai eu la surprise, alors que je vivais dans une communauté Emmaüs dans l'Oise, de me voir proposer l'Ordre national du mérite, a-t-il rappelé. Depuis deux ans que je suis à Lille, j'ai trouvé une situation déplorable pour les Roms et leurs enfants. J'ai essayé de les aider et de les aimer. Mais depuis trois mois, c'est une véritable guerre que subit cette communauté. Je déclare forfait. Je n'ai plus de force, si ce n'est pour pleurer. »

Vous n'êtes pas le premier homme à refuser un tel honneur. Vous ne serez pas dernier. Surtout quand l'on sait à quel aliment se nourrit le distributeur de breloques : un macaron en échange d'un silence, voire d'une complicité. Allant jusqu'au bout de votre souffrance personnelle et de vos convictions vous avez demandé à être être « radié de l'Ordre national du mérite. »

Saisi de colère par l'indécence et l'injustice de la société, aveuglé, comme nous pouvons l'être dans certaines périodes de notre vie, vous avez poussé jusqu'au limbes de l'absolu. Vous avez quitté la fonction pour devenir homme, avec ce que cela comporte comme poids et turpitudes. Mais avant, vous avez prié. Longuement, je suppose. J'imagine sans peine le rift existentiel. Après avoir tremblé. Après avoir crié. Après avoir pleuré. Après le silence… Après avoir usé de tous les recours légaux, faisant appel, par le biais d'un courrier, à Brice Hortefeux pour « réveiller un peu de son humanité », vous êtes revenu à la prière… et, logiquement, au péché, car la réflexion vous a permis de comprendre.

Volcan qui se réveille après un long sommeil, vous avez tremblé, vous êtes mis en colère, avez craché votre désespoir et vos maladresses en une coulée incandescente et meurtrière.

En dernier recours vous avez prié « pour que Nicolas Sarkozy ait une crise cardiaque ». Terrible colère !

Depuis cette déclaration, vous vous êtes excusé, ai-je appris. Vous avez bien fait. Car, comme nous, vous savez que souhaiter la mort de son semblable est une défaite pour l'esprit. Surtout la mort d'un tel personnage. Imaginez la postérité qu'il aurait, ce pantin ! Au-delà, vous savez tout aussi bien que nous que ce n'est pas l'individu, si grotesque soit-il, qui fait le système, même s'il y contribue de toute sa force. De toute sa médiocre suffisance.

Comme la haine n'a jamais fait partie de votre bagage - je l'imagine sans peine - je mets votre colère au niveau du désespoir de chacun.


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