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Expression Démocrate : Pourquoi je quitte le mouvement démocrate…

Publié le 22 décembre 2007 par Willy

pourquoi je quitte le mouvement démocrate…


 
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  Par Damien Roets, Maître de conférences des Universités, MoDem 87, adhérent n° 0001114 
 
 

  Au printemps dernier, en adhérant au tout jeune Mouvement Démocrate (MoDem), j’ai fait le pari que pouvait émerger en France une nouvelle force politique, porteuse d’un véritable projet de société et capable d’exister, à terme, entre le PS et l’UMP. Au soir de l’élection de Nicolas Sarkozy, après avoir voté pour François Bayrou au premier tour de l’élection présidentielle, et utilisé le bulletin « Ségolène Royale » au second, il m’est en effet apparu que le seul moyen de ne pas « en prendre pour dix ans » était l’engagement. N’envisageant pas une seconde d’adhérer au PS, cette étoile morte dont les portes sont soigneusement gardées par une armée de notables, je devenais membre, par la magie d’un « clic » de souris, du MoDem. Bien qu’un peu lassé par l’antienne œcuménique du leader centriste – l’œcuménisme n’est pas en soi un projet politique -, j’ai nourri l’espoir que, avec le temps, le « projet démocrate » l’emporterait sur la mise en exergue permanente du dépassement du clivage droite/gauche et que, dans une nouvelle configuration du paysage politique, le débat politique serait assez rapidement organisé autour de trois entités : la « droite », le « centre » - enfin central et indépendant ! – et la « gauche ». Le chemin a priori tracé par François Bayrou me paraissait d’autant plus prometteur que l’entité « gauche » était – est – en pleine décomposition, tiraillée entre une gauche de gouvernement qui ne produit plus d’idées et une gauche radicale qui crois pouvoir s’affranchir du réel. Par ailleurs, j’appréciais, et apprécie, l’homme Bayrou qui, des trois « grands » candidats à l’élection présidentielle, d’une part, a été le seul à disposer d’une pensée propre et cohérente, et, d’autre part, s’est refusé à attirer l’électeur sur le terrain des pulsions.

  Dans la foulée de mon adhésion, vraisemblablement comme un certain nombre d’autres néo-militants issus du monde universitaire, je me suis – très naïvement, sans aucun doute ! – manifesté auprès de François Bayrou et de quelques autres responsables pour leur proposer de travailler, d’une façon ou d’une autre, pour le nouveau parti. J’ai par ailleurs participé au Forum des Démocrates à Seignosse, en septembre, ainsi qu’au récent congrès fondateur du Mouvement Démocrate. Durant tous ces mois, un malaise diffus s’est cependant peu à peu installé en moi, et j’en arrive, aujourd’hui, à cette « démission ».

  Disons-le sans ambages : la stratégie d’alliances « à géométrie variable » du MoDem pour les municipales est à la fois indéfendable et suicidaire. Cette « cuisine » qui consiste à s’allier au plus offrant, avec en ligne de mire le nombre de conseillers municipaux, sera peut-être – ce n’est même pas sûr ! – payante à court terme. A long terme, elle va gravement contribuer à décrédibiliser le discours de François Bayrou et, donc, du Mouvement. Autant l’on peut comprendre le refus de répondre aux injonctions d’un PS à bout de souffle (et des grands médias) demandant aux démocrates d’être ou « de droite », ou « de gauche » ; autant l’idée selon laquelle l’important n’est pas l’étiquette mais le projet est juste ; autant il est incompréhensible de dénoncer – et avec quelle force ! – le projet politique de Sarkozy et, dans le même temps, de nouer des alliances – fussent-elles dénommées « partenariats » - avec l’UMP, ce qui devrait mécaniquement permettre au parti du Président de la République soit de conserver, soit de conquérir des communes - communes que, n’en doutons pas, ledit Président ne se privera pas de mettre à son crédit ! -.

  Le succès du MoDem, à long terme, ne peut (pouvait) passer que par une stratégie claire et systématique d’indépendance. Il fallait profiter de ces élections locales pour commencer à instaurer un rapport de force favorable en vue de répondre, en 2012, à la question des alliances, quitte à disposer, pour les six années à venir, d’un nombre limité de conseillers municipaux. Au lieu de cela, les électeurs ont droit à un salmigondis politicien totalement illisible. Après la mascarade de l’ouverture sarkoziste, est-il vraiment pertinent, pour sauver quelques sièges au Sénat, et, au moins, une présidence de Conseil général, d’ajouter de la confusion à la confusion ?!

  Plus fondamentalement, la question est : peut-on faire de la politique autrement (ce qui, à la lecture de sa Charte des valeurs et de sa Charte éthique, semble être un objectif du MoDem) en utilisant de vieilles recettes ?

  C’est avec regret que je renonce non pas à faire de la politique mais à m’engager en politique. J’ai cru, ou tout au moins espéré, que François Bayrou irait jusqu’au bout de son indépendance proclamée. Je me suis trompé. Je retourne donc à mes chères études, sans renoncer à lutter, d’une façon ou d’une autre, contre la politique d’un Président de la République dont le principe directeur est la cupidité et qui est à l’origine de la création d’un ministère associant honteusement « immigration » et « identité nationale », ce dont les ministres dit « d’ouverture » présents et à venir porteront à jamais, au regard de l’Histoire, la trace indélébile.


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