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Livre : La Parole au bébé

Publié le 22 août 2010 par Do22
Préface Il est aujourd’hui fréquent de parler d’accompagnement à la mort. Il s’agit d’une notion perçue comme de plus en plus nécessaire dans notre société trop souvent déshumanisée. Il est cependant assez surprenant de constater que l’on aborde beaucoup moins -ou d’une façon superficielle- l’accompagnement à la naissance… et au début de la vie. Pourquoi? Sans doute parce que la naissance est globalement vue comme un événement heureux, l’inverse d’un deuil et qu’à ce titre elle ne requiert pas d’attention bien spéciale. On célèbre une arrivée, on pleure un deuil… Rien de plus logique en effet. La petite enfance, quant à elle, elle est -trop- facilement considérée comme insouciante, à cent mille lieues d’une pensée et de son langage. En fait, au-delà de quelques constatations basiques, c’est à peine si l’on commence à se rendre vraiment compte que, pour un fœtus ou un bébé, la venue au monde constitue une transformation radicale, une grosse épreuve qui peut générer sa part de traumatismes. De quels traumatismes parle-t-on? De ceux liés à une mémoire, subtile ou génétique, de ceux occasionnés par une ambiance intra-utérine souffrante ou un accouchement délicat. Traumatismes liés parfois enfin à l’équilibre incertain de la famille concernée. Bien sûr, on affirme savoir tout cela; on accepte en théorie la réalité. Cependant, en y regardant  de plus près, la plupart du temps, on ne prend pas réellement conscience de ce que cela induit, c’est-à-dire qu’on ne mesure pas l’ampleur de ce qui est… et de ce qui se vit. Ainsi, bon nombre de parents et d’éducateurs se trouvent-ils face à des nourrissons ou à des jeunes enfants dont les problèmes de santé ou de comportement paraissent incompréhensibles et, par conséquent, insolubles. C’est sur cette problématique, récurrente dans nos sociétés, que s’est penchée Brigitte Denis, spécialiste en kinésiologie appliquée et périnatale. Forte de nombreuses années d’expérience auprès de couples attenant un bébé, auprès des nourrissons eux-mêmes ou de jeunes enfants, celle-ci pratique aujourd’hui une médecine alternative qui donnent d’étonnants résultats et qui mérite sans nul doute d’être mieux connue. Son art? Elle le définit comme étant celui de « faire sagesse de parler et d’écouter la sagesse de l’être ». C’est là qu’interviennent tout naturellement sa connaissance et sa sensibilité, deux atouts qui lui permettent de donner la parole au bébé -dans le ventre de sa mère ou déjà né- afin de dépister puis de désamorcer ses éventuels problèmes. Une pratique fascinante et salvatrice qui amène également Brigitte Denis à soulager nombre de grossesses difficiles. D’expérience, il lui apparaît désormais certain que beaucoup de maux dont souffre parfois une future mère traduisent les « mots d’inconfort utilisés par l’âme » qui s’apprête à venir par elle. De ce travail incontestablement important sur le plan thérapeutique, il fallait que naisse un témoignage. C’est maintenant chose faite avec la parution de ce livre, un ouvrage où la sensibilité du cœur rime avec une solide pratique « sur le terrain » et une belle finesse d’approche psychologique. Prendre de l’altitude afin d’englober tous les passés de l’être, son présent et son potentiel, percevoir sa direction en dépassant le mental, voilà ce que propose le regard de Brigitte Denis à travers cet ouvrage… Un regard qui témoigne d’un vrai chemin jalonné d’exemples parlants et édifiants. Le suivre dans son itinéraire ne requiert ni croyance, ni philosophie, ni foi… simplement ce qui est décrit comme une « ouverture à un peut-être ». Interprète privilégiée de la solitude méconnue des bébés, à l’écoute attentive des interrogations de leurs parents, Brigitte Denis accomplit là un travail de pionnier d’une indéniable importance. Je ne doute pas un instant que son livre puisse grandement contribuer au mieux-être de notre société… parce que les parents sont les artisans actifs de celle-ci et puisque les bébés et les jeunes enfants en son le devenir. Donner la parole au bébé est assurément un livre dont l’amour sous-jacent et une subtile écoute de l’autre constituent la clef de voûte. En ce sens, il sera un outil précieux pour tous ceux qui veulent mieux décoder et comprendre les rouages de la vie afin de participer à son harmonie. Daniel Meurois-Givaudan   Introduction « La vérité sort de la bouche des enfants. »    « Pourquoi mon bébé pleure-t-il autant? », « Pourquoi se réveille-t-il si souvent chaque nuit? », « Pourquoi ne se calme-t-il pas dans nos bras même si tous ses besoins semblent satisfaits », « Pourquoi refuse-t-il de prendre le sein? », « Pourquoi cet eczéma qui revient tout le temps? », « Pourquoi refuse-t-il tout aliment solide? », « Pourquoi fait-il de si grosses crises en sortant du bain? », « Pourquoi crie-t-il autant pendant que je le change de couche? », « Pourquoi ces coliques mystérieuses qui reviennent tous les soirs? », « Pourquoi est-ce si difficile de sortir une dent? », « Pourquoi est-il si agité? » Pourquoi? Pourquoi? Pourquoi…    Oui, le cœur des nouveaux parents est habité de nombreux « pourquoi », et chacune de ces questions amène son lot d'inquiétude, de tristesse, de colère, de culpabilité ou d’impuissance indicibles qui torturent l’esprit des parents au début important de cette nouvelle relation. Après les quelques premiers mois difficiles, un jour les parents soupirent de soulagement : « Oh! Il est devenu un bon bébé maintenant. » Ouf! Il a enfin arrêté de pleurer ou de réclamer sans cesse les bras de sa mère, mais avons-nous réellement réglé un problème à notre insu? Les crises ont cessé depuis belle lurette, mais leur cause, elle, existe-t-elle peut-être encore... en silence? En observant tant et tant de bébés pleurer, je me suis posée bien des questions : pourquoi a-t-il tant pleuré? Que cachaient ces larmes? Que s’est-il passé en lui durant ces quelques mois pendant lesquels il n’a pu communiquer qu’en pleurant? Pourquoi a-t-il arrêté de pleurer? S’est-il simplement épuisé? S’est-il découragé de ne pas réussir à nous rejoindre, ou s’est-il vraiment apaisé profondément? A-t-il gardé quelque chose du fait de n’avoir pas toujours été bien compris et d‘avoir dû pleurer à s‘en érailler les cordes vocales? Et surtout, surtout, pourrait-on éviter au nourrisson (et aux parents) cette période difficile pendant laquelle le tout-petit n’arrive à se faire entendre qu’en pleurant?    En ce moment, je ne peux que le constater, la parole du petit enfant ne porte pas très loin. Après ses cris et ses pleurs, son silence nous rassure trop rapidement : « Enfin, il s’est calmé », se dit le parent. Il s’est calmé de quoi? Qu’avons-nous entendu de lui? Qu’avons-nous compris de son vrai besoin? Sommes-nous soulagés parce que les larmes sont enfin taries ou parce que nous avons réellement trouvé comment satisfaire son besoin profond de façon juste? N’avons-nous fait que subir ses pleurs sans en comprendre les mots cachés qu’il ne sait pas encore prononcer? Les parents souffrent de ces pleurs qu’ils n’arrivent pas à apaiser. Le nourrisson en souffre lui aussi.    Le bébé fait des efforts inimaginables pour rejoindre ses parents de toutes sortes de façons. Les pleurs n'en sont que la petite pointe de l’iceberg. On ne soupçonne pas tout ce que le nourrisson fait réellement pour essayer de se relier à ses proches et faire connaître ses besoins, et ses tentatives inouïes passent le plus souvent inaperçues. De notre côté, en tant que parents, sommes-nous prêts à apprendre encore, à nous adapter et même à nous transformer et guérir certaines souffrances rendues confortables avec le temps pour mieux le rejoindre? Quel bout de chemin sommes-nous prêts à faire pour réussir à mieux communiquer avec un petit enfant qui ne parle pas encore? Si chacun fait des efforts pour rencontrer l'autre à mi-chemin, cette période ne serait-elle pas plus facile pour tout le monde?    Un adulte qui éprouve le besoin de parler à quelqu'un et de partager ce qu'il ressent pour s'alléger le cœur peut toujours trouver quelqu’un pour l'écouter. Que ce soit auprès d'un parent, un ami, un conjoint, voire même un psychologue ou un service d'écoute téléphonique bénévole, il peut dénicher une oreille et un cœur compatissants. Mais l'enfant d'âge préverbal n'a pas droit à ce même privilège. Le bébé n'a personne à qui se confier pour partager ce qui habite son cœur. Et il en a besoin lui aussi.    Bien sûr, les parents font tout leur possible pour prendre soin de leurs enfants et combler tous leurs besoins. Et ils parlent souvent à leur bébé, parfois même avant sa naissance. Mais si on lui parle et s’il se sent parfois écouté, il ne se sent pas aussi souvent entendu et pleinement compris, surtout lorsqu'il exprime un besoin qui n'est pas physique. Le bébé s'exprime et parle de lui-même et de ses besoins de toutes sortes de façons, mais il pleure si souvent et pour tant de raisons qu'il est difficile de comprendre toutes ses demandes et surtout leurs subtilités. Pleure-t-il pour du lait ou pour qu'on le prenne? A-t-il réellement faim, a-t-il sommeil, est-il en train d’évacuer son stress, a-t-il besoin de compagnie? Ou est-il en train d'exprimer une émotion? Et si c'est le cas, nous dit-il qu'il est triste, en colère, frustré, perdu, qu'il se sent seul, qu’il a peur… ou autre chose? Pas facile d'être compris quand on n'a pas les mots pour se dire. Oui, le monde des bébés est encore bien mystérieux.    Dans ces pages, je partage avec vous ma vision de l'enfant au tout début de sa vie, avant l'âge de deux ans. Je vous livre également mes réflexions sur le sens que peut prendre l'apparition des symptômes physique, psychique, développemental ou comportemental, y compris les pleurs et les maux de la petite enfance. Cette vision de l’enfant préverbal, c’est lui-même qui me l’a fourni, je vous expliquerai comment…    J’ai écrit ce livre en pensant à tous les parents qui viennent en consultation dans mon bureau et à qui, faute de temps, je ne peux répondre à toutes les questions de façon aussi détaillée que je le voudrais; j'essayerai d'apporter pour eux quelques réponses sur ce qui habite les bébés, et sur la façon efficace que j’ai trouvée de mieux les comprendre et les écouter. Je l’ai écrit aussi pour tous les parents qui ont finalement atterris dans mon bureau, après de longs mois de souffrance et de recherche, et qui me disent : « Ah! Si on avait connu ça avant. » Cette phrase que j’ai entendue tant et tant de fois m’a donné le courage de mettre par écrit les bases de mon travail.    Ce livre, je l'ai aussi écrit pour les bébés dont on entend encore peu la parole alors qu'ils crient, pleurent et ont mal si fort, sans les mots, sous leurs maux. Je souhaite que de plus en plus de parents aient le goût de leur donner la parole. Cela peut se faire facilement, en toute simplicité.    Des histoires de cas parsèment le livre. Avec elles, j'ai essayé de montrer de la façon la plus réaliste possible combien le bébé est habité d’émotions et de pensées et à quel point il est possible de lever un pan du voile qui nous masque son monde intérieur si riche, celui aussi de son âme. Ces histoires de cas sont comme des photos instantanées, reflets d'un moment partagé durant une vraie consultation. Bien sûr, pour respecter la confidentialité des personnes qui se sont confiées dans mon bureau, j’ai modifié légèrement la situation, le contexte et les noms. Je me trouve très privilégiée de recevoir ces témoignages de parents, de bébés et de fœtus qui m'ouvrent leur cœur et leur âme. Ce bonheur, je veux vous le faire partager non pas par indiscrétion, mais parce que j’espère que l’exemple d'un petit nombre pourra en aider un plus grand. Je souhaite que plusieurs parents reconnaissent dans les histoires de cas un trait particulier de leur propre bébé afin de suivre un début de piste menant à sa compréhension.    J’ai divisé le livre en trois parties principales. La première présente quels pas nous pouvons faire de notre côté, nous les adultes et les parents en particulier, concrètement, pour rejoindre l’enfant préverbal de façon à comprendre son monde intérieur, et lui faire sentir profondément qu’il n’est pas seul, qu'il a été entendu et que l'on a compris son besoin. J'y décris comment il nous est possible de dialoguer avec l’Être en début de vie et tout au long des deux premières années préverbales en lui donnant littéralement la parole grâce à une approche simple.    La deuxième partie explique comment le tout petit enfant s’exprime avant de pouvoir parler de lui-même avec des mots. Bien sûr, au début de sa vie, le bébé ne maîtrise pas encore le langage verbal, et je ne vous offre aucune technique pour vous enseigner à le faire parler plus tôt. Le nourrisson ne parle pas comme nous, les adultes, au moyen des mots, mais il s’exprime quand même très bien et de multiples façons que nous verrons. Plutôt que de chercher à lui enseigner quelque chose, voyons voir ce que, lui, aurait à nous révéler. Quand on se met à l’écouter vraiment, on peut être surpris.    Enfin, la troisième partie aborde ce dont parlent les nourrissons quand ils s’expriment à leur façon de bébé. Nous verrons ce qu’ils cherchent à nous dire d'eux-mêmes et de leurs besoins. Ce dont ils parlent couvre une large gamme de sujets, et chaque information vaut son pesant d'or. On s’aperçoit alors que l'enfant n’arrive pas au monde vierge, et que ses valises sont bien pleines et souvent trop lourdes aussi. On peut les alléger…    Au cours des âges, l'éducation des enfants et la manière de prendre soin des bébés a été l'un des sujets les plus revisités. Des théories sur les bébés, il en a existé des tonnes, et elles ont couvert toute la gamme des attitudes parentales possibles, de la plus stricte à la plus permissive. Elles ont reflété la société du moment. Mon livre n'échappe pas à ce trait social, et ce que je dis aujourd’hui sera peut-être un jour un peu dépassé. Je souhaite ardemment que cela se produise : cela signifiera qu'il est devenu évident, facile, courant et normal pour tous les parents de donner la parole à leur jeune bébé, tout au long de son quotidien et même avant sa naissance.    Si, au cours de ces pages, je parle des bébés, il ne s'agit pourtant pas ici d'un manuel d'utilisation. Le nouveau-né n'arrive pas dans une boîte avec un numéro de série inscrit dans le dos. Il est un être unique au monde. Et la personne la mieux placée pour nous parler de lui... c’est lui-même. La parole au bébé : oui, pour une fois, au lieu de parler du bébé, une approche permet que ce soit lui qui nous parle de lui-même, de ses besoins et de qui il est au delà de l'apparence du mignon petit bébé.   En guise de conclusion « On a mis quelqu'un au monde, on devrait peut-être l'écouter! » Serge Fiori L’histoire de Philippe qui parlait en mangeant Philippe est né il y a trois jours. Il vient d'arriver chez lui, dans sa nouvelle maison avec ses parents, depuis à peine quelques heures. Il est maintenant au sein depuis trois minutes, et sa mère allongée le contemple en l‘allaitant. Elle est encore ébahie de le découvrir. Il sembe si fragile! Il éveille en elle des sentiments indéfinissables de protection et de tendresse si intenses que son premier lait jaillit en flots puissants. Elle s'étonne de trouver son bébé si petit et si gros en même temps, et elle pense en elle-même : « C'est incroyable, comment arrivait-il à tenir dans mon ventre? » Philippe sait déjà comment téter; personne n'a eu à lui montrer comment faire. Il a faim, et le lait entre à pleines gorgées dans sa bouche. Au bout de quelques minutes, voilà que Philippe ralentit sa succion et s'arrête. Il a cessé de téter activement et ses yeux cherchent ceux de sa mère. Il lève la tête et regarde son visage intensément. - « Allez, mon bébé, bois. Ne t'arrête pas. Je suis sûre que tu n'as pas fini », lui dit sa mère. Mais Philippe continue de fixer sa mère dont le visage est tout près du sien, à une vingtaine de centimètres. Pour lui, la regarder est un moment unique. Il a juste assez apaisé sa faim pour passer à l'essentiel : faire connaissance avec elle. Il l'a si bien connue de l'intérieur, pendant les mois de sa gestation, maintenant il a besoin de refaire connaissance avec elle... de l’autre côté de la paroi utérine. - « Allez Philippe, continue. Tu n’as pas assez bu. Encore, bébé. » Mais Philippe a maintenant complètement lâché le mamelon. Une goutte de lait perle au coin de sa lèvre qu’il oublie même d’avaler tant il met d’efforts à partir à la découverte de ce visage dont émergent des sons et des odeurs qu’il connaît et redécouvre tout à la fois. Il les a côtoyés pendant des mois, et il se délecte de les retrouver. Il met toute sa concentration à essayer de recréer le lien. - « Petit paresseux d‘amour, va! Ne t’arrête pas. Ça allait si bien l’allaitement. Qu’est-ce qui ne va pas? », s’inquiète sa mère. Mais tout va très bien pour Philippe. Il fait ce que tous les bébés aiment tant : dialoguer avec ceux qui leur sont proches. Encore plus que se remplir le ventre de lait, se remplir le cœur de lien, de sens et d’amour passe avant tous les autres besoins, tout de suite après les besoins de base, ceux qui sont physiques, ceux que les adultes connaissent et reconnaissent si bien. Après la naissance, les bébés ne prennent pas plaisir à admirer le décor de leur chambre et ils ne s’extasient pas non plus devant les beaux motifs de leur pyjama ou les gadgets dernier-cri, non, ils cherchent les yeux de leur mère et se repaissent de leur parfum (pas celui acheté à prix fort au magasin, mais bien celui de sa peau). Philippe est en plein dialogue, et sa mère ne s’en rend pas compte. Elle ne s’imagine pas qu’un bébé si jeune puisse déjà être capable de s’exprimer, de ressentir, d’être habité d’émotions et de pensées. Elle est à mille lieues de penser que son jeune fils puisse être capable d’initier un dialogue et souhaiter poursuivre une « conversation ». Elle ne s’imagine pas à quel point c’est vivant dans son nouveau-né. Ce bébé qui ne dit mot, parle pourtant si fort en ce moment… Le rythme d’une tétée est exactement le même que celui d’une conversation entre adultes : je te parle, puis je t’écoute. Quelques minutes de succion puis quelques minutes d’arrêt qui sont une écoute, un temps de parole donné à l’autre, une rencontre, un échange les yeux dans les yeux. Non, Philippe n’est pas en train de paresser. Il travaille très fort : il écoute attentivement sa mère de chaque fibre de son Être, de tous ses cinq sens, plus le sixième. Il la ressent. Il part à sa découverte. - « Maman, réponds-moi, je t’écoute. C’est à ton tour de me parler. Je suis là pour toi », dit Philippe. - « Marco vient! Philippe ne veut plus boire, qu’est-ce qui se passe? Qu’est-ce que je dois faire? Il n’a pas tété assez longtemps. On le recouche, tu crois? », crie-t-elle à son conjoint occupé à leur préparer un repas dans l’autre pièce. Alors que Philippe est tourné de tout son cœur et de tous ses sens vers sa mère et que, de toute son âme, il cherche à retisser les anciens liens d'amour, des adultes, ses parents, simplement mal informés, ne voient que des besoins alimentaires et digestifs... Les deux temps du dialogue    Un dialogue s’inscrit toujours en deux temps. Il faut prendre le temps de l’écoute qui est tout aussi important que le temps du dire. Dès les premiers jours, la bouche du nouveau-né tète et connaît déjà les mouvements du dialogue : parler puis se taire pour écouter avec son âme. Tant de messages en tant de façons différentes! Écoutons le bébé. Il a tant à nous dire. Par des pleurs, des comportements, des maux, des symptômes, des sourires, des mimiques, des gestes, des maladies, etc.    On le sait tous : un bébé met plusieurs mois à apprendre à parler. Si les mots n'apparaissent seulement qu'autour de la deuxième année, ils germent sous la surface depuis plusieurs mois comme une fleur sous l’humus ou comme une dent qui s'est préparée longtemps à l'avance cachée sous la gencive. La parole émerge dès la conception découvrent maintenant les chercheurs. Bien des études se recoupent : on s’aperçoit que l'apprentissage du langage débute dès l'âge fœtal. Oui, si tôt, et cela se poursuit tout au long de la gestation. Dès son plus jeune âge, le bébé tente continuellement de s’adapter à la façon dont les adultes se relient les uns aux autres. Le bébé teste sans arrêt les meilleurs moyens de les rejoindre pour se faire comprendre et se faire aimer, deux assises majeures sur lesquelles sa survie repose. Sa sécurité tant physique qu'affective est en jeu et, pour cette raison, son cerveau fonctionne à une vitesse et une intensité que jamais il n’égalera par la suite. À la lumière de ce que j'entends dans mon bureau de la part des bébés, j'ai compris que lors des premiers mois de leur vie, ce sont eux qui font le plus d’efforts d’adaptation pour rejoindre leurs parents; peut-être parce qu'ils ont plus à perdre que nous. L'enjeu est énorme pour le tout-petit qui vient d‘arriver. Parce qu’il abrite un cœur et une âme… Les parents aux premières loges    Ce sont les parents qui ont la plus grande influence sur l'évolution de l'enfant parce que leur lien débute très tôt. On aura beau mettre en place les meilleurs systèmes scolaires ou leur offrir les meilleurs thérapeutes pour leur rendre la sérénité, c'est de façon très précoce, dès la naissance, dès la gestation -et la préconception si possible- que les parents colorent la destinée de leur enfant. Ils accompagnent non seulement son premier souffle, ses premiers pas et ses premières émotions, mais également sa première étincelle de Vie et de Conscience. Accueillez-la comme un cadeau. Ce sont les parents qui sont aux premières loges pour détecter et combler les besoins de tout son Être, et ce sont eux qui peuvent le mieux soigner les souffrances et les inconforts avec lesquels leur enfant est arrivé au monde ou qui le blessent au début de son parcours terrestre. Ce sont les parents qui sont les mieux placés pour le connaître, l’accompagner, le comprendre et l'aimer. Malgré leur sentiment d'impuissance, ils peuvent faire tant. Mon souhait est que cette responsabilité ne leur apparaisse pas comme un poids ou un fardeau, (encore moins comme une culpabilité lorsque cela va mal), mais plutôt comme une offrande que la Vie leur fait. Médecins, pédo-psychologues, thérapeutes et accompagnants de toutes les disciplines peuvent apporter leur support et leur expertise, mais la plus grande aide que l'on puisse apporter à l’être qui se tient sur le seuil de sa vie est d’aider ses parents à entrer en contact profond et vrai avec lui, avec toutes les réponses qu'il détient, ses réponses à lui et ses solutions propres. On peut accompagner l'enfant et le soutenir, mais non pas se substituer à lui parce qu'il est déjà tellement responsable, capable d’apporter ses réponses, celles qui servent le mieux sa pulsion de vie. Quant aux parents, c'est souvent seulement en toute connaissance de leur propre enfant et de tous les enjeux présents au cœur du problème présent qu'ils peuvent décider que faire pour l'accompagner respectueusement et efficacement. Les parents n'ont pas besoin de faire des études sur les enfants en général, ils ont besoin d'outils pour connaître leurs propres enfants. Le bonheur d'être écouté    Je fais le vœu que tous les bébés puissent ressentir l'immense bonheur d'être écoutés, réellement entendus et bien compris dès le début de leur vie. Je souhaite que de plus en plus de parents prennent conscience de l’immense dimension intérieure de leur enfant -né ou à naître- et sachent l'accompagner de façon consciente durant toute sa vie, pour l'enfant bien sûr, mais pour eux-mêmes aussi parce que « j'ai au fond du cœur l'espoir qu'une connaissance plus grande de soi et de la nature des enfants éventuellement aidera les parents à libérer leurs enfants de névroses. »     Offrons au bébé ce que l'on souhaiterait nous-mêmes recevoir, ce que l'on aurait bien aimé recevoir à son âge et dont le manque peut encore nous faire souffrir : l'écoute de sa Parole. Si nos parents nous ont légué bien de bonnes choses, ne reproduisons pas leurs erreurs. Reconnaître les manques et les souffrances issues de notre enfance ne consiste pas à condamner nos parents qui ont fait ce qu'ils ont pu à ce moment-là, mais à réparer les lacunes encore agissantes... et ne pas les reproduire avec nos enfants. Je termine par une citation du Dr Frédéric Leboyer. Puise-t-elle être votre inspiration pour vivre cette nouvelle relation avec votre enfant : « Il est des choses qui ne s’apprennent pas dans un livre. Fort heureusement le maître est là, comme toujours. Tout est toujours là sous la main si l’on sait regarder. C’est lui qui va vous enseigner, vous instruire à la seule condition que vous soyez modeste, assez simple, assez ouvert pour le suivre. Encore une fois ce maître, c’est le bébé. Oui laissez-vous guider par lui. »  S'il est vrai « qu’il y a plein de chansons d'amours brisés. D'hommes trahis, de femmes détruites. Mais pas beaucoup qui font entendre la voix des enfants endommagés »,  c'est peut-être parce qu’on ne s’imagine pas qu’un nourrisson puisse souffrir autant. On voit la prime enfance encore comme une période idyllique où tout est beau ou, au contraire, que l'enfant peut tout supporter parce qu'il ne sent pas grand-chose ou qu’il ne s’en souviendra pas. Quand on aura vraiment réalisé que le bébé est conscient et semblable à tout adulte, on écrira des chansons sur ce que vivent aussi son cœur et son âme. Et le bébé habité deviendra enfin réel pour tous.   Ce livre est disponible en librairie et sur Amazon. Le site web de Brigitte Denis   .

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