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Marche contre la mal gouvernance : l’opposition sénégalaise appuie sur la sonnette d’alarme

Publié le 23 août 2010 par Podcastjournal @Podcast_Journal

De la place de l'obélisque à la Poste de Médina en passant par la radio télévision du Sénégal, les marcheurs venus nombreux ont voulu exprimer leur engagement et réaffirmer leur responsabilité face à l'état de déliquescence de la gestion de l'Etat. Cette marche de dénonciation a aussi été le lieu de rassemblement des forces de l'opposition engagées dans la lutte pour le départ de Me Abdoulaye Wade du régime en 2012. Les slogans sont on ne peut plus clairs : "Global voice, la nébuleuse de l'année", "Abdoulaye Wade abalniou (mot wolof qui signifie va t-en", "Non à une gestion politique des inondations", "Pour un audit de la Sénélec". A côté de ces slogans, se trouve sur une banderole sans doute le message fort de la marche : "Régime de Wade = inondations, délestages, vie chère, mal gouvernance".
Conduite par les figures de proue de l'opposition sénégalaise Moustapha Niasse, Ousmane Tanor Dieng, Abdoulaye Bathily, qui ont vivement scandé "na dém na démadém (qu'il s'en aille, qu'il s'en aille)" parlant du Président Wade.

Cette opposition qu'on on disait affaiblie par des querelles internes est, en réalité, plus forte et plus soudée que jamais. C'est le sentiment de l'écologiste Aly Aïdar. "Je me réjouis que tous les leaders du Benno soient présents à cette marche". Bien conscients que ce n'est que dans l'unité qu'ils pourront remporter les prochaines présidentielles, les leaders ont compris qu'ils leur fallaient parler le même langage. Ceci est d'autant plus important que les supputations allaient bon train laissant l'opinion publique sénégalaise dans l'expectative. Cependant, les rivalités observées entre jeunes du Benno ne sont pas pour favoriser la bonne entente au sein de cette coalition. Pendant des heures, ils n'ont pas pu s'accorder sur la personne devant lire la déclaration finale. Des affrontements ont failli éclater.

Outre la démonstration de force et la capacité de mobiliser qui constituent l'un des objectifs non déclarés de cette manifestation, le Benno Siggil Sénégal avait-il besoin de convaincre ses partisans après la démission du non moins charismatique leader Talla Sylla ? En créant une autre coalition rivale dénommée "Benno Taxawal Sénégal", a ainsi répandu l'effroi dans le milieu des partisans d'une coalition unique et forte. C'est pourquoi, sans doute, tous les leaders de Benno Siggil Sénégal avait jugé opportun d'être présents à ce rendez-vous pour réaffirmer leur attachement à cette coalition.
On pourrait même dire que c'était une question de survie pour cette coalition. Car, l'un des leaders Abdoulaye Bathily était monté au créneau pour dire "personne ne pourra nous empêcher de marcher". Une façon de dissuader le pouvoir de toute velléité d'opposition à cette marche dont l'itinéraire a été modifiée par lui. Et ce, à la dernière minute.

Réussir l'organisation d'une marche est déjà une prouesse. Mais, l'enjeu réel est de réussir à se mettre ensemble dans la bonne perspective pour gagner les prochaines élections présidentielles. Beaucoup de questions restent en suspens dans la coalition Benno originelle notamment celle de la candidature unique. Sur celle-ci, les leaders doivent se prononcer le plus rapidement pour édifier leurs électeurs. Car, le rapport de confiance s'établit aussi avec un discours sans équivoque.


S'il est aisé de constater que le dialogue pouvoir/opposition n'existe presque plus au Sénégal du fait d'un régime qui a choisi d'être le seul et unique acteur de la démocratie, on peut tout de même comprendre le recours à l'illégalité pour exercer son droit. Surtout quand celui-ci est d'ordre constitutionnel comme la marche. A l'instar d'autres voix de la démocratie, le Benno siggil Sénégal doit réaliser sa mue pour coller aux aspirations du peuple sénégalais.


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