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"Le GIEC est mort ! Vive la science"

Publié le 22 août 2010 par Objectifliberte

Il est toujours difficile de rester objectif lorsque l'on veut parler d'un bon livre écrit par un ami. C'est pourtant ce que je vais tenter de faire, non sans vous avoir préalablement prévenus de ce biais.

Le-GIEC-est-Mort

Drieu Godefridi, co-fondateur de l'institut Hayek - avec un autre Intellectuel remarquable de la nouvelle génération, Corentin de Salle - publie un court mais percutant ouvrage au titre provocateur, "Le GIEC est mort, vive la science", consacré à l'ascension et au déclin du GIEC, dont j'ai déjà souvent parlé ici. Pour ceux qui reviennent d'un séjour prolongé sur Lost Island, rappelons que le GIEC (en Anglais IPCC) est un organisme émanant de l'ONU censé éclairer les gouvernements sur les risques liés aux changements climatiques, et dont les rapports, particulièrement alarmistes, ont inspiré nombre de décisions politiques nationales très coûteuses, comme en France le "Grenelle de l'Environnement".
Drieu Godefridi ne s'intéresse pas à la question scientifique, car il n'en a pas la compétence, mais aux fondamentaux sociologiques et méthodologiques de l'action du GIEC. Bien qu'il n'évoque que très incidemment cette question pour lui totalement secondaire, ce sont les révélations du Climate Gate d'une part, puis des nombreuses libertés prises par les rapports du GIEC avec la rigueur scientifique qu'il était censé incarner (Amazon Gate, Himalaya Gate, Etc...) qui l'ont conduit à s'intéresser à la méthodologie et aux fondamentaux institutionnels qui guidaient cet organisme. Pourquoi en est on arrivé là ?
Sa conclusion, écrite dans un style alerte et inimitable, très accessible malgré la haute tenue des sujets abordés, est que le GIEC ne pouvait pas arriver à un autre résultat que l'édification d'une pseudo-science biaisée dans le sens voulu par les politiciens promoteurs de cette assemblée. Prétendant incarner et dire la science, le GIEC est en fait principalement contrôlé et tenu par des représentants politiques des gouvernements, plus ou moins scientifiquement compétents, les scientifiques qui en font partie n'y tenant qu'un rôle finalement secondaire, malgré l'importance médiatique qui leur est donnée.
Le GIEC produit trois rapports dont seul le premier aurait pu prétendre, s'il avait été produit avec toute la rigueur scientifique que l'on pourrait attendre d'une "synthèse de l'état de la science à un instant donné", à la dénomination de "scientifiquement neutre", puisqu'il s'intéresse aux déterminants physiques du climat terrestre. Mais les seconds et troisième rapports, prétendant à la même qualification, ne peuvent l'être, puisqu'ils impliquent des jugements de valeur tant sur les conséquences d'évolutions de notre climat (rapport 2), que sur l'efficacité de politiques à mettre en oeuvre (rapport 3) pour circonvenir les menaces répertoriées par le second opus.
Drieu Godefridi, en analysant minutieusement tant la composition du GIEC, que son processus de production, et en décodant des exemples de contenus du rapport, démontre que la démarche du GIEC n'est qu'un avatar du "scientisme" politique défini par Auguste Compte et Ernest Renan, prétendant inféoder le politique à la science, mais de facto n'aboutissant qu'à permettre  à des cliques politiques de récupérer la "science", dûment sélectionnée - pour ne retenir que celle qui plait, vérifiée ou honteusement falsifiée - pour avancer des agendas politiques particuliers.
L'intérêt du livre de Drieu est de montrer simplement que le projet du GIEC, loin de représenter "la science", a évolué vers une monstruosité polymorphe, permettant à des dizaines d'intérêts totalement opposés de se saisir de la problématique climatique pour faire avancer des agendas, politiques ou financiers, qui ne sont pas  convergents, mais pouvant au final permettre l'établissement d'une société où des scientifiques cocufiés par les politiques serviraient de caution à la mise en place de régimes ou élites financières et politiciennes "coordonnent", "dirigent" et "planifient" une société conforme aux désirs de la clique dominante du moment.
Que les tenants de la théorie du complot ne se réjouissent pas, car ils en seront ici pour leurs frais: le GIEC, tel que Drieu Godefridi le déconstruit, n'a été que l'instrument donnant à des opportunistes, en son sein ou à sa périphérie, des opportunités d'améliorer leur situation politique ou matérielle à un moment donné. Les travaux du GIEC ont entre autres permis à tous les déçus de la défaite idéologique cuisante du communisme de trouver le moyen de tenter de prendre une revanche qu'ils auraient voulu étincelante sur ce capitalisme qu'ils honnissent malgré tout ce qu'il a pu apporter à l'humanité depuis trois siècles.
L'instrument plait tellement que malgré sa relative déconfiture (peut être pas tant que cela perceptible dans les médias français, mais réelle dans de nombreuses autres parties du monde) en terme de prestige et d'autorité, la plupart des gouvernements semblent prêts à rééditer l'expérience en créant un "GIEC de la biodiversité", dénommé IPBES.  Une absurdité, selon l'auteur, qui n'aboutira qu'à donner encore plus de possibilités aux dirigistes de tout poil d'imposer à l'humanité une société gérée selon leurs désirs.
L'approche originale de Drieu Godefridi, en évitant volontairement les aspérités scientifiques et le côté "fait divers" des différents "GIEC-gates" qui ont émaillé la fin de l'année 2009 et le début de l'année suivante, permet de mieux comprendre les mécanismes de ce formidable détournement de science qu'a été la promotion du mythe du réchauffement climatique anthropogénique par le GIEC.
Bien que, vous l'avez compris, je recommande chaleureusement la lecture de cet ouvrage, dont les 117 pages se lisent d'une traite, je lui ferai cependant deux reproches.
Le premier est un titre trop optimiste: la bête n'est pas morte, seulement blessée, et elle remue encore, et nulle doute qu'il y aura de grands efforts faits pour la ressusciter. La seconde est la relative faiblesse de la partie "leçons pour l'avenir", bâclée en une seule page, sans aucune des qualités de profondeur que l'on retrouve dans le reste de l'ouvrage. Mais cela laisse à Drieu l'opportunité d'y revenir dans un approfondissement ultérieur.
Mais il n'en reste pas moins que la lecture de ce type d'ouvrage, véritable leçon de philosophie adressée aux scientifiques, est salutaire. Et la morale est cruelle pour les scientifiques: dans cette affaire, les politiques n'auront rien perdu, alors que la réputation des scientifiques risque d'être souillée, alors que la responsabilité de la débâcle du GIEC échoit prioritairement, de façon évidente, aux politiques. Aux scientifiques qui ont vu dans le GIEC l'opportunité de faire envoler leur carrière, Drieu Godefridi rappelle qu'il faut craindre les politiques, surtout lorsqu'ils font des cadeaux.

"Le GIEC est Mort, Vive la science", Drieu Godefridi, 2010, ed. Texquis, 16€. Site du Livre.

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Lire également :

Je me suis fait plus discret sur ce sujet depuis avril, crise financière oblige. J'essaierai d'y revenir prochainement.  

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