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Flying Saucers Rock'n'roll (3)

Publié le 25 août 2010 par Zebrain
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Le courant passe nettement moins bien du rock'n'roll vers la science-fiction. Il faut attendre la fin des années 60 pour voir un groupe rock occuper le devant de la scène dans « Le Grand Flash » (1969) de Norman Spinrad et, si Le Programme final de Michael Moorcock, qui met en scène le personnage de Jerry Cornelius, peut être considéré comme un roman imprégné de l'esprit du swinging London, la musique y est toutefois réduite à la portion congrue. Quelques années plus tard, Moorcock s'attaquera plus directement au sujet avec « Un chanteur mort » (1974). Dans le même ordre d'idées, Gregory Benford publie un peu plus tard « Doing lennon » (1975) — avant la mort de celui-ci, toutefois — et Michael Swanwick « « The Feast of St. janis » (1980).

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En France, la « génération électrocutée » du milieu des années 70 donne naissance à plusieurs textes liant SF et rock. Le plus frappant est sans doute « Rock Resurrection » (1975) de Joël Houssin, qui n'est pas sans posséder une certaine parenté avec « Le Grand Flash ». Du même Houssin, Locomotive Rictus (1975) peut être considéré comme l'un des rares livres authentiquement heavy metal jamais publiés. De son côté, Christian Vilà, avec qui il  aréuni l'anthologie Banlieues rouges (1976) — tout un programme —, pubie un roman punk intitulé Sang futur (1977) ; signalons également que la nouvelle de Vilà dans Banieues rouges, « Les derniers jours de mai », empruntait son titre au Blue Öyster Cult. On pourraitégalement citer « Suicide d'une pop star » (années 70) de Dominique Douay), un texte expérimental qui fait honneur à son titre, mais le premier grand roman français mêlant le rock et la SF ne paraîtra qu'au début des années 80, avec le frénétique Furia ! où Jean-Marc Ligny revisite la mythologie qui s'est eu à peu développée autourdu rock.

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Tous ces auteurs baignent dans une ambiance où, comme le dit Pascal J. Thomas, l'on pouvait compter « au nombre de [ses] certitudes adolescentes celle d'une communauté culturelle entre science-fiction et rock'n'toll ». L'existence de pages consacrées au rock dans les revues de SF — comme « Rock'n'troll » de Patrick Eudeline dans Galaxie — et la présence des rubriques SF et rock dans des supports liés à la contre-culture, tant Actuel que la myriade de petites publications parallèles de la première moitié des années 70, permettat en effet dele penser, de même que l'meploi d'une imagerie et de thèmes science-fictifs par de nombreux artistes, de Genesis (« Get 'em Out by Friday », 1972) à Tangerine Dream et de David Bowie (The Rise and Fall of Ziggy Stardust and the Spiders from Mars, 1973) à Gérard Manset, qui signe avec La Mort d'Orion (1969) une œuvre remarquable, quoique fort éloignée du rock proprement dit. Considérées comme deux subcultures venues d'Outre-Atlantique — et ce, en dépit que les racines de la SF se trouvent sur le vieux continent — science-fiction et rock'n'roll se retrouvent réunis sous le même chapeau contre-culturel, d'où un feeling particulier chez les auteurs français lorsqu'ils associent les deux.

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Pendant ce temps, en Angleterre, Michael Moorcock a gravé un disque avec son groupe Deep Fix, écrit des textes pour le Blue Öyster Cult et participé à plusieurs albums de Hawkwind, des allumés qui s'habillent comme des personnages de romans de SF et dont les concerts sont l'occasion d'un light show tout à fait spatial. Au même moment, la SF est à l'honneur dans les pochettes de Roger Dean pour Yes (Yessongs, 1973) et Uriah Heep (The Magician's Birthday, 1972), les groupes de Krautrock tels que Can, Amon Düül II, Asha Ra Tempel ou bien entendu Kraftwerk y font abondamment référence, de même que ceux de rock progressif, comme les Français de Pulsar (« Pulsar », 1970) ou la joyeuse bande franco-anglaise de Gong, réunie autour de l'Australien Daevid Allen (Flying teapot, 1973 ; Angel's Egg, 1973 ; You, 1974).

Roland C. Wagner

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