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Un "mini-traité" pour une maxi-mascarade démocratique

Publié le 23 décembre 2007 par Fares

A propos du TCE
Comme une majorité de français, il y a deux ans j'ai voté contre le projet de constitution européenne. Européen convaincu que je suis, j'étais totalement persuadé de voter pour, jusqu'à ce que je me décide à me plonger dedans et à rechercher des informations contradictoires.
Je ne vais pas rentrer dans le détail du contenu, ce n'est pas le propos de ce billet. Ce qui m'intéresse ici, c'est la méthode et en particulier l'aspect démocratique de la chose.
Commençons d'abord par la campagne médiatique extrêmement biaisée en faveur de l'adoption du TCE en 2005. Si la question de la "pluralité à sens unique" des médias français durant la campagne de 2005 vous intéresse, Acrimed a constitué un dossier qui regroupe un grand nombre d'articles : voir dossier Acrimed TCE 2005.
Avant de voter "NON", j'ai lu, j'ai recherché des explications, j'ai posé des questions, j'ai recherché des points de vue divergents, des analyses contradictoires (c'est sur internet que j'ai trouvé les sources les plus intéressantes) basées sur le contenu et non sur des discours creux, j'ai assisté à des débats, ...
J'ai donc fait un choix qui repose sur une démarche réfléchie pour laquelle j'ai consacré du temps et de l'énergie. Alors évidemment, dans ce contexte, un article comme celui du journal Le Monde du 16 avril 2005 je le prend comme une injure.
Être méprisé et me faire insulter par des médias qui prétendent défendre mes intérêts a fini par devenir une habitude. Voir par exemple un article de Libération du 07 juillet dernier. En juillet 2007, un article comme celui-là m'en touche une sans faire bouger l'autre. En revanche en 2005 j'étais beaucoup plus sensible à ce genre de discours, qui m'ont amenés à me poser de sérieuses questions sur mes propres capacités de jugement.
Malgré les discours de culpabilisation et d'intimidation qui se sont multipliés, la promesse d'un cataclysme à la fois politique et économique en cas de rejet, l'isolement de la France, le blocage de l'Europe ("il n'y a pas de Plan B"), etc... j'ai tout de même voté "NON". Mais non sans me demander si je n'étais pas entrain de faire une éenooooOooOooorme connerie : "Mais qu'est ce que tu fais Fares, tu es devenu LePen-iste anti-européen ? Tu veux être responsable d'avoir conduit dans l'impasse 350 millions d'européens ?" Je le prends avec humour aujourd'hui, mais ce processus de marginalisation est réel. A tel point qu'il a faillit me pousser à m'abstenir. Mais comme je l'ai dit, je crois qu'à l'époque j'étais plus facilement influençable par ce genre de discours d'intimidation.
Le rejet du Traité Constitutionnel Européen est un constat d'échec pour tout le monde. En voyant les résultats du référendum en France, suivis par ceux du référendum aux Pays-Bas, j'ai espéré qu'ils forceraient un certain nombre de remises en question. J'ai espéré que le débat sur l'Europe prendrait enfin la place qu'il mérite, étouffé qu'il est par les politicailleries franco-françaises.
D'autant plus qu'entre les citoyens qui ont estimé qu'il fallait voter "NON" en dépit des bonnes choses parce que les mauvaises seraient trop dures à changer (ce qui est mon cas), et ceux qui ont voté "OUI" pour valider les points positifs tout en espérant modifier par la suite les points négatifs (ce qui est le cas de beaucoup de mes amis), les deux positions sont loin d'être aussi incompatibles que ce qu'on a bien voulu nous le présenter.
Malheureusement c'est exactement l'inverse qui s'est produit. Le diagnostique qu'on nous a servit était clair : "Le TCE a été rejeté parce qu'il n'a pas été suffisamment expliqué, et les Français ne l'ont pas compris". Point final. Circulez, il n'y a plus rien à voir.
A propos du Traité de Lisbonne
Et aujourd'hui ?
L'appellation "mini-traité" ou "traité simplifié" est une escroquerie. Le TCE était un traité. Le traité de Lisbonne est également un traité. Et le contenu est similaire.
Valéry Giscard d'Estaing lui-même, ainsi qu'un grand nombre d'hommes politiques (en particulier des premiers ministres européens) s'accordent sur ce point (voir les citations en bas de cette page).
Comme l'indique un sondage du Financial Times / Harris repris par Marianne, 63% des Français veulent un référendum. Ce chiffre est encore plus important dans les principaux pays européens : 65% en Espagne, 72% en Italie, 75% en Grande Bretagne, et 76% en Allemagne.
Selon l'IFOP, c'est 71% des Français qui veulent un référendum.
Voir l'article de Bernard Cassen qui défend l'idée d'un référendum.
Mais Nicolas Sarkozy a clairement affirmé qu'il ne faudrait surtout pas qu'un tel référendum ait lieu, car ce traité serait rejeté en France et ailleurs (voir article en anglais).
Selon Etienne Chouard, enseignant en droit fiscal économie et gestion, auteur d'un site d'analyse du TCE en 2005, et également à l'origine du Plan C - Pour une constitution Citoyenne, il s'agit d'un "viol politique"
Anne-Marie Le Pourhiet, Professeur de droit constitutionnel, parle d'un "double coup d'Etat".
Cette situation n'est pas propre à la France. On la retrouve également dans différents pays européens : voir article
Il convient de remarquer qu'on est exactement dans ce que Noam Chomsky décrivait comme "la vision alternative de la démocratie" (voir la vidéo dans un billet précédent). Cette "vision alternative", dans laquelle les peuples doivent être divertis, manipulés et trompés "pour leur propre bien", et ainsi éviter qu'ils ne s'occupent de ce qui les regarde. Cette vision contredit l'idée traditionnelle qu'on se fait de la démocratie : celle d'un système politique dans lequel les peuples ont les moyens d'agir sur ce qui détermine leur vie.
Cette idée est également reprise dans l'article "Assassinat en réunion", ou encore dans l'article "la démocratie de l'inconséquence".
Alors que faire ?
Un certain nombre de pistes sont proposées ici :
http://www.traite-simplifie.org/Que-faire.htm
  • Signer les pétitions qui exigent la tenue d'un référendum (voir le lien ci-dessus)
  • Écrire aux médias
  • Écrire aux partis politiques
  • Écrire à votre député
  • Écrire au Président de la République
  • Écrire au Pape, ou même directement au bon Dieu s'il y a une chance pour qu'il vous écoute
  • Et en parler autour de vous.

Cette histoire n'est pas encore totalement finie (voir le calendrier).

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