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Chantiers de l’apprentissage : premier bilan

Publié le 25 août 2010 par Kristobal @kristoguy

« La voie de l’alternance est une des voies d’excellence d’insertion sur le marché du travail. C’est un choix gagnant pour tout le monde : pour le jeune, c’est l’assurance d’accéder à une formation débouchant sur un diplôme ou une qualification, de percevoir une rémunération et d’acquérir une expérience ; pour l’entreprise, c’est la possibilité de former des salariés directement à ses métiers et de s’enrichir au niveau du capital humain. Elle mérite donc d’être promue et développée. » C’est par ces mots que Laurent Wauquiez, Secrétaire d’Etat chargé de l’emploi introduit son premier bilan des « Ateliers de l’apprentissage et de l’alternance », lancés en décembre 2009.

Organisé en 3 parties, ce document propose des mesures concrètes pour favoriser plus encore l’alternance auprès des jeunes français dans les années à venir.

Améliorer la vie quotidienne des jeunes en alternance

La principale difficulté rencontrée par les jeunes qui souhaiteraient se diriger vers l’alternance porte sur le manque d’information quant à l’orientation qui leur serait bénéfique. Dès la classe de 3ème, certains collégiens savent qu’ils ne poursuivront pas leurs études au lycée ou que, s’ils l’intègrent, ce sera sans conviction et sans motivation. Si de nombreux acteurs interviennent d’ores et déjà auprès des jeunes, leurs actions se limitent souvent à certaines catégories de public sans réelle concertation entre les différents partenaires. C’est pourquoi le Secrétaire d’Etat envisage d’améliorer le processus d’orientation en fin de 3ème et en terminale afin de mieux prendre en compte les possibilités offertes par l’alternance et de renforcer le rapprochement entre le monde de l’entreprise et celui de l’école. Concrètement, il s’agirait de faire intervenir directement dans les classes de 3ème des représentants du monde de l’entreprise, en entretien avec les élèves potentiellement intéressés ainsi que lors des conseils de classe déterminants pour l’orientation. Autre mesure envisagée, celle de dédier une journée spécifique à la découverte de l’alternance dans les CFA, pour les collégiens de 3ème et dans des organismes de formation en alternance pour les terminales. Et également de mettre en place des dispositifs d’accompagnement vers l’alternance pour les jeunes intéressés qui auraient besoin de temps pour faire le bon choix, pour envisager les différentes possibilités qui s’offrent à eux …

Les enquêtes réalisées révèlent également que les problématiques d’éloignement du domicile représentent parfois un obstacle à la prise de décision de la formation en alternance. Pour remédier à cela, Laurent Wauquiez propose de faciliter l’accès au permis de conduire pour les alternants (préparation aux épreuves théoriques dans les CFA, accorder le fameux permis à 1 € par jour aux jeunes candidats…), mais également de favoriser la mutualisation des moyens de transports (transports scolaires dans lesquels il reste parfois des places, parc de cars immobilisés pendant les congés scolaires…) afin d’aider les jeunes à se rendre sur leur lieu de formation ou leur lieu de travail. En parallèle, le plan prévoit la mise en place au cours de la formation d’une période de mobilité à l’échelle européenne d’une durée de 15 jours à 3 semaines. Pour accueillir les jeunes qui étudient loin de leur domicile, plusieurs mesures sont à l’étude comme celle de la création de « maisons de l’alternance », la mise en avant de solutions de logement moins coûteuses que celles qui sont traditionnellement proposées aux jeunes comme des sous-locations, la création de foyers… Soucieux d’améliorer la vie quotidienne des apprentis, le gouvernement envisage enfin d’aligner les avantages accordés aux apprentis à ceux des étudiants : partenariats avec les grands distributeurs de film (Gaumont, MK2 …), accès aux restos U par exemple.

Une autre difficulté réside dans le choix de l’entreprise d’accueil : outre le fait que les jeunes n’ont pas également accès aux offres d’emploi, les petites entreprises quant à elles, ne sont pas toujours conscientes des opportunités que peut leur offrir l’embauche d’un alternant. Il serait donc intéressant de les offres d’emploi soient regroupées sur un outil commun accessible à tous les partenaires. Toujours dans le domaine de la recherche d’un poste en entreprise, on remarque que certains jeunes intéressés par une formation en alternance sont susceptibles de rencontrer des difficultés pour trouver un employeur : il serait souhaitable d’intégrer dans la formation des jeunes alternants des modules d’aides à la rédaction de CV, lettre de motivation et de préparation à l’entretien d’embauche.

Développer l’alternance partout et pour tous

Laurent Wauquiez considère que, pour optimiser la réussite de l’alternance, il est nécessaire d’établir un cadre de référence de l’alternance partagé par tous les acteurs et de développer l’identification des métiers porteurs et le pilotage territorial de l’alternance. En effet, l’observation des différents métiers montre que l’alternance est inégalement répartie, tant entre les régions qu’entre les différentes formations. Elle indique également que le mouvement actuel est celui de l’élévation du niveau de formation des apprentis, de la diffusion croissante de l’alternance dans le domaine des services, de l’augmentation du nombre de filles (plus âgées et plus qualifiées…). Les études montrent clairement que certains types de métiers sont sous représentés en nombre d’alternants, soit qu’il s’agit de nouveaux métiers ou au contraire de métiers qui ne recourent habituellement pas à l’alternance. Il semble que les apprentis sont peu présents dans les métiers qui devraient recruter le plus d’ici 2015. Les domaines sanitaire et social et celui des services à la personne, comme ceux des métiers liés à la croissance verte apparaissent comme des gisements d’emplois à venir. Il apparaît donc nécessaire de veiller à l’adéquation de l’offre au besoin de formation. Comment ? Par exemple en questionnant périodiquement les représentants de métiers émergents pour optimiser leurs besoins en recrutement. Le projet du Secrétaire d’Etat vie aussi à accompagner le développement de l’alternance dans l’enseignement supérieur (voir notre article en page …), et à assurer le développement de l’alternance dans la fonction publique et dans les collectivités territoriales. Même s’il s’accroit, le taux d’alternant dans ces secteurs est encore faible : il représente 0,3 % de l’emploi territorial (principalement des contrats signés par les communes).

Inciter les entreprises à s’engager dans l’alternance

C’est le troisième axe du bilan dressé par M. Wauquiez, il est nécessaire de rendre le système d’engagement dans l’alternance plus incitatif et plus efficace. Même si depuis 2008, les entreprises de plus de 250 salariés qui comptent moins de 3 % d’alternants voient leur taxe d’apprentissage majorée de 20%, cela ne suffit pas à mener toutes les entreprises dans le milieu de l’alternance. Il est d’ailleurs remis en cause car il n’impose des règles qu’à une seule catégorie d’entreprise et il ne tient pas compte du taux d’alternant embauchés : la majoration est de 20 % qu’il y ait O% d’alternant ou 2,99 % … Le secrétaire d’Etat a proposé une mesure d’assouplissement de ce quota en ajustant le taux de majoration au nombre d’alternants embauchés. De la même façon, il est prévu de mettre en place un système de bonus, pour les entreprises qui dépassent le quota. Il apparaît également indispensable d’améliorer la formation et l’accompagnement des alternants, en valorisant la fonction de tuteur et de maître d’apprentissage et en généralisant le tutorat interne (dans l’entreprise) et externe (qui n’appartient pas à l’entreprise). Les entreprises apprécieraient également de voir les avantages financiers qui leur sont accordés être plus efficaces et plus équitables, comme par exemple : revalorisation de l’aide au contrat de professionnalisation, renforcement des aides à l’embauche des niveau 4, modulation des aides en fonction de l’âge de l’alternant pour éviter que les candidats « âgés » soient pénalisés… Enfin dans la plupart des entreprises, l’embauche d’un alternant s’apparente à une course d’obstacle ! Trouver le candidat, trouver la formation qui convient, identifier le contrat, vérifier les aides disponibles… De quoi décourager plus d’un patron ! Dans ce domaine, il y a de grands projets à réaliser. Les derniers à l’étude concernent le développement d’outils en ligne visant à faciliter les démarches administratives et la recherche d’information. D’autres s’axent sur l’accélération et l’automatisation des procédures administratives.

Il y a donc de quoi faire pour rendre l’alternance encore plus performante ; mais ces projets laissent à imaginer à quel point l’alternance est une solution d’avenir.


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