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Que faire des courants ?

Publié le 25 août 2010 par Bix

Un peu échaudé par la démagogie qui transpirait de certaines déclarations (officielle ou non, de célébrités ou non), je me suis encore fait des amis à Nantes via Twitter :

Je n'en démords pas : le refus absolu des courants mène au bonapartisme et aux clans. Cf. UMP et Modem.

Explications.

Oui, les courants[1] sont un risque. Ils morcellent les partis en autant de petites chapelles qui recréent en interne un équivalent des luttes électorales en externe (le pays). En poussant la logique jusqu'au bout on peut imaginer qu'ils finissent par ne plus former qu'une fédération de courants regroupés au sein d'un parti.

Toutefois, en principe, jamais ce qui ne sépare 2 courants ne sera plus fort ce que qui les réunit. C'est bien pour ça que le parti ne disparait pas en morceaux. En principe bien sûr. Néanmoins, pour paraphraser Churchill, les courants sont le pire mode de démocratie interne, à l'exception de tous les autres. Je ne vois pas comment gérer sérieusement autrement le débat interne. Bien sûr, il ne faut pas qu'ils soient l'unique lieu de débat, d'autant plus qu'entre les listes de discussion militantes et les multiples réseaux sociaux le débat s'est décentralisé.

Néanmoins, les courants doivent permettre de faire émerger des opinions du sein de la masse. Sans courant, le parti devrait dépenser une énergie énorme en gestion des communautés, préparation de débat partout en France et en ligne, avec compte-rendu, etc. C'est facile à 100 personnes, nettement plus difficile à 10 000 et carrément impossible à 20 000, 50 000...[2]

Interdire les courants ne conduirait certainement pas à leur disparition réelle. On n'empêche pas de se réunir des gens d'accord entre eux, que ça soit sur le fond ou sur les capacités d'une personne à les diriger. On peut accepter ce fait. Ou jouer les hypocrites en disant que les courants c'est pas bien et que chez nous, unis comme on est, ça n'existe pas. Mais dans ce cas on n'a rien réglé et on ne fera que se gargariser de mots en enfonçant des portes ouvertes : "éthiques", "démocratie", "transparence"... Qui refuse ces principes ?

On peut aussi acteur leur existence et décider de les encadrer. Après tout, on est des pragmatiques, on est écolo.

Le courant auquel j'appartiens modestement (Urgence écolo, Urgence social - 15 % au congrès de Lllle en 2008) a par exemple proposé que les candidats sur les scrutins de liste ne dépendent pas des équilibres entre courant mais d'un vote des militants. Les courants peuvent présenter une liste de candidats mais dépendront à nouveau des votes de la "base". À charge pour lui de (re)mobiliser ses soutiens. Des "hors courants" pourraient ainsi se présenter et bénéficier de soutiens et ainsi être candidats sans passer par les négociations d'appareil. Ainsi, 2 ou 3 ans après un congrès, les résultats de ce congrès ne figent pas les rapports de force au sein du parti.

Ce n'est qu'une proposition, il en existe sûrement d'autres. J'aimerais d'ailleurs que plutôt que de balancer des jolis mots qui font plaisir, nos amis critiques de l'ancien système des Verts (que je ne veux aucunement statufier ni idéaliser) apportent des propositions concrètes dans leurs diverses interventions. Moi ça me ferait encore plus plaisir et ça éviterait de perdre du temps.

Notes

[1] J'utilise le terme "courant", mais on peut aussi dire "sensibilité", "tendance", "motion"...

[2] Ayons un peu d'ambition quant au nombre de futures adhérents !


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