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Marées noires : de sombres lendemains en perspective

Publié le 25 août 2010 par Sequovia
Marées noires : de sombres lendemains en perspectiveLes marées noires font désormais partie de notre quotidien. La marée noire suite à l’incendie d’une plateforme pétrolière dans le Golfe du Mexique en avril dernier et la marée noire provoquée par l’explosion et l’incendie de deux oléoducs en Chine fin juillet ont souligné le manque de d’organisation et de gestion de ce type de catastrophe. Si en Chine, c’est à mains nues que les habitants ramassent le fioul déversé sur les côtes du pays,  aux Etats-Unis, par ailleurs, première puissance économique mondiale, ne l’oublions pas, 80% du pétrole déversé serait encore à la dérive contrairement aux propos plus optimistes tenus par l’administration américaine. Un autre enjeu de taille vient d’être soulevé par le quotidien Le Monde : les nettoyeurs de la marée noire suite au naufrage du Prestige en 2002 au large de l’Espagne témoigneraient d’une modification de leur ADN.
  • Recrudescence des marées noires
En l’espace de quelques mois, nos mers et océans ont subi des déversements de pétrole de part et d’autre de la planète. Aucune région n’a pas été épargnée. Les Etats-Unis enregistrent la pire marée noire de leur histoire, trois mois après la catastrophe, rien n’est encore totalement géré. Après le Golfe du Mexique, c’est au Golfe de Corée de se recouvrir d’une couche épaisse, gluante et noire. Il ne faut pas omettre la marée noire survenue  au large de Bombay début août après la collision de deux navires contenant du gasoil et des produits dangereux.Depuis la marée noire en contrecoup du naufrage de l’Erika en 1999, la planète aura connu plus de 700 marées noires de plus ou moins grande ampleur !
  • Etats-Unis : doute sur l’issue de la marée noire
Quatre mois après l’explosion de la plateforme Deepwater Horizon en Louisiane le 20 avril dernier et le déversement de 800 millions de litre de pétrole dans le Golfe du Mexique, le doute subsiste quant à la quantité réelle de mazout éliminé. Les autorités et notamment l’Agence océanique et atmosphérique américaine (NOAA)  annonçaient officiellement il y a deux semaines, que les trois quarts du pétrole échappés du puits s’étaient évaporés, dispersés naturellement et/ou avaient été récupérés ou éliminés. Et pourtant, une nappe de pétrole conséquente s’étend encore en profondeur bien que les autorités et BP aient annoncé avoir maîtrisé la situation début août.Le rapport officiel est même remis en question par une étude menée par les océanographes de l’Université de Géorgie qui a pointé le fait qu’encore 80% du pétrole se trouve dans l’océan.  Les chercheurs américains du WHOI (Woods Hole Oceanographic Institution), un institut privé d’études océanographiques, ont conforté cette position. Charles Hopkinson, chercheur à l’Université de Géorgie met en garde : »Une des principales erreurs est de penser que le pétrole qui s’est dissous dans l’eau a disparu et est de ce fait inoffensif ». Et d’ajouter  »Le pétrole est toujours là, et il risque de prendre des années à se dissoudre complètement. Nous sommes encore bien loin d’avoir évalué tous les impacts possibles de la catastrophe ».
  • Les risques sanitaires démultipliés en Chine
La marée noire à laquelle fait face actuellement la Chine serait l’une des plus dévastatrices que le pays aurait connues. L’explosion de pipeline au Nord Est du pays aurait déjà entrainé le déversement de 1500 tonnes soit 1,5 millions de litres. La nappe s’étend sur 90 km le long des côtes, selon les scientifiques l’impact de cette marée noire sur les habitants marins et terrestres pourrait durer 10 ans ! En plus de mettre en doute la fiabilité des infrastructures chinoises, cette marée noire montre aussi le manque de communication auprès de la population concernée par le déversement du brut mettant ainsi leur santé en jeu. En effet, nombre d’habitants des zones côtières touchées s’attaque au nettoyage du littoral sans aucune protection ! Malgré les 800 bateaux de pêche, une quarantaine de bateaux de nettoyage, 2000 soldats et des centaines de pêcheurs et le déversement de 23 tonnes de bactéries mangeuses de pétrole, les moyens continuent à faire cruellement défaut.  Greenpeace dénonce les risques encourus par les nettoyeurs en aval: «Les citoyens mobilisés n’ont aucun équipement de protection et n’avaient que leurs mains pour nettoyer le pétrole. Ils n’ont pas de masques, qui est la protection la plus basique et ignorent même qu’ils doivent protéger leur peau du brut».
  • Modification de l’ADN des nettoyeurs du Prestige
Les pêcheurs, ayant participé aux opérations de nettoyage de la marée noire survenue après le naufrage du pétrolier Prestige en 2002 aux larges des côtes ibériques, présentent une altération de leur ADN et des troubles pulmonaires, selon une étude parue dans la revue américaine Annals of Internal Medicine.  L’étude conduite par des chercheurs espagnols entre septembre 2004 et février 2005 auprès de 501 marins-pêcheurs ayant participé au nettoyage et 177 ne l’ayant pas fait, montre que « les pêcheurs espagnols ayant participé au nettoyage de la marée noire sur les côtes ont une plus grande fréquence de symptômes respiratoires (…) et des altérations chromosomiques dans les lymphocytes, par comparaison avec ceux qui n’ont pas participé au nettoyage ». Néanmoins, les chercheurs préviennent que « l’étude ne prouve pas que l’exposition (aux nappes de) pétrole a causé ces anomalies », même une exposition aux sédiments pétroliers sans protection adéquate peuvent occasionner des effets négatifs pour la santé. Les chercheurs mettent en garde les autorités pour que la protection sanitaire des nettoyeurs soit renforcée non seulement au cours des opérations de nettoyage mais aussi sur du long terme, la probabilité de la survenance d’autres marées noires étant loin d’être nulle…
  • L’avis Sequovia
« Mieux vaut prévenir que guérir ».Apprendre à mieux gérer de telles situations catastrophiques  serait inutile si des mesures efficaces étaient prises en amont pour renforcer la sécurité des navires pétroliers et des oléoducs. L’enjeu se joue au niveau des autorités, et malheureusement les premiers touchés par ce type de catastrophe ne sont que rarement écoutés. Même si des efforts sont entrepris dans la voie du développement durable (cf article d’hier sur les économies d’énergie réalisées en Chine), un long chemin sinue encore dans les vallées des catastrophes humaines.

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