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Ceux qui signent les chèques vont-ils continuer à écrire les lois ?

Publié le 26 août 2010 par Aldorande_rebelle
Ceux qui signent les chèques vont-ils continuer à écrire les lois ?Pour mettre en pleine lumière le pouvoir des lobbys financiers (eux qui, préfèrent les ambiances feutrées, les cabinets de travail discrets… en tous cas fort peu fréquentés par les médias !!), voilà une petite histoire vraie rapportée par Serge Halimi :
"Au printemps 1996, au terme d’un premier mandat très médiocre, le président William Clinton préparait sa campagne de réélection. Il lui fallait de l’argent.(...) ; il invita donc des banquiers à venir prendre un café à la maison blanche (…)
Le 13 mai 1996, donc, quelques-uns des principaux banquiers des Etats-Unis furent reçus pendant quatre-vingt-dix minutes à la Maison Blanche par les principaux membres de l’administration. Aux côtés du président Clinton, le ministre des finances, M. Robert Rubin, son adjoint chargé des affaires monétaires, M. John Hawke, et le responsable de la réglementation des banques, M. Eugene Ludwig. Par un hasard assurément providentiel, le trésorier du Parti démocrate, M. Marvin Rosen, participait également à la réunion. D’après le porte-parole de M. Ludwig, « les banquiers discutèrent de la législation à venir, y compris des idées qui permettraient de briser la barrière séparant les banques des autres institutions financières ».
Instruit par le krach boursier de 1929, le New Deal avait proscrit aux banques de dépôt de risquer inconsidérément l’argent de leurs clients, ce qui obligeait ensuite l’Etat à renflouer ces institutions par crainte que leur éventuelle faillite ne provoquât la ruine de leurs nombreux déposants. Signée par le président Franklin Roosevelt en 1933, la réglementation, toujours en place en 1996 (loi Glass-Steagall), déplaisait fort aux banquiers, soucieux de profiter eux aussi des miracles de la « nouvelle économie ». Le « café de travail » visait à rappeler ce désagrément au chef de l’exécutif américain au moment où il se souciait d’obtenir que les banques financent sa réélection.
Quelques semaines après la rencontre, des dépêches annoncèrent que le ministère des finances enverrait au Congrès une panoplie législative « remettant en cause les règles bancaires établies six décennies plus tôt, ce qui permettrait aux banques de se lancer très largement dans l’assurance et dans la banque d’affaires et de marché ». La suite, chacun la connaît. L’abolition de la loi Glass-Steagall fut signée en 1999 par un président Clinton réélu trois ans plus tôt, en partie grâce à son trésor de guerre électoral (4). Elle attisa l’orgie spéculative des années 2000 (sophistication toujours plus poussée des produits financiers, du type des crédits hypothécaires subprime, etc.) et précipita le krach économique de septembre 2008."
 (…)
Mai le propos d'Halimi  va plus loin, risquant la seule vraie question digne d'intérêt aujourd'hui :
"Pourquoi une population qui n’est pas composée en majorité de riches accepte-t-elle que ses élus satisfassent en priorité les demandes des industriels, des avocats d’affaires, des banquiers, au point que la politique en vienne à consolider les rapports de forces économiques au lieu de leur opposer la légitimité démocratique ? Pourquoi, lorsqu’ils sont eux-mêmes élus, ces riches se sentent-ils autorisés à étaler leur fortune ? Et à clamer que l’intérêt général impose de satisfaire les intérêts particuliers des classes privilégiées, seules dotées du pouvoir de faire (investissements) ou d’empêcher (délocalisations), et qu’il faut donc constamment séduire (« rassurer les marchés ») ou retenir (logique du « bouclier fiscal ») ?"
> Lire l'article entier de Serge Halimi "Le gouvernement des banques" , paru en juin 2010 dans le Monde Diplomatique
Merci à l'excellent site  d'illustrations en droit gérées : ICONOVOX

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