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2,2 millions d'euros, merci les contribuables !

Publié le 26 août 2010 par Copeau @Contrepoints
2,2 millions d'euros, merci les contribuables !

La meilleure façon d'éviter un procès, par définition infâmant, c'est encore de trouver préalablement un arrangement. Lorsque ce n'est pas possible, et bien il y a toujours une solution de repli : indemniser l'autre partie, de telle sorte qu'elle n'ait plus rien à reprocher au justiciable incriminé.

C'est la petite manoeuvre à laquelle ce grand manoeuvrier devant l'éternel qu'est Jacques Chirac est en train de livrer. En acceptant de verser - ou plutôt de faire verser - 2,2 millions d'euros à la Mairie de Paris, pour les emplois fictifs qu'il avait créés à l'Hôtel-de-Ville de Paris, l'ancien président de la République évacue du même coup la principale partie civile, la socialiste mairie de Paris, qui n'a plus de raison d'agir.

Un protocole d'accord, révélé mercredi 25 août par Le Canard enchaîné, prévoit que l'UMP verse 1,65 million d'euros à la Mairie de Paris, Jacques Chirac s'acquittant de son côté des 550000 euros restants.

Comme l'écrit Me Jean Veil, l'avocat de Jacques Chirac, "Dans le souci d'apaiser une source de polémique préjudiciable à Paris et à ses habitants, quelles que soient leurs opinions politiques, il a souhaité que soit mis fin au litige civil et que la Ville de Paris soit remboursée purement et simplement des montants litigieux qu'elle a manifesté l'intention de recouvrer judiciairement".

La mairie de Paris semble pleinement s'en satisfaire, elle qui précise d'ailleurs que "cette somme correspond à l'intégralité des salaires, intérêts et frais d'avocats inscrits dans la procédure judiciaire".

Du reste, le maire de Paris, Bertrand Delanoë, a déjà eu l'occasion d'exprimer son souhait de parvenir à un tel accord. Il rappelait ainsi en novembre 2009 qu'une telle procédure avait déjà « prévalu et abouti dans la gestion de dossiers antérieurs concernant notamment MM.Blondel et Juppé ». Marc Blondel, alors secrétaire général de Force Ouvrière, avait ainsi dû rembourser 228 000 € pour l'emploi par FO de son chauffeur, alors qu'il était en fait rémunéré par la ville de Paris. Oui, vous avez bien lu, 228 000 € pour un chauffeur. Alain Juppé, lui, a été condamné à 14 mois de prison avec sursis et un an d'éligibilité dans un autre volet de cette même affaire d'emplois fictifs, lorsqu'il était à la fois secrétaire général du RPR et adjoint aux finances au maire de Paris.

Pour juger un tel accord, rien n'est mieux que de citer les rangs de la majorité municipale. Les Verts, qu'on ne peut suspecter de libéralisme échevelé, ont qualifié de « faute politique » et de « déni de justice » le processus d'indemnisation, estimant que « le remboursement par l'UMP serait en fait un remboursement par l'argent des contribuables, l'essentiel du budget de ce parti provenant du financement public, donc des impôts ».

On ne saurait mieux dire.

La presse a affirmé durant des mois que Jacques Chirac, 77 ans, était redevenu un justiciable ordinaire depuis la fin de son mandat en mai 2007. Force est de reconnaître que tel n'est manifestement pas le cas.

Il est également poursuivi à Nanterre pour « prise illégale d'intérêts » pour sept emplois fictifs. On verra ce qu'il en coûtera aux contribuables.

Et encore merci à ce grand président, qui, même à la retraite, n'aura cessé de montrer l'étendue de son talent.


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