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L’occident tenté par la liberté religieuse à dimension variable

Publié le 26 août 2010 par Hmoreigne

 France, Etats-Unis, Suisse, l’occident n’en finit pas de s’interroger sur la place à accorder à l’islam considéré comme une religion invasive de l’espace public. Du port du voile à la construction de mosquées, les signes visibles de cette religion suscitent de violentes réactions d’une partie des opinions publiques qui pressent leurs dirigeants à restreindre la liberté religieuse dans le cas spécifique de l’Islam.

9 ans après les attentats du 11 septembre, Ben Laden est en passe d’avoir gagné son pari, celui de dresser l’Occident contre les musulmans. L’islamophobie, de moins en moins honteuse, gagne du terrain.

En Suisse, le quotidien Genevois Le Temps s’interroge et appelle à une mobilisation contre l’interdiction du voile considérant, les mots sont lourds de sens, que “la liberté de religion est en péril“. Le journaliste, François Modoux, part en guerre à la suite de l’adoption le 2 juillet dernier dans le canton alémanique de Saint-Gall d’une directive du Conseil de l’éducation du canton invitant les communes à interdire le port du voile à l’école.

Il n’est pas le seul.La Commission fédérale contre le racisme (CFR), de façon très vive, a condamné la circulaire saint-galloise, y voyant «une action dirigée contre la minorité musulmane et dictée par des motifs partisans» qu’elle juge «inacceptables».

François Modoux relève que “L’argumentation du Conseil de l’éducation saint-gallois est démontée point par point. Invoquer la nécessité d’intégrer pour interdire le foulard islamique à l’école n’est qu’un prétexte, car au contraire la réglementation proposée ferait un obstacle à l’intégration, en rejetant des filles hors de l’école, note la CFR” .

Pour celle-ci, l’interdiction enfreindrait le principe de l’égalité de traitement. Mais, la Commission rappelle surtout que porter le voile s’inscrit bien dans le domaine de la liberté de religion, historiquement trés protégée en Suisse.

Le Temps revient sur un avis de droit d’un ancien juge fédéral sur les conditions d’exercice de la liberté de religion. De façon très équilibrée, l’ancien magistrat estime que “la liberté de religion est un moyen d’intégration des minorités qui seront acceptées si elles reconnaissent l’ordre public et les usages du pays qui les accueille” et que “L’Etat a pour tâche de garantir l’exercice paisible et non discriminatoire de la liberté de religion”.

Même appréciation outre-atlantique pour le maire de New York. Fervent défenseur de la construction d’une mosquée et d’un centre communautaire près de l’endroit où se produisirent les attaques du 11 septembre 2001 à Manhattan. M. Bloomberg a affirmé que la Constitution des États-Unis garantissait la liberté de religion à tous les Américains.

Dans une allocution très travaillée prononcée le 3 août le maire de la mégalopole qui se veut la capitale du monde a développé un vibrant plaidoyer pour la liberté religieuse : “ Nos portes sont ouvertes à tous, ouvertes à tout un chacun qui a un rêve à réaliser et la volonté de travailler sans relâche et d’obéir aux règles. New York a été bâtie par les immigrants et perdure grâce à eux, grâce à ces gens venus de plus de 100 pays différents qui ensemble parlent plus de 200 langues différentes et adhèrent à des fois différentes. Que vos parents soient nés ici ou que vous soyez arrivés hier, vous êtes tous New Yorkais”. (…) “De toutes les précieuses libertés qui sont les nôtres, la plus importante pourrait bien être la liberté d’adhérer à la religion de notre choix“.

Michael  Bloomberg n’a pas esquivé la problématique du 11 septembre : “Quelle que soit votre opinion au sujet de la mosquée et du centre communautaire dont la construction est proposée, une question fondamentale a été négligée dans l’échauffement du débat : le gouvernement devrait-il tenter de priver des citoyens de leur droit de construire un lieu du culte sur une propriété privée en raison d’une religion en particulier ? Cela arrive peut-être dans d’autres pays mais nous ne devons jamais permettre à cela de se produire ici. Cette nation fut fondée sur le principe que le gouvernement ne doit jamais choisir ou favoriser une religion entre d’autres. Le site du World Trade Center sera pour toujours un endroit spécial dans notre ville et dans nos cœurs. Mais nous trahirions la meilleure part de nous-mêmes et notre identité en tant que New-Yorkais et en tant qu’Américains si nous disions « non » à la présence d’une mosquée dans le sud de Manhattan.”

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