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Maroc / Pauvreté: Nouvelle polémique en vue

Publié le 26 août 2010 par Tanjaawi

· Le taux de pauvreté grimpe à 28% selon un nouvel indice du Pnud
· Le Maroc plus mal loti que le Guatemala, l’Egypte ou la Tunisie


Maroc / Pauvreté: Nouvelle polémique en vue
La pauvreté on le sait est un sujet où le consensus, en particulier, sur la méthodologie est difficile à obtenir. Maintenant lorsque le calcul des chiffres de la pauvreté engage un organisme aussi important que le Pnud, cela change bien évidemment tout.
IMP: Retenez bien ce sigle, c’est celui de l’indice multidimensionnel de pauvreté créé par l’université d’Oxford pour le compte des Nations unies. Le MPI est déjà utilisé à des fins statistiques au Mexique et la Colombie et la Chine envisagent d’en faire leur indicateur socioéconomique de référence. L’indice qui intègre plusieurs facteurs donne un tableau plus complet de la pauvreté que ne le permettent les simples mesures du revenu. Dans le cas du Maroc, surprise: l’application de cet indice fait grimper brutalement le taux de pauvreté: 28% contre 9% selon l’enquête du Haut-commissariat au Plan sur le niveau de vie des ménages de 2007. L’on se retrouve donc avec 8,9 millions de pauvres. Même dans les pays qui ont connu un taux de croissance important durant ces dernières années, l’application de cet indice a révélé l’augmentation ou la persistance de la pauvreté extrême.
Selon cet indice, le Maroc compte plus de pauvres que de pays comme le Guatemala, l’Egypte ou la Tunisie. Mis au point en collaboration avec plusieurs experts, dont ceux du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), le MPI a été développé par le Centre de recherche économique pour le développement international de l’université d’Oxford (OPHI), avec le soutien des Nations unies. Il se base sur dix indicateurs dont le taux de scolarité, la mortalité infantile, le degré de malnutrition, l’accès à l’électricité et la possession de quelques biens de consommation. Il donne donc une idée plus affinée de la pauvreté puisqu’il ne tient pas uniquement du revenu.
Dans le cas du Maroc, les chercheurs de l’Ophi se sont basés sur le recensement général de 2004. L’Indice multidimensionnel de pauvreté relève ainsi que la situation est plus délicate dans les zones rurales avec des problèmes d’accès à l’eau potable, d’installations sanitaires, d’électrification et de scolarisation. De quoi remettre en cause les statistiques du HCP qui relève que la pauvreté (mesurée selon le revenu) a été réduite de moitié dans les campagnes s’établissant à 14,5% en 2007 contre 25,1% en 2001. En fait, les méthodes de mesures actuelles de la pauvreté ne rendent pas compte du degré de privation des personnes pauvres en matière d’éducation, de santé et de niveau de vie. L’application du nouvel indice montre par exemple que 28,5% de la population à des manques de 30% par rapport à la scolarisation, l’équipement et la santé. Les résultats fournis par l’application de cet indice multidimensionnel ne manqueront pas de soulever un tollé. Surtout auprès des politiques. Mais il a l’avantage de mesurer les écarts en termes de nature et de gravité de la pauvreté de manière précise. Il pourrait donc assurer un meilleur ciblage des politiques d’aides.
En tout cas, le bureau du rapport sur le développement humain du Pnud compte appuyer l’Ophi pour favoriser le débat international sur l’applicabilité de cette démarche multidimensionnelle à la mesure de la pauvreté. Cet indice sera aussi appliqué dans l’édition du 20e anniversaire du Rapport mondial sur le développement humain.
Les chercheurs de l’Ophi ont analysé les données de 104 pays représentant 78% de la population mondiale. Il en ressort que le nombre de personnes vivant dans la pauvreté s’élève à 1,7 milliard selon l’IMP, et non 1,3 milliard de personnes comme l’évalue l’indice de pauvreté habituel. Ce dernier mesure la pauvreté extrême au seuil de 1,25 dollar par jour ou moins pour vivre. L’application de cet indice bat également en brèche certaines idées reçues. Ainsi la moitié des pauvres de la planète vivent en Asie du Sud (soit 844 millions de personnes) et seulement le quart en Afrique. Dans les pays qui ont connu une croissance économique robuste ces dernières années, l’analyse de l’IMP révèle la persistance de la pauvreté extrême. L’Inde en est un exemple notable. Il y a plus de pauvres selon l’IMP dans huit des États de l’Inde (421 millions dans le Bengale occidental, le Bihar, le Chhattisgarh, le Jharkhand, le Madhya Pradesh, l’Orissa, le Rajasthan et l’Uttar Pradesh) que dans les 26 pays africains les plus pauvres (410 millions au total). L’IMP met également en évidence d’amples variations intranationales: selon cet indice, Nairobi a le même taux de pauvreté que la République dominicaine, alors que le nord-est rural du Kenya est plus pauvre que le Niger.
Ces résultats s’expliquent par le fait que l’IMP prend directement en compte les manques dans l’état de santé, le niveau d’éducation et les services clés tels que l’eau, l’assainissement et l’électricité. Or dans certains pays, ces ressources sont fournies gratuitement ou à très faible prix, alors que dans d’autres, elles sont hors de portée de nombreuses personnes qui travaillent et qui ont un revenu. L’indice met également en évidence d’amples variations dans un même pays.



 

Calculs


 


Au Maroc, une approche multidimensionnelle de la pauvreté a démarré au niveau du Haut-commissariat au Plan. Mais jusque-là, la pauvreté est toujours calculée de manière traditionnelle, soit selon le revenu. Il s’agit de l’approche recommandée par la Banque mondiale et utilisée partout dans le monde. Ainsi trois taux sont calculés, le taux de pauvreté alimentaire, le taux de pauvreté absolue et celui de la pauvreté relative. Le premier renseigne sur le pourcentage de la population dont la dépense annuelle moyenne est inférieure au seuil de pauvreté alimentaire (1.752 DH).
Le second sur le pourcentage de la population dont la dépense annuelle moyenne est inférieure au seuil de pauvreté absolue : 2.543 DH en milieu urbain et 2.466 DH en milieu rural, en 2001. Quant au troisième taux, soit le taux de pauvreté relative, il indique le pourcentage de la population dont la dépense annuelle moyenne est inférieure au seuil de pauvreté relative: 3.098 DH en milieu urbain et de 3.421 DH en milieu rural, en 2001.
Khadija MASMOUDI

 26/8/2010 / leconomiste.com/accueil.html



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