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L’arroseur arrosé

Publié le 27 août 2010 par Ruminances

Posté par b.mode le 27 août 2010

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Sarko aurait-il définitivement perdu la main ? Réputé autrefois fin stratège, tout ce qu'il touche se transforme désormais en eau de boudin. Prenez les roms, la dernière phobie en date du national président. L'affaire risque bien de se retourner contre lui comme un boomerang. Ces expulsions en masse provoquent un tel tollé qu'on pressent pour bientôt un ixième rétro-pédalage du cyclo-touriste du Lavandou…

Rappel des faits : après la mort de l'un des leurs, tué lors d’une course-poursuite suite à un contrôle d'identité, une quarantaine de membres de la communauté des gens du voyage, français pur souche et pour certains sédentarisés  depuis des générations, s'attaquent à la gendarmerie de la paisible commune de Saint-Aignan. Circulez y'a rien à voir… avec les roms !

Ni une ni deux, l'agité du château joue les gros bras et pratique un odieux amalgame, aussi racoleur que populiste. Il organise fin juillet une réunion sur ” les problèmes que posent les comportements de certains parmi les gens du voyage et les Roms“. Dès cette annonce, le sénateur UMP Pierre Hérisson, président de la commission nationale consultative des gens du voyage, prévient pourtant : “ce qui s'est passé à Saint-Aignan relève du droit commun. Ce n'est pas un problème lié aux gens du voyage“.

Qu'importe, la machine à faire oublier l'affaire Woerth est lancée. Du palace du Cap Nègre, le teigneux président harcèle quotidiennement Brice Hortefeux, son valet préféré, afin qu'il mobilise chaque jour ses préfets. Et les forces de police de démanteler pendant tout le mois d'août des camps de roms dans le but de les expulser. Et les télévisions avides de sensation forte de déverser des tonnes d'images de la chose au pas de charge et au petit matin. Ce que n'avait pas prévu le mari de Carla, c'est que cette stigmatisation d'état au soit-disant pays des droits de l'homme, allait choquer la communauté internationale, l'ONU, l'église et même des barons de la droite.

Florilège de réactions courroucées : une commission de l'ONU pointe ” une recrudescence notable du racisme et de la xénophobie” dans le pays, épinglant la politique du gouvernement envers les Roms et les “Français d'origine étrangère”. La Commission européenne rappelle à la France “le principe de libre circulation“. Benoît XVI déclare en français dans le verbe “Les textes liturgiques de ce jour nous redisent que tous les hommes sont appelés au salut. C'est aussi une invitation à savoir accueillir les légitimes diversités humaines.” Le même jour, le père Arthur dérape et “prie pour que Nicolas Sarkozy ait une crise cardiaque“.

Du côté des anciens premiers ministres, on n'est pas tendre non plus avec ce soudain acharnement si peu thérapeuthique. Alain Juppé écrit sur son blog que “la priorité sécuritaire ne doit pas non plus conduire à des exagérations, peu compatibles avec nos valeurs fondamentales.” Il ajoute que “parfois le gouvernement dérape“. Jean-Pierre Raffarin balance sur l'UMP et parle d'”une dérive droitière qu'il convient de corriger“. Quant à Dominique de Villepin, dans une envolée gaullienne dont il a le secret parle carrément d'”une tache de honte sur notre drapeau“.

Les seconds couteaux et autres lieutenants de l'UMP ne sont pas en reste. Christine Boutin dénonce une “stigmatisation” et Rachida Datiun débat pas sain“. Même l'homophobe Christian Vanneste regrette “le racolage électoral“. Le villepiniste François Goulard estime quant à lui que ces opérations sont de “la poudre aux yeux“, que Sarkozy “s'est pris les pieds dans le tapis” et pose la question : ”Qui pense que ce sont les Roms qui menacent la sécurité des Français à l'heure actuelle ?” Un récent sondage montre que seulement 48% des français sont favorables aux reconduites des roms en Roumanie. Un autre révèle que 62% de la population ne souhaite pas que le petit Nicolas soit candidat en 2012. Fallait-il sonner le tocsin pour un si piètre résultat comptable ?

Quoiqu'il en soit, tout ce pataquès médiatique provoque les réactions les plus incongrues. Entre Alain Minc, l'ami penseur du président qui ose déclarer sans vergogne “On peut discuter (de) ce que l'on veut sur l'affaire des Roms, mais pas un pape allemand” et Bruno Gollnisch, l'intello frustré du FN, qui suggère que les roms s'installent “Place Saint-Pierre à Rome“, on touche définitivement le fond de la piscine. Va-t-on creuser encore ?


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