Magazine Science

Temps physique, temps de l’homme

Publié le 27 août 2010 par Scienceblog
M

erci au bon Docteur Goulu de m’avoir donné l’idée de ce post, grace à un ensemble de billets qu’il a publié sur le temps et son intervention ici sur un billet précédent. En bref, Dr Goulu raconte une histoire de la perception humaine et animale du temps. L’idée selon laquelle une pensée prospective de l’avenir correspondrait, pour l’homme, et comme le laissent penser les images RMN des zones du cerveau, à une pensée du passé, est pour le moins attirante, et peut correspondre à une pensée philosophique sur la question.

6a00d8341c562c53ef0115716fc476970b-350wi

A gauche le sujet pense au passé, à droite à l’avenir. Ou le contraire, je ne sais plus …

Le résultat IRM est amusant, mais signifie quelque chose pas du point de vue du temps, mais de celui de la biologie. En premier lieu, je rappellerai que le cerveau est un objet tridimentionnel, et en n’en montrant qu’une coupe, on ne voit en fait rien, ou pas grand chose. Donc, les techniques d’imagerie mises en place permettent de localiser des zones précises du cerveau, selon un point de vue assez réductionniste. Je remarque enfin qu’il n’y a pas d’image correspondant au présent :  si ces zones étaient allumées lorsque le sujet pense à des événements se passant dans le présent, le passé ET le futur, cette expérience ne signifierait alors rien du tout : ces zones s’allument tout le temps quand on pense, point. Il semble donc y avoir un biais dans l’expérience.

Gear Work 2 par Curious Expeditions sur flickr

« Gear Work 2″ par Curious Expeditions sur flickr

Une chose que Dr Goulu ne couvre pas dans son blog, c’est la coexistence des visions linéaires (ou non) et cycliques dans la compréhension du temps. Cette cyclicité temporelle n’est pas que le résultat de périodes alternées de jour et de nuit, d’hiver et d’été, de froid et de chaud, de glaciations et de canicules, etc. ou de systèmes de mesures (je remarque que dans un précédent billet, il fait état d’un prix décerné à une oeuvre construite à partir de roues dentées s’entrainant les unes aux autres. Cette cyclicité est également constituante de la physiologie humaine (equilibre hypothalamo-hypophysaire régulé par la mélatonine, seul effet connu de cette hormone à ma connaissance).

Je ne veux pas faire un cours sur cette physiologie de la perception du temps cyclique, mais je dirai simplement que cet équilibre régit les périodes d’hibernation, de reproduction, ou de changement de couleur de pelage pour les animaux des régions froides à tempérées. Il régit aussi l’heure du réveil et la température corporelle, les taux d’hormone dans le sang etc. en fonction de l’heure de la journée. Plus spéculativement, il serait impliqué chez l’homme dans le décalage horaire ou certaines formes de dépression.

Ce blabla pourquoi ? En physique, la description du temps est linéaire (un évènement après l’autre), et la raison d’être du futur a une raison, non seulement parce qu’il doit exister (dans le passé, il y a eu un futur, et nous sommes ce futur, donc cette question a du sens). Par contre, la mesure du temps est toujours cyclique : le temps pour lequel la moitié d’une quantité d’atomes radioactifs se désintègre naturellement est une constante pour la substance elle-même, quelle que soit cette quantité, et est appelé temps de demi-vie. On utilise cette constante pour créer des horloges atomiques. Le principe même de demi-vie implique l’idée d’une cyclicité des choses. Sans parler des moyens horlogers antérieurs de mesure du temps. Ces moyens de mesure permettent peut être à l’homme de lui renvoyer une image … à sa mesure qui lui est propre, cyclique.

Ainsi, une vision linéaire (physique) proviendrait d’une perception cyclique (physiologique) de l’homme. Pourquoi pas après tout … D’autant plus que, justement, notre perception linéaire du temps ne peut se faire que dans un sens, en regardant vers le passé. La flèche du temps (vers l’avenir) va dans le sens inverse. Là où nous finissons, où nous ne voulons pas nous voir. Là où toute chose finit. Mais aussi, nous le comprenons, hors de tout sentiment cyclique. L’histoire ne se répète pas, elle bégaie.

Dans cet entre temps, on a probablement du mal à retrouver nos petits. On ne comprend pas tout, scientifique ou non. D’où les entre-sciences comme la Trilectique.


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Scienceblog 9 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte