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Le ballet des impudents

Publié le 28 août 2010 par Ruminances

Posté par lediazec le 28 août 2010

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En exhortant sa majorité, avec son légendaire esprit cauteleux, à « éviter les exagérations », Édouard Balladur, appelle son ancien protégé Nicolas Sarkozy à adopter une attitude plus mesurée, s'il ne veut pas voir ses derniers espoirs de réélection se dissiper avec l'air pollué d'une politique de farces et attrapes.

Avec son air de ne pas y toucher, Ballamouchi prévient qu'il faut un gouvernement “profondément renouvelé, resserré, avec des fortes personnalités.”

Il est d'un drôle, ce Ballamouchi ! Comme si le fait de renouveler le gouvernement allait changer quelque chose à la névrose du Maxi-excité du Château. Sur ce point, il n'y a rien à dire : le gouvernement de monsieur Sarkozy applique au pied de la lettre les consignes du chef. Point. Si ça couine dans les rouages, c'est ailleurs que chez les ministres – groupe compact de séides propageant sa propagande avec fanatisme – qu'il faut aller chercher la réponse. Cela est un fait que plus personne n'ignore, ou alors nous sommes devenus soudainement sourds.

Comme d'habitude, Ballamouchi ne rejette pas tout en bloc – il godille dans la mare avec habileté – et accepte comme légitime l'idée de « déchoir de la nationalité française, comme cela est déjà prévu par la loi, ceux qui l'ont récemment acquise et qui commettent des crimes particulièrement odieux. » Notons la nuance « particulièrement odieux ». Une façon rusée de dire que les expulsions massives du moment s'appliquant aux tsiganes n'entre pas dans le cadre de la loi qu'il évoque ?…

Comment savoir avec le levantin ? D'autant plus qu'il se dépêche d'ajouter qu'il est contre la « responsabilité pénale des parents » pour des délits commis par leurs moutures n'ayant pas atteint la majorité légale. Il profite du propos pour envoyer dans les cordes le très néo-facho Eric Ciotti, député sarkozyste qui a fait de la surenchère un programme politique et son plan de carrière.

Cela dit, s'il se montre un peu critique sur certains points, Ballamouchi, toujours prudent, ne se déclare pas hostile à la politique développée par son ancien protégé. Au contraire, il trouve que «sous l'impulsion de Nicolas Sarkozy» - vas-y que je te brosse - le gouvernement a “entrepris des réformes importantes dans de nombreux domaines.» Et pour cause qu'il est prudent le pépère !

Quoi qu'il en soit, Ballamouchi n'a pas intérêt à se mettre à dos celui qui peut leur éviter des désagréments judiciaires dans la très opaque  affaire Karachi, affaire dans laquelle ils semblent être directement impliqués. Que devient-il ce dossier ? Ce jeu ressemble à celui de la corde qui soutient le pendu.

A propos de surenchère, ça frime du côté de La Rochelle. La gauche PS retrouve une certaine envie de vivre. On ne peut pas continuer d'exister avec une dépression permanente collée au frontal. Il faut bien qu'un jour ou l'autre l'anticyclone s'installe dans le paysage pour un bonheur que chacun souhaite durable. Mais qui dit dépression, parle d'un état qui ne relève d'aucun traitement franchement viable pour le patient. A la rigueur ça apporte l'euphorie, mais le retour de manivelle peut s'avérer redoutable.

Sans avoir planté un clou, la gauche PS fait faire le tour du propriétaire et offre le champagne pour la pendaison de crémaillère. Vrai que quand on a en face de soi un tel adversaire – le plus dangereux adversaire de lui-même – les efforts sont moindres : on lui prend les clés et on le laisse en plan sur le bord de la route, une valise à la main. Mais encore ?…

Un ballet de surenchéristes faisant écho à la rue s'aligne sur un débat qui n'a – pour l'instant – rien de transcendant ni de très moral. S'aligner sur le débat sécuritaire voulu et imposé par Nicolas Sarkozy, comme précédemment celui de l'identité nationale, c'est encore et toujours faire le jeu de la continuité et non celui d'une politique de rupture. Car, si nous continuons à faire ce jeu en suivant la ligne tracée par le National-Président, nous allons devoir tabler sur des problèmes autrement plus ardus. Nous allons devoir palabrer sur la nationalité du futur « criminel particulièrement odieux». Est-il breton, alsacien, occitan, marseillais… Français ? Que restera-t-il de notre pays, de notre morale et de vraiment politique dans le paysage français une fois la question tranchée ?

Et si nous nous mettions à rêver et à construire un autre monde ?


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