Humilité

L’Évangile de ce vingtième-deuxième dimanche du temps ordinaire est l’épisode où Jésus dit de ne pas se mettre à la première place (Luc 14, 1a. 7 - 14).
Jésus lors de sa vie publique a participé à de nombreux repas, signe de partage et de convivialité, moment très important dans la foi juive.
Un certain nombre de ces repas se sont passés chez des Pharisiens.
Le texte d'aujourd'hui en raconte un.
Il se situe un jour de Shabbat. Le Shabbat a une très grande importance dans la vie du peuple d'Israël.
Ce jour de repos, "Shabbat" signifie "cesser toute activité", est un jour de fête et de joie en l'honneur de D.ieu.

Il est fête de la création du monde, fête de la libération du peuple juif tiré de l'esclavage d'Égypte, en attendant la grande fête du Jour où D.ieu renouvellera la Création tout entière.
Un repas solennel marque ce jour.
Le repas de Shabbat est souvent l'occasion de recevoir. Mais au temps de Jésus, les interdits rituels de la Loi s'étaient tellement multipliés que le respect des prescriptions avait occulté chez certains l'essentiel, la charité fraternelle.
Ce jour-là, au début du repas, une scène est à l'origine des conversations.
En effet, Jésus a guéri un malade souffrant d'hydropisie. Ce fut l'occasion de nouvelles discussions autour de la table, parce que Jésus est accusé d'avoir enfreint la règle du repos du Shabbat.
Dans les relations entre Jésus et les Pharisiens, il y avait mélange de sympathie et de sévérité de part et d'autre.
Le mouvement religieux "Pharisien" est né vers 135 avant notre ère d'un désir de conversion. Son nom qui signifie "séparé" traduit un choix qui est le refus de toute compromission politique, de tout laisser-aller dans la pratique religieuse.
Le maintien de leur identité religieuse repose sur un très grand respect de la tradition qui est la richesse reçue des pères, le long labeur des anciens pour découvrir le comportement qui plaît à D.ieu et qui se transmet sous forme de préceptes qui régissent les plus petits détails de la vie quotidienne.
Les consignes des Pharisiens, mises par écrit après 70 de notre ère ressemblent pour beaucoup à celles de Jésus lui-même.
Jésus n'attaque jamais cela. Il ne refuse pas non plus de leur parler.
Mais la rigueur d'observance peut engendrer une trop bonne conscience et rendre méprisant pour ceux qui n'en font pas autant.
Vouloir être "séparé" n'est pas sans ambiguïté quand on sait que le dessein de D.ieu est un projet de rassemblement dans l'amour.
Ces déviances ont inspiré quelques paroles dures de Jésus. Elles visent l'inhumanité d'une trop grande rigidité qui oublie l'homme.
A première vue, les conseils donnés par Jésus au cours du repas sur le choix des places et le choix des invités pourraient donc se limiter à des règles de bienséance et de philanthropie.
En Israël comme ailleurs, les sages ont écrit de très belles maximes sur ces sujets, "Ne fais pas l'arrogant devant le roi et ne te tiens pas dans l'entourage des grands. Car mieux vaut qu'on te dise : Monte ici ! que de te voir humilié devant un notable" (Proverbes 25, 6-7), "Quand un puissant t'invite, reste à l'écart et son invitation n'en sera que plus pressante. Ne te précipite pas, de peur d'être repoussé, ne te tiens pas trop loin, de peur d'être oublié" (Ben Sira 13, 9-10).
Mais Jésus à la manière des prophètes, cherche avec véhémence, à ouvrir les yeux des Pharisiens que trop de contentement d'eux-mêmes peut conduire à l'aveuglement.
Précisément parce que les Pharisiens sont de fidèles pratiquants de la religion juive, Jésus veux leur montrer le risque du mépris des autres qui est un péché.
Jésus a toujours devant les yeux la venue du Royaume, et pour y entrer, il faut être comme de petits enfants (Luc 9, 46-48, Matthieu 18, 4).,
La conversion qui conduit au Royaume n'est possible que si l'homme se reconnaît faible devant D.ieu comme Jésus l'explique dans la parabole du pharisien et du publicain (Luc 18, 10-14).
Les Pharisiens risquent d'être loin de l'accueil des pauvres et des estropiés qui est le signe principal du Royaume, "Allez rapporter à Jean ce que vous avez vu et entendu : les aveugles retrouvent la vue, les boiteux marchent droit, les lépreux sont purifiés et les sourds entendent, les morts ressuscitent, la Bonne Nouvelle est annoncée aux pauvres" (Luc 7, 22).
Jésus veut faire comprendre que ceux qui accueillent et respectent ces humbles sans attendre de retour participeront avec eux à la résurrection promise.