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L'invention des continents

Publié le 28 août 2010 par Egea

Je vous l'avais conseillé à la veille de Noël. Madame Kempf, qui est futée comme savent l'être les femmes, me l'a offert le surlendemain..... et après l'avoir parcouru, j'ai attendu que l'été fût venu .. et je n'ai pas été déçu !

L'invention des continents

Ainsi donc, Cette "Invention des continents" de Christian Grataloup constitue un ouvrage remarquable et que je vous conseille vivement d'acquérir et même de lire : pas seulement d'en parler dans les dîners en ville (du style "oui, j'ai vu ça l'autre jour, on m'en a dit le plus grand bien, tu as raison, il faut ab-so-lu-ment que je l'achète")

Il est formidable pour plusieurs raisons.

1/ Tout d'abord, voici un ouvrage en reliure cartonnée et excellemment illustré, avec un papier de très bonne qualité, qui ne coûte que 23 euros. Je ne sais pas comment font les éditeurs, mais vraiment, ce n'est pas cher. Quand je dis que l'iconographie est remarquable, ce n'est pas mentir : elle est judicieusement choisie, de bonne qualité de reproduction et elle accompagne parfaitement le texte.

2/ Le texte, justement. D'habitude, dans les beaux livre, le texte est ennuyeux, un peu pédant, discursif, en fait... on n'achète pas un "texte" pour ses illustrations, et on n'achète pas un livre d'images pour son texte. Là, c'est totalement différent. Christian Grataloup a réalisé le fantasme de tout auteur: écrire un texte qui, par lui-même, vaut l'intérêt du lecteur, et en plus, l'agrémenter de toutes les illustrations nécessaires, d'autant plus pertinentes qu'il traite des représentations du monde.... cartes anciennes, portulans, allégories, mappemondes, peintures, gravures, ... le renvoi entre la carte et sa représentation contemporaine est remarquable et agrémente parfaitement le propos de l'auteur qui démontre une thèse et l'illustre non seulement d'arguments, mais aussi des reproductions de ces arguments....

3/ Quelle thèse, donc ? que la notion de "continent" qui nous paraît si naturelle, est au fond extrêmement ambiguë ; qu'il n'y a pas autant de continents que de parties du monde et que le découpage que chacun a à l'esprit est au fond fort imprécis. Il part de l'antiquité (et même de la Bible et de Canaan) pour descendre le flot chronologique et les conséquences des découvertes scientifiques, et de leur transmission dans la connaissance collective, donc commune, donc forcément partielle et simplificatrice.

4/ C'est la question du découpage du monde qui est posée. Il nous semble aller de soi, conséquence d'une méthode scientifique qui distingue pour classer et identifier... mais s'agissant des continents, cette méthode est-elle valide ? De même, Ch. Grataloup note, à un moment, que l'Asie a perdu son sens de continent pour représenter, aujourd'hui, la seule extrême Asie, quasiment réduite à la Chine et à ses rivages... Et l'Océanie, ce continent en est-il encore un ? (c'est après avoir lu ce livre que j'ai écrit le billet récent sur l'Australie, qui a suscité quelques commentaires).

5/ On sait que Grataloup est le leader d'une nouvelle école française de géopolitique, alternative à celle d'Hérodote. Il est spécialisé dans la géohistoire et la mondialisation. Il est ici très convaincant, et on en retire le même bonheur qu'à la première lecture de Foucher ou de Lacoste, justement.

Vraiment, ce livre est plus qu'hautement recommandable : il est indispensable et vous passerez d'excellents moments à le lire. Bravo à l'auteur et à sa maison d'édition (Larousse) qui ont fait un très bel ouvrage....

  • Christian Grataloup
  • "L'invention des continents"
  • Larousse, 2009, 224 pages, incluant les annexes (fort bien faites : atlas, index et bibliographie)

O. Kempf


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