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Sébastien Proto, jeune modèle dans l'ombre d'Eric woerth

Publié le 29 août 2010 par Juan
Sébastien Proto, jeune modèle dans l'ombre d'Eric woerthTout proche du ministre Eric Woerth, il y a un jeune homme, Sébastien de son prénom, Proto est son nom. Il a bientôt 33 ans, est inspecteur des finances. Il a bossé à l'audit chez feu Arthur Andersen, fut diplômé de l'Essec et de Sciences Po, puis de l'ENA.
Plusieurs informations sont sorties sur le Net sur le garçon, un peu dans la presse, jamais à la télévision. Sébastien Proto n'a rien fait de mal a priori. Il est juste aux confluences de toutes sortes d'intérêts qui demanderaient une vigilance sans doute doute hors normes. Mais Sébastien Proto semble justement être dans la norme du régime.
Le jeune homme devrait être prudent. Espérons, pour lui et pour nous, qu'il l'est réellement.
1. M. Proto est l'un des proches collaborateurs d'Eric Woerth depuis son entrée au cabinet du ministre au Budget, en tant que directeur adjoint, jusqu'à ses fonctions actuelles de directeur de cabinet au ministère du Travail. En particulier, il s'est occupé de la liste des 3000 évadés fiscaux français en Suisse obtenue auprès d'un ancien cadre de la banque HSBC à l'été 2009.
2. Sébastien Proto est également un proche d'Antoine Arnault, fils de Bernard Arnault, et beau-fils de Patrice de Maistre. Cette relation indirecte avec le gestionnaire de fortune de Liliane Bettencourt met à mal la thèse d'Eric Woerth depuis juin, selon laquelle de Maistre serait une vague connaissance. Son plus proche colaborateur fréquente la famille de Maistre !
3. Au mois d'août 2009, Sébastien Proto et son épouse auraient passé leur vacances en Corse, dans une villa louée par Bernard Arnault et dans le yacht de ce dernier, invité par le fils Antoine. Le cabinet du ministre refuse de confirmer.
3. Le rapport du directeur de l'Inspection Générale des Finances sur l'intervention éventuelle d'Eric Woerth alors ministre du Budget dans le traitement de la situation fiscale de Mme Liliane Bettencourt, le 11 juillet dernier, avait révélé que Patrice de Maistre, le gestionnaire de fortune de la milliardaire, avait été reçu par le directeur de cabinet du ministre... c'est-à-dire par Sébastien Proto, pour « évoquer les conséquences fiscales d’un projet financier concernant la fondation Schueller‐Bettencourt ». Une autre fois, Sébastien Proto aurait visé une note d'analyse, début 2008, sur Liliane Bettencourt citée par la presse « comme figurant possiblement sur la liste des contribuables français qui auraient soustrait des sommes imposables au Liechtenstein. » Dans cette note, la cellule fiscale du cabinet d'Eric Woerth concluait que la contribuable, ou l'une de ses sociétés de gestion de fortune, ne figurait pas sur la liste du Liechtenstein.
4. Auprès d'Eric Woerth, Sébastien Proto a eu notamment en charge directe la libéralisation des paris en ligne. Il est intervenu à plusieurs reprises dans les débats, tables rondes et explications du projet gouvernemental. Il fut auditionné par le Sénat. On pouvait notamment l'écouter en parler sur Club Radio Poker, le 1er juillet 2009 : dans la seconde partie de l'émission, le directeur adjoint du cabinet d'Eric Woerth expliquait que l'Etat ne gagnerait pas ou peu d'argent avec cette légalisation générale des paris en lignes car, concurrence et harmonisation fiscale obligent, l'Etat devra abaisser la fiscalité sur les paris, y compris les lucratifs paris hippiques. D'où un manque à gagner. Pourquoi donc légaliser ? Un vaste sujet.
5. Bernard et Antoine Arnault sont actionnaires minoritaires (à 10%) de la société Betfair. Betfair est une société britannique. Son offre est différente des sites classiques de paris en ligne : il s'agit d'une bourse d'échange, du « bet exchange » dans lequel la cote des paris n'est pas définie par l'opérateur du site (Les parlementaires étaient hostiles à ce type de pari à cause des risques de manipulations).
Betfair a été approuvée par les autorités françaises en juillet 2009, bien en avance sur la libéralisation du secteur le 6 avril dernier. A l'époque, le lobbying de Bernard Arnault pour obtenir cette autorisation est déjà mentionné, un lobbying bien légitime pour l'un des actionnaires du site de pari.
Le Parlement français a finalement refusé d'autoriser le Bet-exchange, malgré la position défendue par les services d'Eric Woerth et le ministre lui-même, comme en témoigne cet échange lors des débats à l'Assemblée Nationale : « L’ exchange betting , qui suppose la rencontre de plusieurs joueurs sur des plateformes, nous est d’abord apparu difficile à accepter. Cependant, après une étude approfondie – est-il aussi dangereux qu’il en a l’air? Facilite-t-il la corruption et le blanchiment? Comment sont contrôlées les plateformes? Comment savoir si les joueurs ne sont pas également opérateurs? – nous avons estimé que nous pouvions autoriser ce type de pari. » Pour taire les critiques, Eric Woerth ajoutait ensuite : « je suis cependant prêt à interdire l’exchange betting dans le présent projet de loi. Dans dix-huit mois, nous pourrons réaliser une évaluation de la manière dont les paris à cote fixe auront fonctionné et auront été régulés. L’ARJEL livrera une analyse sans indulgence sur ce point. Nous pourrons alors réexaminer la question et statuer sur ce type de pari. »
Les députés décidèrent d'interdire ces paris à la cote. En conséquence, Betfair s'est retiré du marché français. Mais les faits sont là: les débats parlementaires révèlent qu'Eric Woerth a sérieusement oeuvré, en vain, pour que des acteurs tels Betfair puissent être autorisés en France.
5. Antoine Arnault, directeur de la communication du groupe Arnault et grand amateur de poker, s'est fait sponsorisé par un autre site de pari en ligne, Bwin. Valéry Manin, directeur de Bwin, est également ami de Sébastien Proto. La société expliquait à l'époque qu'elle « avait à cœur de sponsoriser un joueur de poker français renommé. »
6. Un autre ami de Sébastien Proto est Olivier Karsenti, avocat au barreau de Paris et de New York, spécialisé depuis quelques années dans le poker et des paris sportifs en ligne. L'avocat a notamment organisé une table ronde sur la libéralisation du secteur le 30 septembre 2009. Au sein du cabinet Kaza, il conseille différents acteurs du secteur.
Au final, que ressort-il ? Sébastien Proto n'a eu aucun souci à travailler directement sur un sujet majeur, la libéralisation des paris en ligne, malgré des relations amicales avec certains protagonistes du secteur. Il n'y a rien de répréhensibles. Juste un malaise évident devant tant de perméabilité entre les sphères amicales, privées et publiques sur des sujets sensibles.
Crédit illustrations: ClubPoker.net


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