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Toulon : C’est beaucoup plus grave que St André veut bien le dire !

Publié le 29 août 2010 par Lben

Chronique du lundi 30 août 2010.

Toulon a encore perdu à domicile. Apparemment rien de grave, ce n’est qu’un problème de pas de chance et de  fautes individuelles si l’on écoute le manager Philippe St André : »on a été victime d’un scénario horrible. On n’a manqué ni d’envie, ni d’enthousiasme mais, à chaque fois que l’on était en train de revenir, on se prenait un essai… Sur 70 plaquages, on en a loupé 12. Quand on rate plus de 10% de plaquages en Top14, la défaite est presque toujours au bout. » Philippe St André a forcément raison… d’utiliser les chiffres à son avantage. Car mettre la défaite sur le compte d’erreurs individuelles permet d’éviter de parler de ce qui fâche, comme nous allons le voir.

Une composition d’équipe qui n’en est pas une.

Dire dans la même déclaration que les joueurs ont fait preuve d’envie et d’enthousiasme et qu’ils ont été mauvais au plaquage pose question. Normalement, quand les joueurs se trouent au niveau des plaquages, c’est soit qu’ils manquent justement d’envie soit que l’organisation collective en défense est défaillante. Apparemment, selon Philippe St André, ce n’est pas la première raison. Ce devrait donc être la deuxième, le manque d’organisation. Mais, malgré le côté chien fou de Van Niekerk qui, sur ce match, n’a peut-être pas aidé ses coéquipiers, mettant son envie et sa détermination au-dessus de l’organisation, je ne pense pas que la raison principale soit à chercher de ce côté-là. J’irai plutôt regarder du côté de la composition d’équipe et de l’incapacité des joueurs Toulonnais à être perforant face au Racing-Métro.

Lorsque l’on regarde le XV de départ Toulonnais au niveau des 2ème et 3ème lignes c’est à dire Chesney – Suta – Van Niekerk – Smith – Fernandez-Lobbe, il y a de quoi se poser des questions. Toulon a démarré son match avec 4 troisième lignes ailes et 1 seul deuxième ligne, ce qui présente de gros inconvénients en termes de puissance et, ce, d’autant plus lorsque l’on joue face au pack Parisien. Je m’explique. A mon avis, Jocelino Suta est un excellent joueur mais son véritable poste est 3ème ligne aile. Van Niekerk et Fernandez Lobbe sont tous les 2 exceptionnels mais ils ont un profil quasi identique avec de la vitesse, une qualité de main et de placements. Georges Smith a fait toute sa carrière comme 3ème ligne gratteur,  pas comme 8 pourfendeur de défenses ! Philippe St André peut se défendre en argumentant que des joueurs de ce niveau peuvent s’adapter par leurs qualités naturelles. Et c’est là où le bât blesse. L’équipe de Toulon, ce vendredi, s’est montrée très déséquilibrée dans sa composition, ce qui s’est traduit par un manque de puissance qui n’a jamais mis le Racing-Métro en position de rupture mais a, au contraire, permis aux Parisien de maîtriser ce match et de contrer les Toulonnais par une puissance physique beaucoup plus grande. Si, en plus, on ajoute à cela le problème d’animation offensive que connaît Toulon depuis la saison dernière, cela fait beaucoup pour espérer gagner des matchs.

S’il veut retrouver son équipe, Philippe St André doit faire des choix et mettre des stars sur le banc. Il va devoir construire une 2ème ligne qui soit, non seulement suffisamment solide, armée pour le combat, mais aussi qui soit présente en mêlée fermée. Schofield – Chesney semble le choix le plus évident avec Sénékal mais cela parait un peu court pour tenir toute une saison quand on voit les effectifs adverses. En 3ème ligne, il y a pléthore de choix et de talents, ce qui ne va pas rendre la vie du manager facile. Enfin, quand je dis pléthore de choix, je ne parle pas du numéro 8, c’est d’ailleurs le gros problème de Toulon. En effet, si l’on cherche à composer une 3ème ligne avec un numéro 8 puissant, Toulon ne possède que Auelua qui, en plus, joue plutôt par intermittence. Pourtant, si le RCT veut tenir la distance face à des équipes comme Clermont avec Vermeulen et Lauaki, Toulouse avec Picamoles et Sowerby, Racing-Métro avec Chabal, Perpignan avec Tuilagi,… il va falloir soit utiliser Auelua dès le début de match et pour au moins 50 minutes, soit trouver un joueur puissant qui puisse faire l’affaire. Et c’est là où les choses se compliquent. Mis à part Jocelino Suta je ne vois personne capable de remplir le rôle. Le problème, c’est que ce joueur est venu tard au rugby et il lui manque l’expérience du poste et surtout la dextérité manuelle pour y exceller. A vrai dire, je n’ai pas de solution idéale à proposer en 8 et j’ai l’impression que Philippe St André non plus. A moins qu’il trouve un jocker médical qui soit un 8 puissant et perforateur.

Une fois le problème du 8 résolu, il faut savoir qui va jouer à côté. Sur leur talent pur, les choix évidents sont Van Niekerk, le capitaine, et Fernandez-Lobbe, qui par ses qualités naturelles est peut-être le meilleur au monde. C’est possible mais, encore une fois ces 2 joueurs ne sont pas complémentaires et les aligner en même temps dans l’équipe sous-entend que Toulon va produire un maximum de jeu à la main pour les utiliser tous les 2 sur leurs points forts. Le problème, on va le voir dans le chapitre suivant, se déplace alors au niveau de Johny Wilkinson qui a un ratio de coups de pied par match à respecter. La 3ème ligne idéale sur le papier en termes de complémentarité c’est Van Niekerk pour le rayon d’action – Auelua pour la puissance et Smith pour le combat, la défense et la récupération des ballons. Fernandez-Lobbe devient le suppléant de Van Niekerk, El Albd celui de Smith et peut-être Suta celui de Auelua. D’un coup cette 3ème ligne m’aurait semblé mieux armé pour lutter contre le Racing-Métro. Reste à voir maintenant le jeu pratiqué.

Quel jeu pour quelle équipe ?

La question mérite d’être posée car, très vite, Toulon va être victime de schizophrénie. Avec Van Niekerk et Fernandez-Lobbe en 3ème ligne, 3 ailiers dans la ligne de trois-quarts, Toulon semble disposé à produire un gros volume de jeu. A une exception près. Le problème, c’est que cette exception n’est pas des moindre puisqu’il s’agit de Johny Wilkinson dont Toulon est grandement dépendant. L’ouvreur anglais, par son positionnement très loin de la ligne d’attaque et sa volonté de, d’abord, s’appuyer sur un jeu au pied consistant avant d’envoyer des ballons à l’aile, ne correspond pas à la composition d’équipe de vendredi. Si le pack est composé avec 4 troisième-lignes aile, il y a obligation à produire beaucoup de temps de jeu et d’asphyxier un adversaire qui sera, de fait, plus lourd. Or, Johny Wilkinson n’est pas le bon ouvreur pour cette stratégie. C’est Felipe Contenpomi qui a un jeu beaucoup plus tourné vers l’offensive.

Mais il parait impossible de se passer de celui qui est que le joueur clé de Toulon. En plus, vu les résultats actuels il n’est pas question pour Philippe St André de se passer Johny Wilkinson qui, à lui tout seul, peut faire gagner l’équipe. Du coup, si, au moment de décider de son XV de départ, le premier nom choisi par le manager Toulonnais est l’ouvreur anglais, il n’a plus le choix ensuite dans la composition de son équipe et dans la manière de jouer. Comme il y aura des chandelles et des ballons rendus au pied, il faut renforcer la pression défensive avec Georges Smith qui retrouve son rôle naturel de 3ème ligne aile grateur. A ses côtés, le capitaine Van Niekerk qui, on le souhaite, doit se baisser un peu plus pour éviter de rater ses plaquages et de prendre un carton jaune. Pour le poste de numéro 8, le choix sera cornélien entre Auelua, le choix de la raison, et Fernandez-Lobbe, le meilleur joueur de l’équipe mais qui ne jouerait pas à son poste et créerait un déficit de puissance. Difficile…

Du moment que Johny Wilkinson est sur le terrain, le jeu pratiqué par Toulon ne peut être l’attaque à tout va et doit s’équilibrer entre occupation du terrain, pressing haut et alternance avec une ligne d’attaque qui arrive à prendre de la vitesse sur les extérieurs grâce à la vitesse de Sackey, Wulf, Loamanu et Lovobalavu. Ce n’est qu’en retrouvant ce semblant d’équilibre que Toulon peut aspirer à une certaine sérénité. En tout cas, il va falloir que Philippe St André se pose très très vite les bonnes questions et acceptent de faire des choix dans sa pléiade de stars. Sinon, les désillusions ne sont pas prêtes de s’arrêter du côté de Mayol…


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