Les négociations sont rompues, on pourrait bien m'envoyer la Belle au bois dormant que ça n'y changerait rien. La Modernité m'est insupportable. Ça va être violent, je vais malgré tout essayer de l'être le moins possible. Tout converge, tout conspire. Ceux que l'on désigne comme "tenants de la théorie du complot" identifient un petit groupe élitiste, plus ou moins séparé du peuple (ça, c'est vrai), qui se réunit en secret (c'est vrai également) et qui dirigerait tout absolument tout (ça, ça ne tient pas debout). C'est bien pire que ça. Tout conspire. Parce que tout le monde consent.
A ceux doutant encore de la folie du monde moderne, le seul exemple donné par Paul Ariès du pot de yaourt au parcours de 3500 kilomètres de la vache à l'humain devrait suffire. Mais l'attitude la plus répandue n'est pas le scepticisme, c'est l'insouciance, ou l'inconscience. Je ne sais plus qui a dit en substance : le pire n'est pas d'être enchaîné, c'est de ne le pas sentir. Et ça, c'est vraiment décourageant. Voir encore aujourd'hui des pseudo-débats UMP versus PS avec Jean-Marie Le Pen comme épouvantail diabolique, c'est à tomber à la renverse. Ça n'a pas de sens. C'est in-si-gni-fiant. Je ne devrais pas en être surpris, j'ai appris le mépris de la "démocratie" (un gros "pseudo" s'imposerait) chez Cornélius Castoriadis, et plus tôt même chez Friedrich Nietzsche bien sûr. Mais c'est écœurant. Le gros Léon Bloy (pourquoi gros ?) le disait : "Il y a des moments où ce qui se passe est à faire vomir les volcans." Bon... d'accord... c'est horrible. Ce ne serait pas si grave si une réaction se faisait entendre, s'il y avait ne serait-ce qu'une demi-douzaine d'âmes révoltées, Georges Bernanos avait raison de n'en demander pas beaucoup plus pour sauver une époque. Mais non, il n'y a rien.
Dresser un tableau du néant politique est au-dessus de mes forces. Il me suffira d'exprimer mon incompréhension la plus parfaite de ces gens de gauche, dixit, qui attendent le sauveur DSK ou de ces gens de droite, dixit toujours, qui se satisfont de Sarkozy. Remarquez qu'on peut inverser : la droite aime DSK, la gauche aime Sarkozy. Ça marche aussi. Et ce serait presque suffisant à révéler l'imposture. Encore y a-t-il Nicolas Dupont-Aignan et Jean-Luc Dupond-Mélenchon pour montrer aux uns que l'UMP n'est pas de droite et aux autres que le PS n'est pas de gauche, mais rien n'indique avec eux une sortie de l'imposture, bien au contraire. Ces gens ne servent à rien, si ce n'est à alimenter la diversion générale. Qui sommes-nous ? et quelle société voulons-nous ? voilà les questions qui ne sont jamais posées, tenues pour acquises : homo oeconomicus vouloir consommer. Passez muscade !
Plus démoralisant encore serait de s'attaquer aux crimes (aux crimes, pas aux crises) économiques. On voit encore ceux du-dessus se crêper le chignon sur les responsables de la dette abyssale que nous connaissons, et essayer d'arbitrer un match droite-gauche, sans jamais, jamais ! jamais revenir à la loi de 1973 qui interdit au Trésor Public d'emprunter à la Banque de France. Jour de fête pour le Président : Pom Pom Pi Dou. Obligation d'emprunter au secteur privé (intérêts yabon). L'impôt sur le revenu ne suffit pas à payer le service de la dette. Ah ! Oh ! Elevé au niveau européen par le Traité de Maastricht (article 104, Rocard lui-même reconnait maintenant que c'était une grave erreur) et validé aussi bien par le PS que l'UMP avec le Traité de Lisbonne dont le peuple n'a pourtant pas voulu. C'est vraiment important, DSK ou Sarko ? Pom Pom Pi Dou. Même "la crise" ne suffit pas à réveiller, apparemment. C'est ça qui est désolant. Insupportable aussi le coup du "c'est pire ailleurs", ou "c'était pire avant".
Il faut dire que nous sommes zombifiés. D'une, par le mode de vie, l'écrasement professionnel, le stress, la fatigue, la pollution. De deux, par la culture que nos ressources mentales, temporelles et financières nous permettent de consommer toujours plus vite sur l'autoroute de l'information. La Renaissance, si on parle encore aujourd'hui comme d'un temps glorieux, on le doit à la volonté des artistes d'alors de retrouver et d'épater, pourrait-on dire, les Anciens. Tout est là. C'est extrêmement réactionnaire, en réaction à une époque, on va puiser dans un passé glorieux de quoi s'élever (mais qui cela intéresse-t-il aujourd'hui, de s'élever ?). Et tout ce qui a marqué l'histoire de l'art est l'œuvre de tels réactionnaires-révolutionnaires. Je ne connais rien à la peinture, mais l'exposition "Picasso et les maîtres" a du le montrer. On pourrait presque pousser le bouchon jusqu'à dire que c'est par jalousie des Anciens que le génie opère. Ainsi Nietzsche, ainsi... enfin c'est obligatoire. Au lieu qu'aujourd'hui, amenez-moi les artistes qui prétendent (à juste titre) s'inscrire dans une lignée multiséculaire. Qui pour se mesurer à Rimbaud ou Bach ? Personne. Évidemment, puisque c'est le dernier des soucis de l'époque. C'est pourquoi on peut parler d'industrie culturelle sponsorisée subventionnée protégée, du divertissement pour public à conquérir.
De toute façon l'industrie est partout. C'est normal, l'idéologie du Progrès a tout englobé depuis des siècles. Quand la société était contestée, c'était par des marxistes plus productivistes encore que les capitalistes. Aujourd'hui, toute contestation est rendue impossible par dérision. Ne pas être dans le dogme moderne, c'est être médiéval, et il n'y a rien de pire que ça. C'est insupportable. Admettons la barbarie du moyen-âge... c'est une barbarie du canif. Les barbares nucléaires n'ont en comparaison aucune leçon de civilisation à donner, c'est insensé ! En appuyant sur un bouton dans ton navion, tu peux dégommer un petit village afghan en train de célébrer un mariage, et c'est cela qu'on appelle civilisation.
Et donc, l'industrie a gagné l'agriculture. Là, je me contenterai de vous proposer cette vidéo en deux parties, qui résume le livre de Lydia et Claude Bourguignon, Le sol, la terre et les champs. C'est bouleversant. Le résumé est l'œuvre du personnage, du sacré personnage qu'est LLP. Lui voit donc un complot à tout cela, vous l'entendrez à la fin de la deuxième partie.
Le Libre Penseur - Sol Terre et Champs 1 sur 2
envoyé par Cl4VieFrere2010. - Anniversaire, mariage, premiers pas en vidéo.
Le Libre Penseur - Sol Terre et Champs 2 sur 2
envoyé par Cl4VieFrere2010. - Regardez les vidéos des stars du web.
Figurez-vous que je reviens du supermarché. J'y ai vu des tomates-cerises mi-rouges mi-transparentes. J'en ai donc conclu qu'après avoir décoloré les tomates, nos amis ont manqué d'encre pour les recolorer. C'était la fin de la cartouche. Le progrès aura fait toutes ses preuves le jour où chacun pourra imprimer ses tomates et ses pommes chez lui. Ah faut rester de bonne humeur, hein... Quelques instants avant, j'avais dans l'idée de lire quelques pages des livres que ces zozos vendent. Parce que je n'ai jamais lu, par exemple, une phrase de Marc Lévy ou de Guillaume Musso. Il faut dire que leurs titres, simplement, sont féériques, magiques. Seras-tu là ? Et si tu revenais ? Je serai seul, Tout est fini qui finit bien, Reviens vite la semaine prochaine, Et si c'était vrai ? Et après ? Où es-tu ? Je suis là ! Tu n'y es plus ! Je reviendrai. Bref, un gag. Hallucinant. Ainsi, je n'ai jamais osé ouvrir un de ces livres. Or, on ne peut plus, c'est impossible ! Un film plastique protège désormais les livres. Explication ?
Le but n'est pas de taper sur des cibles aussi faciles que Marc Lévy, Tokio Hotel, Sarkozy, je ne sais qui... Ce serait plutôt de lancer un appel désespéré à la Renaissance.
Trop, c'est atroce, et il est hors de question de fermer les yeux, je veux les garder grand ouverts. Eyes wide shut ? Impossible. Vous savez, le formidable film de Stanley Kubrick, souvent interprété par la lorgnette des méandres de la vie de couple - je veux bien mais cette facette-là ne m'intéresse pas du tout, au contraire du conflit entre dégénérescence et Renaissance. Ce conflit y est exceptionnellement traité, et d'ailleurs, je ne saurais dire où se positionne Kubrick. Ça commence dès le début, j'ose le dire, avec la Valse pour orchestre de jazz n°2 de Dmitri Chostakovitch, qui symbolise la lutte entre l'ordre, les élites (la valse) et le désordre, les bas-fonds (le jazz). Je ne me lancerai pas dans une analyse détaillée du film, je n'en sortirais pas, mais me contenterai de quelques éléments. Tout est déclenché par les propositions d'un certain Sandor Szavost à Alice, un nom qui renvoie très simplement à Anton Szandor LaVey, le sataniste. L'intrigue emmènera Bill tout droit au Bohemian Club pour la célèbre scène rituelle. Plus tard, alors qu'un sbire de ces élites dégénérées le suit, Bill s'arrête à un kiosque, prend un journal où il est écrit "Lucky to be alive" (en faire quoi de cette chance ?), et l'observe avec anxiété, le sbire, qui s'arrête à son tour, entre le Verona (Vérone = Renaissance) Restaurant et un panneau Stop sur lequel est inscrit en graffiti CMB - "Stop CMB", une inversion pour Bohemian Club, le M pour le Moloch qui coiffe leur hibou-emblème (le même M qui fait office de masque de Ziegler, d'ailleurs). N'en jetez plus ! A moins que ce ne soit "STOP VERONA", puisque les mots sont sur la même ligne et de la même taille, signé CMB. La coupe est pleine. La lumière est en face, toutes les fenêtres sont allumées à Vérone.
Bon, voilà. il faut choisir. C'est dur, bien qu'évident. On refuse le chaos, alors il n'y aura pas d'étoile qui danse.