30 août 2010
Ayons le courage de critiquer et corriger nos aînés en Afrique
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Commentaire sur facebook
Même Cheikh Anta Diop n´est pas infaillible !
Là vous m´avez bien déçu, cher @ Upahotep Kajor; je m´attendais de votre part de plus d´autocritique...et surtout de dépassement du discours de Cheikh Anta Diop...que j´ai lu il y a trente ans ! Le problème avec les écrits, c´est qu´ils sont statiques, même la Bible, le Coran ou n´importe quelle constitution. C´est pourquoi les gens réellement intelligents réécrivent et rediscutent ces écrits.
Pour le cas de Cheikh Anta Diop que j´admire, ce que je lui reproche, c´est son manque d´économisme criant ! Vous relevez ici ses trois facteurs: historique, linguistique, psychologique...Où est donc resté l´économie et la production et où est resté la promotion intellectuelle, la science et la technologie ? Tout cela tombe-t-il du ciel ? Comprenez-moi bien: je suis sûr que Cheikh Anta Diop y a pensé; seulement, à mon sens il a bien oublié d´y apporter un accent particulier ! Or ce sont ces derniers facteurs qui déterminent la quintessence réelle d´une culture, son avenir et sa vitalité créative ! Ce défaut, tous les africains le font...ou alors ils croient que ces facteurs sont entendus ou évidents dans une culture. Ce n´est absolument pas vrai. Voyez-vous, mon ami, quand on fait des prétentions de soi aussi engagées pour notre continent que les vôtres, la moindre des choses est qu´on fasse montre du détail le plus méticuleux et le plus averti qui soit, pourquoi ?
Parce qu´au regard justement du passé des pyramides, des Bâtons d´Ishango, des reines de Méroé, d´empires glorieux qui ont vu le jour en Afrique et disparu cependant en ne laissant derrière eux que pierres froides et sable du désert ; devant notre perte de technicité et de savoir-faire qui nous a valu l´esclavage, la colonisation de tous les envahisseurs de nos terres, nous sommes bien en droit de nous demander pourquoi nous sommes tombés si bas ? Et si nous avons fait des erreurs, quelles étaient-elles et comment peut-on aujourd´hui y remédier et retrouver notre créativité et notre ingéniosité d´antan et bien mieux encore ? Car, ceci soit dit, le monde d´aujourd´hui est encore plus criminel qu´hier car plus compétitif, faux et sournois.
A propos de votre facteur psychologique, je me permets de dire ceci: il n´y a pas meilleur argument psychologique qu´une économie qui fonctionne et nourrit les rêves et les attentes de ses enfants d´espoir et de meilleur avenir ! Par contre, je me demande ce que ferait et vaudrait votre cure de psychologie dans la pauvreté et la misère ? Et précisément si au lieu d´investir dans l´avenir de leurs propres enfants, les élites africaines faisaient comme actuellement de jeter l´argent par la fenêtre et consommer étrangers ? Vous sous-estimez l´économie, mon ami et c´est dangereux, bien dangereux parce que vous ne me donnez pas l´air d´avoir compris ce qui fait la force réelle ou la puissance d´une culture.
A propos de votre facteur linguistique je vous donne cette blague belge sur le bilinguisme pour vous détendre: deux sociétés de production s´installent à bruxelles. L´une affiche à sa porte: ici on parle français; l´autre affiche le lendemain: ici on ne parle pas, on travaille ! Vous comprendrez certainement que j´aime la deuxième version de cette blague, n´est-ce pas…
Musengeshi Katata
"Muntu wa Bantu, Bantu wa Muntu"
Forum Réalisance