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Cancer un p’tit verre ?

Publié le 27 août 2010 par Fouettard

Cancer un p’tit verre ?

(Dessin certifié « Réalisé et publié bourré ».)

En allant voir le film de Bertrand Blier, Le Bruit des glaçons, je recherchais dans les coins touffus de ma mémoire cette citation de Pierre Desproges sur son cancer que j’aime tant (la citation, hein, pas le cancer de Desproges !). « Moi ce n’est pas un cancer, c’est Alzheimer qui me guette… », me disais-je chemin faisant.
Ne l’ayant pas retrouvée, j’ai attendu mon retour à la maison pour solliciter l’aide de Gougeûle-mon-ami. Et je suis tombé sur celle-ci, de William Heneage, qui m’a jeté dans les affres de la perplexitude :

« L’homme heureux n’attrape jamais le cancer. »

Merdalors. Les enfants, je suis foutu.
Pourtant le film de Blier devrait me rassurer. Un cancer, ce n’est quand même pas si terrible. Tenez, celui de Charles (Jean Dujardin), par exemple. Il porte un costume trois pièces, il vient vous dire bonjour, se présenter. Il est tout-à-fait fréquentable, comme cancer je veux dire. Personnellement, j’adorerais pouvoir discuter avec mon cancer, pour peu qu’il ait de la tenue, de l’humour et de la culture.
Tiens, d’ailleurs, à ce sujet, ma fille devait initialement naître sous le signe du cancer, ce qui me réjouissait beaucoup. J’entrevoyais déjà le bonheur simple de pouvoir dire plus tard : « Je vais chercher mon cancer à l’école », « Mon cancer a encore fugué » ou « Mon cancer passe son temps à jouer avec son téléphone portable ». Mais non. Ma fille ayant hérité de je-ne-sais-qui un abominable sens de la contradiction, elle est arrivée bien en avance, sous le signe inutile des gémeaux. C’est vrai, quoi : « Ce soir, je ne peux pas, je garde mon gémeau », c’est ridicule, ça ne le fait pas, il faut bien l’admettre. Je la priverai d’internet jusqu’à ses dix-huit ans, tiens, pour la peine.

Mais revenons-en au film. Si j’étais le dernier des faux-culs, je dirais que c’est un film courageux, qui aborde avec ironie le sujet de la maladie tout en parlant essentiellement d’amour, et qui a le bon goût de réunir le duo de DuDu (DUjardin et DUpontel) qui avait déjà fait des prouesses dans Le Convoyeur.
Voilà, voilà…
Seulement je ne sais pas mentir. Alors en fait, Le Bruit des glaçons est assez génial sur ses trente premières minutes (jusqu’au départ d’Evguenia) puis devient chiant à mourir. On se traîne jusqu’à la fin, un peu lourde à force de vouloir laisser une place à l’espoir. Bref, regardez la bande-annonce, elle se suffit à elle-même et contient les meilleurs morceaux du film, à l’exception de cette excellente réplique de Dujardin : « J’ai toujours été fragile. C’est pour ça que je suis devenu écrivain, et alcoolique, mais je ne sais plus dans quel ordre. »
Mon enthousiasme a donc fait comme les glaçons : il a fondu au fil de la séance. Dommage.

Par ailleurs, ce film devrait être dénoncé et conspué par les ligues de lutte contre l’alcoolisme, parce qu’à force de voir les DuDu vider des bouteilles, en sortant je me suis précipité dans la première supérette venue pour m’acheter une bouteille de blanc. C’est malin.

Je ne finirai quand même pas sans vous donner la citation de Desproges que je cherchais :

« Il y a si longtemps maintenant que j’attends mon cancer : je ne vais quand même pas partir sans lui… »

J’adore. Plus drôle que ça, tumeur.

Cancer un p’tit verre ?

(Seau d’hommes)
(Dujardin a l’air comblé)



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