Après les annonces odieuses de Nicolas Sarkozy dont l'objectif était de faire démanteler plus de 300 camps ou squats, ce sont plus de 850 personnes qui ont été reconduites à la frontière après avoir été expulsées dans des conditions indignes d'un pays reconnu comme celui de la patrie des Droits de l'Homme.
Rappelons que les Rroms roumains ou bulgares, citoyens européens depuis 2007, et qui représentent en France une population d'environ 15 000 personnes (dont 40 % d'enfants), ne bénéficient pas des “droits communs” (accordés aux étrangers), comme le droit au travail, le logement et la protection sociale, puisqu'ils demeurent soumis à des “mesures transitoires” jusqu'en 2014 (voire plus). De ce fait il leur est impossible de travailler. Contradictoirement, on exige de leur part des revenus suffisants sous menace d'expulsion.
Ces personnes qui fuient la misère et la stigmatisation qu'elles subissent dans leurs pays d'origine, sont fragilisées par la crise économique, et les expulsions souvent “musclées” qui accentuent leur précarité. Leur retour, dit “volontaire” alors qu'ils n'ont pas le choix, est accompagné d'une somme dérisoire qui en outre, ne les empêche nullement de revenir en France.
Romeurope (dont notre Mouvement fait partie), qui a remis ce jour son rapport annuel concernant l'année 2009, déplore l'énorme gaspillage humain de ces expulsions qui mettent un terme à toutes les actions de ses organisations membres, en direction de la santé, de la scolarisation et de l'insertion des familles et a établi des propositions constructives en ce sens.
Mais le gouvernement ne s'arrête pas là. Pour justifier sa politique “sécuritaire”, Brice Hortefeux a publié hier des chiffres de la délinquance sur la “population roumaine..” qui ressortent du profilage ethnique. Cette pratique a été dénoncée par la Ligue des Droits de l'Homme. A ce propos il faut noter :
- l'amalgame entre Rroms et Roumains
- l'absence de précisions quant à la nature des infractions :
il y a une grande différence entre une occupation de terrain illicite et un cambriolage
- qu'en publiant des statistiques “ethniques” le Ministre se met en dehors de la législation
- qu'enfin, même si ces statistiques s'avéraient exactes, cela ne justifierait en rien la punition collective infligée aux Rroms.
Comment peut-on bâtir une stratégie sécuritaire sur une communauté démographiquement dérisoire en espérant donner le sentiment que l'on repousse un envahisseur ?
Heureusement des voix s'élèvent, du sommet de l'Eglise au curé de campagne.. A l'échelon international, des organismes comme l'ECRI, l'ONU, et d'autres organisations européennes dénoncent l'action de la France. Des députés de la majorité gouvernementale font connaître leur désaccord. Même des syndicats de policiers émettent des doutes quant à l'efficacité de ces mesures, et les sondages viennent au secours des Rroms puisqu'ils démentent ce que ce gouvernement avait tenté d'imprimer dans les têtes des Français (en effet le lendemain de l'annonce gouvernementale on nous disait que plus de 80 % des français souhaitaient ces expulsions) un sondage du CSA daté d'aujourd'hui nous apprend que 48 % des français les approuvent et 42 % les désapprouvent.
Notre mouvement refuse cette surenchère populiste et raciste, nous exigeons l'arrêt des expulsions, nous exigeons pour les Rroms de Roumanie et de Bulgarie, l'accès aux droits communs des étrangers et qu'il soit mis fin le plus rapidement possible aux mesures transitoires, afin qu'ils puissent vivre dignement et s'inscrive parmi les acteurs de notre société.
Paris, le 1er septembre 2010.
Créé par secretariat
Dernière modification 2010-09-01 11:37 AM
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