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Mère poule, la suite

Publié le 31 août 2010 par Mamantoutecroche

Je vous raconte ce qui est arrivé à Grande puce et qui m'a légèrement traumatisé... J'en ai encore des frissons cinq ans et demie plus tard.

J'avais recommencé l'école depuis peut être un mois, maximum. Grande puce se faisait garder, chez moi, par une femme fantastique avec les enfants. Parfois, même si mon cours ne commencait qu'à midi, j'étais au Cégep plus tôt pour pouvoir étudier. Afin que ma gardienne puisse me joindre en cas de besoin, je m'étais procuré un téléavertisseur. Nous nous étions fait un code. Si elle inscrivait mon numéro de téléphone, ce n'était pas urgent du tout et je pouvais attendre la fin de mon cours. Si elle inscrivait un 911, ca voulait dire qu'il me fallait sortir du cours, mais ne pas m'inquièter. S'il y avait plus d'un 911, l'urgence était proportionnelle à la quantité de 911.

Ce matin là, il a sonné pour la première fois... Et il y avait au moins quatre 911. J'ai capoté. Complètement. Du moment ou mon téléavertisseur a sonné au moment ou j'ai atteint le téléphone public le plus près, j'ai été envahis d'une quantités incroyables d'images tous plus morbides les unes que les autres. J'imaginais mon bébé en sang, inconsciente, étouffée, étranglée, assomée... Je perdais complètement les pédales. Quand j'ai finalement su ce qui se passait, j'ai respiré un peu. Elle avait avalé une ou deux pilules tombés de la bourse de la gardienne. C'était grave mais moins dramatique que les scénarios horribles qui m'avaient traversés l'esprit durant les dernières secondes.

À l'hôpital, ils voulaient trouer le ventre de ma fille pour lui faire un lavement. Ils étaient persuadés qu'un bébé de cet âge n'avalerait pas, de son gré, l'appétissant charbon utilisé dans ce genre de situation. Étrangement, alors que je n'avais à peu près de caractère à cet époque, j'ai déniché au fond de moi quelque chose qui ressemble à ça, je les ai carrément foutu à la porte de la salle et j'ai réussi, calmement, à faire comprendre à Grande puce qu'elle devait ABSOLUMENT l'avaler. Et elle l'a fait.

À partir de ce jour, j'ai été longtemps à me demander ce qui se serait produit si je n'avais pu être jointe. On aurait troué ma fille. Elle aurait été sauvé, mais troué. Et c'est là que j'ai développé une anxiété assez intense à l'idée d'être séparé de mes enfants et non rejoignable. Ca fait deux ans que j'y arrive, mais c'est encore difficile. J'ai aussi été environ un an à avoir peur dès que je n'avais pas ma fille et que mon téléavertisseur sonnait. J'en tremblais.

J'ai appris à lâcher prise petit à petit, un jour à la fois. J'ai encore un fond d'anxiété qui dort en moi et se réveille quand je suis fatigué ou stressé, mais rien n'est comparable à l'année qui a suivi cet incident. Et j'en suis même à me demander si oui ou non je suis mère poule, j'imagine donc que je me suis amélioré!


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