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Brevet Histoire des Arts

Publié le 07 mai 2010 par Lironjeremy
Pour vos révisions du week-end. Un aperçu indicatif des méthodes d'analyse et de présentation des œuvres pour l'épreuve. Bien sûr ce n'est qu'une esquisse que vous pourrez compléter vous-mêmes par vos recherches.
1. Joseph Beuys, un artiste chamane.

Joseph Beuys, artiste allemand né en 1921 et mort en 1986. Il a élaboré une œuvre riche, très engagée politiquement, mêlant mythologie personnelle et questionnements autour de l’humanisme, de l’écologie et de la sociologie.

Œuvre proposée : I like america and america like me, action de l’artiste, l’artiste, couverture de feutre, canne, coyote 1974, New York.

Joseph Beuys- I like america and america likes me from zazie on Vimeo.

Nature du doc.

Sur la légende, il est noté « action ». Il ne s’agit donc ni d’une œuvre picturale, graphique, photographique, ni d’une sculpture, mais véritablement, d’un événement (event), action artistique parfois nommé performance. Beuys évoque son travail entant que « sculpture sociale ». La photographie fournie est extraite d’un court film témoignant de l’action, c'est donc un document et non une oeuvre elle-même.

Caractéristiques physiques de l’œuvre

Lors de cette action à la galerie René Block à New York, l’artiste, après avoir été débarqué de l’aéroport sera transporté en ambulance jusqu’à la galerie où il cohabitera trois jours dans l’espace d’exposition avec un coyote. Il aura, pour se protéger des éventuelles attaques de l’animal, sa canne, qui, avec son habituel chapeau, constitue son « costume » d’artiste, mais surtout une couverture de feutre.

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Sujet

L’œuvre I like america and america like me est une oeuvre politique. Les Etats-Unis sont considérés par Joseph Beuys comme le lieu de l’antagonisme entre Nature et Technologie, Nature et Culture, Art et Science. Le fait d’être transporté en ambulance jusqu’à la galerie est pour lui une manière de dire que l’homme aujourd’hui, du fait de cette antagonisme, est un homme blessé. Cohabitant trois jour, homme et animal vont s’habituer l’un à l’autre, apprendre à vivre ensemble, s’apprivoiser réciproquement. Par cette action, l’artiste signifie sa volonté de guérir de cette blessure. On peut noter que le coyote symbolise la nature primitive américaine et que Beuys invite ainsi dans la galerie, qui est un lieu de la culture et del’artificiel, la Nature, l’animal, le sauvage en volonté de réconciliation.

Effets plastiques

Le feutre qu’utilise Beuys est un matériau chargé de sens. Utilisé dans nombreuses de ses œuvres, il fait référence à une expérience qui fonde la mythologie de l’artiste. Le feutre et la graisse font référence à son accident d'avion pendant la guerre en 1943 : pilote de la Luftwaffe sur le front russe pendant la Seconde Guerre mondiale, il s’écrase en Crimée. Ce moment est pour lui celui de l’instauration de sa légende personnelle : il semblerait qu’une patrouille allemande l’ait retrouvé et emmené à l’hôpital, mais Beuys raconta que, recueilli par des nomades tatares qui l’avaient nourri de miel, il était revenu à la vie, recouvert de graisse et enroulé dans des couvertures de feutre afin de soigner ses blessures.

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Contexte

L’œuvre date de 1974. En cette période de tension entre les deux blocs que sont les USA et les pays de l’Est, animés par des idéologies différentes, le discours écologique de Beuys se double d’une volonté de réconciliation. Beuys est un romantique qui rejette les idéologies collectives que ce soit communisme ou capitalisme, il souhaite inviter les individus à trouver des solutions dans un « processus social créatif ». Beuys était affilié au mouvement Fluxus, mouvement créé dans les années 60 dont l’ambition était de fusionner l’art et la vie.

On peut rapprocher cette œuvre d’autres œuvres qui témoignent d’une volonté politique, qui mettent en jeu le corps, ou qui se matérialisent sous la forme d’actions.

2. Fernand Léger et la modernité.
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Fernand Léger est un peintre français né en 1881 et mort en 1955. Engagé très tôt aux côté des avant-gardes modernes et notamment du cubisme, inventé dans les années 1910 par Braque et Picasso d’après les leçons de Cézanne, il développera un style personnel qualifié d’abord de tubisme (ces premiers tableaux donnent l'impression d'être faits de tubes et tuyaux) avant que celui-ci évolue progressivement pour aboutir à ces silhouettes charpentées et cernées qu’on lui connait. Fasciné par la modernité, il célèbrera la machine et la vie urbaine dans de nombreux tableaux.

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Nature du doc.

Il s’agit d’un tableau.

Caractéristiques physiques de l’œuvre

La partie de campagne, réalisée par Fernand Léger en 1954 est une peinture à l’huile sur toile de grand format (245x301cm).

L’œuvre de Fernand Léger représente un groupe de personnages dans un paysage assis et étendus ou encore oeuvrant sur une voiture. Le dessin des personnages et divers éléments du tableau est très marqué par un cerné noir qui peut évoquer l’illustration ou la gravure sur bois dont le primitivisme expressif a été récemment redécouvert par les avant-gardes alors que les couleurs curieusement, et contrairement à ce que l’on pourrait attendre, ne correspondent pas aux contours du dessin, mais traversent la toile de manière autonome en de grande formes géométriques. Noter que ces couleurs sont pures et assez peu naturalistes ce qui les rapprochent d’autres artistes et courants artistiques modernes comme le purisme, le rationalisme (voir Le Corbusier) ou encore le néoplasticisme (voir Mondrian).

Sujet

La « partie de campagne » est un thème qui a été abordé par de nombreux artistes au début du XXème siècle. Par des photographes comme Doisneau ou Cartier-Bresson, mais aussi par le cinéaste Jean Renoir, fils du peintre, réinterprétant la nouvelle éponyme de Maupassant. Léger à d’ailleurs abordé lui-même le thème à plusieurs reprises, réalisant une dizaine de toiles et de nombreuses études qui portent ce titre auxquels on peut ajouter d’autres œuvres traitant des loisirs et du monde ouvrier. Le thème en est simple : celui des loisirs et des congés que le Front Populaire, a transformé en un événement social majeur. Les images que l’artiste nous donne à voir sont largement inspirées de ce qu’il peut lui-même voir chaque fin de semaine : le départ hebdomadaire de ces familles qui, comme en un rituel, partent pour la campagne s’adonner au plaisir du farniente ou de la rencontre le long des berges de la Seine ou de la Marne. La peinture de Léger est une peinture populaire qui veut célébrer de façon directe la simplicité de la vie quotidienne faite de travail et de loisirs.

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Effets plastiques

Plus qu’une scène naturaliste, croquée sur le vif, la peinture de Léger témoigne d’une certaine élaboration. Les études des éléments du paysage, du groupement des personnages que l’on peut trouver montrent en effet avec quelle précision l’artiste « monte » sa composition, pour réussir au-delà de la simple scène champêtre à raconter avec justesse l’humanité fraternelle et vraie dont il rêve. Chaque élément du tableau prend valeur de signe symbolisant le progrès technique (la voiture) et l’accession à ces derniers par les classes moyennes, et les loisirs (personnages allongés, paisibles, chien couché). Le décor champêtre perd de sa profondeur pour ordonner une allégorie plane aux dimensions monumentales qui évoque l’art de la fresque et les désirs partagés par de nombreux artistes modernes de faire cohabiter art et architecture et plus largement l’art et l’industrie (voir Bauhaus). De plus, en disjoignant ou désassociant le dessin de la couleur, le peintre introduit une manière de désordre visuel qui mêle figuration et abstraction. La superposition décalée du dessin et des plages colorées permet à l’artiste de donner à ses peintures une véritable dynamique et de conférer à l’attitude de ses personnages une souplesse nouvelle. On a dit de Léger qu’il était le peintre du contraste, contrastes de formes et de couleurs, contraste entre le dessin souple des figures et la géométrie colorée, contraste qui est à l’image de la réalité complexe et chaotique qu’il vit.

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Contexte

La peinture de Léger prend forme dans une période de l’histoire où se mêlent foi en le progrès pour certains, mêlée à une certaine fascination pour la machine ou la vitesse (voir les futuristes), et dégout de ce qui a amené l’humanité à se déchirer en deux guerre successives (voir dadaïsme, nouvelle objectivité). Elle s’enracine dans la dynamique aventureuse des avant-gardes et synthétise ces désirs tout à la fois de faire table rase du passé, de détruire (Léger dira à propos de l’abstraction : « une nécessité de l’art contemporain : repartir à zéro ») et de construire un monde nouveau, libéré de l’histoire, résolument tourné vers l’avenir. De même, elle reste hantée par cette période de l’entre-deux-guerres et du Front Populaire en laquelle devait se réaliser les principales avancées sociales dont l’après guerre et la croissance que connaitra le pays durant les 30 glorieuses raviveront le souvenir.

3. Otto Dix, peintre de la guerre.
Otto Dix, né en 1891 et mort en 1969 est, avec Georg Groz et Max Beckman, un des principaux représentants de la Nouvelle Objectivité (Neue Sachlichkeit), mouvement artistique apparu dans les années 20 caractérisé par une volonté de représenter le réel sans fard, jusque dans ce qu’il a de plus sordide. « Entre jugement et constat », il s’agit pour ces artistes de tendre à la société malsaine et corrompue de l'après-guerre un miroir. Son style, très graphique et mouvementé, agressif et relevé par une palette de couleurs acides et froides, lui permet de décrire son époque avec la cruauté qui lui rend justice.

Nature du doc.

Il s’agit d’un tableau

Caractéristique physique de l’œuvre

La rue de Prague (Prager Strasse) est une peinture à l’huile associée de collage réalisée en 1920 mesurant 101x 81cm.

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Sujet

Fortement marqué par la guerre et les tranchées, l’artiste a représenté dans son œuvre des « gueules cassées », hommes diminués, porteurs de prothèses mécaniques, de cicatrices hideuses, de greffes. Un monde grotesque d'anciens combattants pour les uns réduits à mendier, les autres exhibant leurs blessures comme autant de preuves de leur bravoure guerrière. Dans La rue de Prague, leurs infirmités se trouvent accentuées par la proximité d'une femme en robe rose moulante et talons compensés qui joue le contraste. La vitrine contient des perruques, des corsets et des prothèses. Une main de bois tient une canne. La peinture oscille entre une précision neutre et des déformations satiriques. Elle n'est pas exempte non plus d'allusions politiques. Près du cul-de-jatte au buste monté sur une planche à roulettes, Dix a collé un tract ou une affichette, qui porte en titre Juden raus ! - Dehors les Juifs. Les ligues d'anciens combattants étaient en effet très sensibles à la propagande ultra-nationaliste, dont l'antisémitisme fut une des composantes très tôt, avant que le nazisme n'en fasse l'un de ses dogmes. Aussi peut-on voir dans l'oeuvre, tout à la fois, une analyse de la société allemande de la défaite et une préfiguration de ce qu'elle devint dans l'entre-deux-guerres.

Effets plastiques

La scène que dépeint Otto Dix est cadrée serrée, oblique, ce qui crée une impression de confusion et de déséquilibre. Les éléments nombreux font du tableau une sorte de catalogue chaotique dont l’enchevêtrement est à l’image de la folie du monde. Les couleurs sont crues, le dessin relève de la caricature. Les prothèses en vitrine font écho a l’allure fragmentée, désarticulée des personnages. Le mélange de représentation picturale et de collage évoque les recherches cubistes de Braque et Picasso (les 1ers « papiers collés » de Picasso datent de 1912), mais également les collages critiques dadaïstes dont l’humour, la dérision, l’ironie, le grotesque et la vigueur dévastatrice qualifient aussi bien les tableaux de Dix.

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Contexte

Otto Dix, comme Georg Grosz ont tout deux connu le front, engagés volontaires, fascinés par le spectacle et l’inouï que constitue l’expérience de la guerre, ils n’en sont pas moins marqué par ses terribles violences. Les cauchemars qui le hantent et les mutilés de guerre lui ont inspiré un cycle de quatre tableaux dont la rue de Prague, Invalides jouant aux cartes ou encore le marchand d’allumettes font partie. On peut y voir à la fois un constat des effets de la guerre sur l’homme et sur la société allemande de l’époque en particulier, mais aussi une critique amère de cette société allemande de Weimar incapable de produire ce surhomme animé d’une volonté de puissance singulière dont Nietzsche a fait l’apologie et dont le fantasme a nourri la génération de jeunes hommes à laquelle Otto Dix appartient.

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"C'est que la guerre est quelque chose de bestial : la faim, les poux, la boue, tous ces bruits déments. C'est que c'est tout autre chose. Tenez, avant mes premiers tableaux, j'ai eu l'impression que tout un aspect de la réalité n'avait pas encore été peint : l'aspect hideux. La guerre, c'était une chose horrible, et pourtant sublime. Il me fallait y être à tous prix. Il faut avoir vu l'homme dans cet état déchaîné pour le connaître un peu."

bien entendu vous pouvez augmenter ces présentations de quelques anecdotes choisies et autres petits détails croustillants qui régaleront les membres du jury. Travaillez bien et bonne chance.

JL


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